Débat intéressant à Infrarouge hier soir sur l'humoriste politicien Dieudonné, le mal nommé. La question qui n'a cependant jamais été posée et qui a surplombé le débat est la suivante : peut-on rire d'une catégorie d'êtres humains identifiée par le facies, la religion, le passeport, le sexe, toutes caractéristiques dont la personne n'est pas responsable? Si la réponse à cette question est négative, les plaisanteries sur les Italiens, les Arabes, les Juifs, les homosexuels, même bénignes, tombent à plat. Elles ne me font pas rire, elles me glacent.
Avant la Seconde Guerre mondiale les blagues juives couraient les rues, même dans les milieux bien-pensants, surtout dans ces milieux! Depuis on s'en garde. Le sujet a été dramatiquement épuisé. Les nazis ont démontré jusqu'où on pouvait pousser la plaisanterie. Si tous les Juifs sont prétendument rapaces, ils ne sont pas des hommes comme les autres. On peut les ranger à part. On peut expliquer la crise de 1929 par leur faute collective. On peut, non on doit, les punir. Mieux encore les exterminer car ils n'appartiennent pas au genre humain
C'est le concept universel de responsabilité collective, au nom duquel les Hutus massacrèrent les Tutsis au Rwanda, les sunnites les chiites présentement en Syrie, les musulmans les chrétiens en Centrafrique, les révolutionnaires français les aristocrates durant la Terreur. L'individu n'est plus responsable de ses éventuelles fautes. Il devient porteur d'un péché originel. C'est le principe de la vendetta corse ou sicilienne. L'individu n'existe pas : il n'y a que des ètres collectifs.
Toute plaisanterie axée sur l'appartenance à une communauté doit être considérée comme déplacée, car menant de fil en aiguille à la persécution. C'est dès le début qu'il faut lutter contre une peste. A partir d'un certain moment, c'est trop tard.
En Suisse on devrait s'occuper tout autant de Dieudonné que de la campagne contre les musulmans menée par l'UDC. Sinon on finira par les expulser sur base de leur foi religieuse. Et si nous ne réagissons pas aujourd'hui, un jour nous appartiendrons à une catégorie menacée. Le principe est simple : tous les hommes sont égaux (même les femmes), ou bien ils sont de natures différentes, ils ne sont pas vraiment humains.
Combien de fois, à la fin d'un débat politqiue, ne m'a-t-on pas jeté à la figure que mes arguments ne valaient rien puisque j'étais né Belge!