Dans sa grande miséricorde lors de la séance du 12 mars, le Conseil des Etats a condescendu au diagnostic préimplantatoire (DPI), contre une minorité conservatrice limitée à trois sénateurs, dont la charité commande de ne pas révéler les noms. Ces traditionnalistes sont partisans de laisser agir la Nature, qui n’a pas produit les maladies héréditaires sans d’excellentes raisons. Lors d’une procréation médicalement assistée (fécondation in vitro), selon eux il faut implanter un embryon choisi au hasard, plutôt que sélectionné sur la base d’un diagnostic génétique.
Le refus du DPI entraine l’implantation d’embryons qui se révéleront ultérieurement pathologiques. La loi suisse autorise alors de pratiquer un avortement. Ainsi les conservateurs sont pris à contrepied dans un enchevêtrement législatif. Ceux qui refusent le DPI ouvrent la voie à davantage d’avortements.
En fin de compte le peuple décidera, puisqu’il faut modifier l’article 119 de la Constitution, qui entre dans une foule de détails visant à restreindre la procréation médicalement assistée. Plutôt que l’Académie de Médecine ou la FMH, dont l’incompétence est avérée, ce seront les électeurs éclairés qui définiront quelles pratiques médicales sont autorisées en Suisse. Car à l’étranger ces entraves à la médecine n’existent pas. Dès lors les couples qui en ont les moyens s’y font soigner. Honte à eux. Ils tiennent à avoir des enfants en bonne santé au lieu d’accepter les handicapés.
Toute consultation populaire est aléatoire. Aussi le Conseil fédéral et le Conseil des Etats se sont entourés du maximum de précaution. Le DPI ne sera pas autorisé pour déceler à temps les cas de trisomie, qui devront être réglé plus tard par avortement. Pas question pour des parents de procréer un bébé remède dont les cellules pourraient sauver un ainé en train de mourir à petit feu. Pas question d’éviter les maladies génétiques pour lesquelles existe un traitement. Selon la formule consacrée, il n’est pas question de charger le bateau jusqu’à ce qu’il coule. En restreignant le DPI au strict minimum, peut-être le peuple daignera-t-il se faire soigner.