Le massacre à Orlando d’un club d’homosexuels par un fanatique religieux n’est pas étonnant. De longue date et dans toutes les cultures, la persécution des homosexuels a été liée à l’intégrisme religieux, transcrit dans des lois pénales. En France sous l’Ancien Régime, la sodomie était considérée comme un crime méritant la peine de mort et la détestation de l’homosexualité était même le fait d’un esprit aussi libéral que Voltaire. Sous le régime nazi, 75000 homosexuels allemands moururent dans les camps. En Angleterre, Oscar Wilde fut condamné à deux ans de travaux forcés pour une relation homosexuelle avec un adulte, en 1895 encore. Et plus proche de nous, en 1952, Alan Turing, mathématicien anglais de génie, précurseur de l’informatique, déchiffreur du code allemand durant la seconde guerre, fut castré chimiquement ; en conséquence il se suicida deux ans plus tard mais reçut, tout de même, soixante ans plus tard, une bien veillante réhabilitation de la part d’Elisabeth II.
Actuellement, l’Eglise catholique dans son catéchisme ne condamne plus la tendance homosexuelle, en reconnaissant enfin que ce n’est pas un choix, (ce qu’un François Hollande n’a pas encore compris !), mais l’expression d’une nature innée ou acquise par le milieu. En revanche, elle condamne toujours le passage à l’acte et invite les intéressés à vivre dans la chasteté de façon plutôt irréaliste. Les Eglises réformées et anglicane vont jusqu’à ordonner des ministres et bénir des unions homosexuelles. Il y a donc une évolution sensible mais lente. Et des intégristes de toute culture peuvent toujours passer au meurtre de masse en se croyant tenu de le faire dans un acte de piété.
Quelle est donc la relation entre la foi et l’homophobie ? Pourquoi cède-t-elle du terrain face à la laïcité ? Et surtout de quelle foi s’agit-il ? Passons sur les condamnations incluses dans les textes fondateurs, qui datent de plusieurs siècles, qui furent rédigés pour des sociétés totalement différentes mais qui sont encore parfois considérées comme l’expression d’une révélation divine, jusqu’à la moindre phrase. Dans une société traditionnelle, où pouvoir et religion sont intimement liés, l’homosexualité est considérée comme contre nature. Ce qui veut dire que la foi ne s’adresse pas à Dieu mais à une Nature déifiée.
Or, la nature d’un homme est inscrite dans son ADN. Celui-ci résulte de la fusion aléatoire de deux génomes. Dans cette loterie, il est déjà remarquable que la majorité des natures individuelles soient hétérosexuelles, parce que cela assure la perpétuation de l’espèce, et que l’homosexualité ne puisse donc pas se propager par hérédité. Mais dans ce tirage aléatoire certains individus font partie d’une minorité, sans l’avoir choisie, par le fait même du hasard de la fusion de deux ADN. Il en résulte inévitablement que, même pour un croyant, l’homosexualité doit faire partie de la création divine.
La persécution ancienne et contemporaine de l’homosexualité repose donc sur une ignorance totale des mécanismes de la reproduction et sur une image faussée de la foi religieuse. Cela invite à renforcer les cours de biologie dans l’enseignement obligatoire et dans les facultés de théologie.