Lehrplan 21: pourquoi faire simple?

Mon parti me demande de participer à une réunion pour prendre position sur le Lehrplan 21, qui est le pendant du Plan d’Etude Romand pour la partie alémanique. Ce Lehrplan est affligé de tous les maux qui résultent d’un fédéralisme mal compris.

Il existe déjà un projet Harmos qui a pour but de définir un plan d’étude unique pour la Suisse.  Pourquoi recommencer ce travail avec le PER et le Lehrplan 21 ? Ou bien c’est faire trois fois le même travail ou bien c’est aboutir à trois résultats différents. On dépensera trois fois trop de temps et d’énergie pour ne pas  atteindre vraiment le résultat visé et tellement nécessaire.

Le Lehrplan21 suit la mode actuelle en matière de pédagogie en définissant des objectifs en termes de compétences à atteindre. Mais il ne dit rien sur les connaissances à acquérir. C’est flagrant en mathématique où Harmos a décidé de ne pas rendre la trigonométrie obligatoire et de laisser le choix aux cantons. Cela ne fait pas l’affaire des EPF qui se retrouvent en première année avec des étudiants de certains cantons qui ont de graves lacunes. L’enseignement de première année doit alors pallier ces lacunes des uns en faisant perdre du temps aux autres.

Grâce à cette vaine agitation bureaucratique , juridique et pédagogique, la Suisse continuera à être mal classée dans les études PISA, avec une différence de taille : la conférence des directeurs cantonaux de l’enseignement a décidé de ne plus publier des résultats permettant de faire des distinctions entre cantons. C’est reconnaître qu’il y a des disparités et qu’elles vont continuer.

Il y a une solution mais elle est inacceptable selon les préjugés fédéralistes actuels.  La Confédération devrait être seule à élaborer un plan d’étude sans se fier à une réunion d’une vingtaine de personnes qui viennent chacune avec des demandes différentes. L’unité de vue n’est pas atteinte parce que les particularismes l’emportent.

Jacques Neirynck

Jacques Neirynck est ingénieur, ancien conseiller national PDC et député au Grand Conseil vaudois, professeur honoraire de l'École polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), d'origine belge, de nationalité française et naturalisé suisse. Il exerce la profession d'écrivain.