La presse de caniveau a enfin trouvé un os à ronger, un lambeau d’information complètement pourrie qui plaît au lecteur moyen, qui fait monter les tirages et qui contribue à la survie de la presse papier. Du moins c’est ce que l’on peut déduire de l’interview dans le Matin du photographe parisien qui a saisi les rencontres clandestines du président de la République française. Il n’a aucun remords, il prétend même avoir servi ce dernier.
Le lecteur moyen n’a aucun intérêt pour les véritables débats politiques, il ne s’intéresse ni au budget, ni aux affaires étrangères. Il ne comprend pas de quoi il s’agit. En revanche l’adultère fait partie de son horizon d’intérêt. Cela fait l’essentiel des bavardages avec le sport dans les bistrots de quartier. En ce sens, la presse est asservie à la réalité de la culture ambiante. Il en est de même de la télévision: elle est tenue de diffuser des émissions débiles pour recruter les naïfs qui sont influençables par la publicité qui finance le tout.
Jadis le roi avait tous les droits. Louis XIV, Giscard d’Estaing, Chirac, Sarkozy, Mitterand n’ont pas été soumis à la critique. C’est tout juste si on ne les félicitait pas pour leur forme physique, leur dynamisme mental et leur légitime appétit de tous les pouvoirs, politiques ou génésiques. Leur légitimité est confortée par leur comportement léger. Ils ne se drapaient pas dans les plis de la vertu républicaine, conjugale, abstinente, désincarnée. François Hollande est pris au piège de ses déclarations démesurées. Il voulait être un président ordinaire. Cela ne voulait rien dire.
Le comble est qu’il n’est même pas marié. Il a élevé une famille nombreuse dans les liens du concubinage affiché avec Ségolène Royal. En somme, on lui reproche d’avoir plus d’une maîtresse à la fois. On en déduit qu’il serait incapable de gérer l’Etat. Quel est le rapport ?
En Suisse, ce genre de question ne se pose même pas. Il n’y a pas de roi en Suisse.
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