Mercredi passé, le Conseil fédéral a subitement découvert que l'Egypte était un pays instable où la sécurité des Suisses est menacée. Dès lors, il a proposé qu'un conseiller en sécurité issu de notre armée soit affecté à notre ambassade. En civil et non armé pour donner uniquement des conseils. La plupart des autres pays protègent leurs diplomates par des militaires ou des policiers armés. Or, la Suisse doit se plier à son mythe de la neutralité. Ses soldats doivent rester sur son territoire ou n'en sortir, en veston cravate, que suite à une décision lourde de sens prise par le parlement et le gouvernement. A ce titre la Commission de Politique extérieure a été convoquée dans l'urgence aux aurores ce mardi pour soutenir cette décision risquée du Conseil fédéral: donner des conseils de sécurité à notre ambassade au Caire, risquer un de nos militaires déguisé en civil en dehors de nos frontières.
Un parlementaire, éveillé contre son gré pour entendre ce message anodin et le soutenir par un vote allant de soi, ne peut manquer de se faire une réflexion élémentaire. Protéger nos ressortissants, à commencer par nos diplomates, semble être tellement fondamental que cela devrait être une tâche normale, de routine, effectuée par l'exécutif sans demander chaque fois une permission au législatif. Or, dans le passé notre ambassade en Irak a été protégée par des mercenaires sud africains à un prix extravagant. Les bateaux passant au large de la Somalie l'étaient par des mercenaires isaraéliens. Si bien que l'on se demande pourquoi dépenser cinq milliards par an pour entretenir une armée confinée au territoire national où la sécurité n'est pas menacée dans l'immédiat. Comme elle se prépare depuis un demi-siècle à la précédente guerre, c'est-à-dire à empêcher l'invasion du territoire par les Autrichiens ou les Français, elle n'a pas les moyens de s'occuper de ce qui se passe aujourd'hui dans un monde dangereux. La guerre a pris d'autres formes. Le Conseil fédéral commence à s'en rendre compte. On ne peut que s'en réjouir.