Le Conseil national s’est penché sur une grave question d’éthique par le truchement de sa commission Science Education Culture. En cause : le projet du centre suisse de compétence sur l’expérimentation animale. On le sait: des animaux par dizaine de milliers sont sacrifiés dans les laboratoires de biologie pour expérimenter des traitements médicaux destinés aux humains. Dès lors ce centre aurait eu vocation de Réduire le nombre d’animaux, de Restreindre leurs souffrances et de Remplacer les animaux vivants par des essais de biologie moléculaire, stratégie dite des trois R.
Ce projet suppose que les chercheurs sont incapables de développer spontanément une méthode qui prenne en compte ces trois R. Cela laisse entendre qu’ils sacrifient plus d’animaux que nécessaire par négligence et gaspillage, qu’ils leur infligent des souffrances disproportionnées par sadisme inné, qu’ils sont ignorants des possibilités de la biologie moléculaire. En un mot ce sont des incapables et la Confédération va y mettre bon ordre en créant un super organisme dictant leur conduite aux chercheurs ordinaires. Mais qui va-t-on mettre aux commandes de la biologie helvétique ? Quel chercheur en pleine productivité va-t-il abandonner son laboratoire pour se figer dans une bureaucratie ? La réponse à ces questions tombe sous le sens : on mettra dans ce centre de compétence des juristes, incompétents pas leur formation, et des biologistes qui ont raté leur carrière de chercheur. Si vous êtes capable de faire quoi que ce soit, faites-le ; sinon dites aux autres ce qu’il faut faire. Tel est le point de vue des humains et ce projet a été démoli dès son passage en commission. Il ne verra jamais le jour.
Mais quel est le point de vue des souris dans cette affaire, où elles sont les premières concernées et où elles n’ont pas le droit à la parole ? A Ecublens à moins d’un kilomètre de distance, il y a l’animalerie de l’EPFL et mon jardin. Les souris vivants dans le premier cadre sont assurées de recevoir chaque jour leur pitance, d’être logée dans des cages chauffées et sèches et de recevoir une mort pas anesthésie, sans souffrances. Les souris de mon jardin doivent batailler tous les jours pour trouver leur nourriture, se réfugier dans des terriers froids et humides et, surtout, finir leurs jours sous la dent des chats qui rodent dans ce terrain de chasse. Est-ce éthiquement acceptable ? Non, mille fois non ! Il faudrait donc que clôture mon jardin pour en écarter les chats, que je capture les souris vivantes et que je les euthanasie (comment ?). Cela me semble bien compliqué pour dire le moins.
Décidément la Nature semble mal faite. A vouloir la corriger sur un détail, on révèle sa cruauté. En fait les souris sont nécessaires aux chats, aux fouines, aux renards, aux blaireaux, etc. qui doivent bien manger quelque chose, tout autant que les chats sont nécessaires aux hommes dont ils protègent les récoltes. Non, la Nature n'est pas vraiment mal faite. Elle indispose seulement les écologistes. Ils ont de sérieux reproches à adresser au Créateur, dont ils soupçonnent qu'il appartient à l'extrême droite.