On vient d’apprendre que le Danemark, pays hautement civilisé, confisque les biens des réfugiés pour financer leur entretien.
Il faut essayer de réaliser ce que cela signifie. Des familles arrivent à bout de forces et de ressources vers ce qu’elles espèrent être un refuge. Elles ont perdu tous leurs biens par suite de la guerre en Irak ou en Syrie. Elles ont fui en emportant le peu qui leur restait, de l’argent et des bijoux. Elles ont été spoliées par les passeurs. Elles ont traversé la Méditerranée en risquant leur vie. Elles ont traversé à pied les Balkans sous la pluie et la neige, franchi des barbelés hongrois ou slovènes puis payé le train jusqu’à la frontière danoise depuis Vienne. Ils leur reste à subir l’ultime rapine, celle du peu qui leur reste, y compris les souvenirs de famille. C’est le vol légal par un Etat de droit. L’histoire ne dit pas si on leur laisse au moins les alliances ou les bagues de fiançailles. Elle ne dit pas davantage si on les fouille pour découvrir si elles ne cachent pas des valeurs dans les slips.
Toutes les instances internationales ont stigmatisé ce banditisme d’Etat. La réputation humanitaire des pays scandinaves en a pris un bon coup. Et puis, par hasard, on apprend que c’est aussi la pratique en Suisse depuis plusieurs années. Personne ne s’en était offusqué parce que personne n’était au courant. Peut-être que même le Conseil fédéral ne l’était pas. Peut-être fut-ce une initiative de l’administration. En tous cas cette pratique coupable n’a pas fait l’objet d’une décision parlementaire récente, même au sein de la Commission des Affaires Extérieures. C’est le mal à l’état chimiquement pur, sans même que l’on en ait conscience.
Il y a d’autres cas de froideur helvétique. En Irak, il existe un camp de concentration ironiquement appelé Liberty. L’Etat irakien y enferme les opposants au régime iranien. Ils y sont assiégés, affamés, parfois bombardés. Depuis le début du mandat en 2013 du président Rohani, le régime iranien a fait exécuter plus de 2000 personnes. Au Camp Liberty, 76 personnes ont été tuées hors de toute légalité. Il y a deux ou trois ans, des parlementaires avaient sollicité le Conseil fédéral pour que la Suisse accepte des blessés ou des grands malades. Cette opération a été annulée, sous prétexte que ces pauvres gens étaient des terroristes potentiels, selon l’appréciation de l’administration iranienne.
Tout cela se paiera un jour. L’Histoire est coutumière de retournements ironiques et d’effets de surprise. Chacun peut devenir un réfugié, même les Suisses. Celui qui signe ce blog l’a été deux fois. Il a été recueilli, une fois en Afrique par la France, une fois en Europe par une famille belge. A l’époque, ceux qui accueillaient n’ont pas confisqué les bijoux de famille ou le contenu des portefeuilles. Autres temps, autres mœurs.