Voici le deuxième article ! Après s’être intéressés aux profils de parents qui décident de scolariser leurs enfants hors des murs traditionnels, nous traiterons ici de leur rapport à l’école. Pauline Proboeuf, dont le travail nous sert de fil conducteur, observe trois rapports différents à l’école :
- Un rapport de confiance contrôlée
- Une posture de co-éducation
- Un rapport de méfiance
Les parents qui entretiennent un rapport de confiance contrôlée vont privilégier une scolarité alternative relativement brève pour leur enfant (18 mois en général). Cette catégorie de personnes englobe tant des individus qui ont eu de la facilité à l’école que des difficultés. Pour ces parents et comme l’affirme Pauline Proboeuf (2021) « Le choix d’une école alternative n’est alors pas motivé par un désir d’expérimenter une éducation et une instruction alternatives qui soient en phase avec les valeurs éducatives des parents, mais bien plutôt comme la dernière solution, l’école « refuge » (Ballion, 1982), aussi appelé « l’école de la dernière chance » (Legavre & Haag, 2019). » (p. 190).
Toujours dans un rapport de confiance mais dans une posture co-éducative, nous retrouvons des parents soucieux de co-construire l’éducation de leurs enfants en collaboration avec les professionnels de l’enseignement. Pour eux, il s’agit de trouver une institution dans laquelle ils se perçoivent comme davantage investis dans la mission d’enseignement et d’éducation de leur enfant.
Puis, il existe ces parents qui entretiennent un rapport de méfiance à l’institution. Tout d’abord, évoquons ces personnes pour qui « la façon de penser qu’inculque l’école aux enfants » dérange. Il s’agit ici des valeurs qui peuvent diverger entre l’école et les parents ; ces derniers reprochant un manque d’ouverture ou encore un format trop rigide. Par exemple, l’école traditionnelle, aux yeux de ces parents, ne prôneraient pas assez l’empathie ou encore la solidarité. A cheval sur les valeurs et l’apprentissage, certains parents critiquent les contenus enseignés notamment en histoire, sciences de la nature : les éléments enseignés entrent en conflit avec les croyances de certains individus.
Pour d’autres parents, ce sentiment de méfiance est davantage lié à la façon dont l’école permet l’apprentissage. Pour ces individus, l’école n’adopte pas les meilleures stratégies pour permettre un apprentissage efficace. En s’informant par divers canaux, ces parents critiquent la forme scolaire, à l’image de cet extrait d’une interviewée qui évoque d’autres modèles éducatifs :
« A partir de ma troisième année de fac, j’ai découvert autre chose… Un autre modèle éducatif, parce que les Québécois n’ont pas la même relation à leurs profs, à leur confiance, enfin, à ce qu’ils font, l’approche par projet pour apprendre… Enfin, je trouve que nous, on apprend… En tout cas, en fac, j’apprenais vraiment très bêtement. » (Proboeuf, 2021, p.199).
Bien sûr, cette catégorie de parents méfiants regroupe aussi des individus qui remettent en question la légitimité de la notation. Au lieu d’évaluer réellement le niveau des élèves, le cadre serait posé en fonction d’éléments normatifs qui ne correspondent pas nécessairement au développement de l’enfant. Retirer son enfant de l’école permettrait ainsi de lui offrir un cadre qui respecterait davantage son développement.
La perception et la motivation à proposer une école différente que celle que connaisse la majorité des enfants sont extrêmement diverses. Il en va d’un conflit entre les valeurs familiales et celles défendues par l’école à une critique des méthodes d’apprentissage en place. Par ailleurs, il ne faut pas omettre de mentionner que certains parents retirent leurs enfants de façon provisoire avant de les réintégrer dans le système traditionnel. Cette stratégie, à leurs yeux, permet un meilleur développement de l’enfant durant une certaine période de vie. Et c’est précisément le dernier sujet qui va nous occuper dans deux semaines : les visées pour l’enfant seront au cœur du troisième article.
Je rêve que votre prochaine page tourne autour des questions: quelle est la meilleure attitude pour les parents parmi ces trois? et comment les enseignants ainsi que le système peuvent la faire évoluer?
-Rapport de méfiance: tous les enseignants ne sont pas parfaits parfois simplement à cause de leur manque d’expérience, maladie, désir de se défendre (les parents veulent le meilleur pour leurs enfants, c’est respectable mais vite facho). On trouve parmi ce type de parents un bonne part de ceux qui ont mal vécu leur école.
-Posture de co-éducation: semble évoquer une forme d’insuffisance, de dissimulation (posture!), pas simple pour les parents qui doivent fixer les limites pour ne pas assommer leurs enfants, ne pas énerver l’enseignant, connaître les programmes, avoir un certain niveau, avoir du temps. Et pourtant cela me plaît car semble être le contraire de la démission, est peut-être l’attitude qui forme les gens qui réussissent. Ai-je bien compris?
-Rapport de confiance contrôlée: là-aussi difficile et embêtant. Contrôler l’enseignant: il faut en être véritablement, réellement capable (enseigner est un métier et demande de l’expérience quelles que soient vos protestations de jeune surdoué, la qualité de l’attitude!), le faire avec doigté et respect… et méfiance à l’égard de soi-même, de l’apprenant, de l’enseignant. Être solide. Rare! Pas confortable! Vous me voyez obligé de vous souhaiter beaucoup de courage mais si vous réussissez vous ferez avancer le schmilblick.
Pour moi, je faisais des programmes pour permettre l’autocorrection parce que le travail d’enseigner est crevant donc détruit la patience du prof. Mais les Américains m’ont tuer (suppression de Flash, de l’instruction javascript parent…)