Madame Magdalena Martullo, fille de Christoph Blocher, s’est exprimée de façon péremptoire sur l’avenir scientifique de la Suisse. Selon elle, notre pays n’a pas un besoin vital de collaborer avec l’UE ou même le reste du monde. Nous vivrions mieux si nous nous satisfaisions de nos cimes enneigées. Au diable les chercheurs étrangers ! Intelligents et travailleurs, nous n’avons besoin de personne pour nous situer à la pointe, tout seul comme des grands. Ne sommes-nous pas un peuple élu sur une terre promise ? Le probe labeur du travailleur manuel n’est-il pas largement plus noble et rentable que les vaticinations des intellectuels ? Ah, s’il n’y avait plus d’universités, ce pays serait plus facile à conduire !
Ainsi nous passons insensiblement de la république à la monarchie, de la démocratie directe à l’autocratie d’une famille. Que sait Magdalena Martullo du monde scientifique ? Pas plus que la modeste licence en économie qu’elle a obtenue à St. Gall. Jusqu’à preuve du contraire, elle n’a jamais fait de la recherche. Mais, de droit divin ou plutôt parental, elle se prononce avec assurance sur ce dont elle ignore tout, tandis que la presse note pieusement son avis éclairé. Selon cette personne, les conséquences dommageables du 9 février pour la place scientifique sont démenties.
Mieux encore : si la Suisse perd les 450 millions de subsides annuels que lui rapportaient son insertion dans les programmes européens, ce sera l’occasion de faire le ménage dans les projets inutiles et de ne garder que ceux qui sont utiles au commerce. Le 9 février, le peuple a eu le dernier mot, contre le gouvernement, le parlement, tous les partis sauf un, la majorité des médias. L’UE a tout de suite répliqué par des mesures qui font mal. L’UDC doit nier ce mal, contester la réalité. Les déclarations de madame Martullo n’ont pas plus de poids qu’une brève de comptoir, un propos de bistrot, une réplique de poivrot.
Comme le peuple a eu le dernier mot, cela signifie qu’il a raison. Il ne doit pas justifier ses décisions, puisque tel est son bon plaisir. Et la famille régnante de conforter cette opinion publique qu’elle a forgée à coup de millions lors de la campagne.
A quand le couronnement de cette nouvelle dynastie ? A quand le parti unique et la censure de la presse ?
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