Dans son numéro du 23 avril, le journal Coopération se livre à une intéressante manœuvre de désinformation. Sous le titre «Il n’existe qu’une alternative à cette graisse végétale: l’huile de palme certifiée». Effectivement la réputation de l’huile de palme se détériore de plus en plus. Un lien statistique existe entre le taux d'acides gras saturés dans l'alimentation, le mauvais cholestérol et la surmortalité des Occidentaux par maladie cardiovasculaires. Des interventions parlementaires demandent à Berne que la composition des aliments (biscuits, plats surgelés, lait artificiel en poudre pour bébés (!), margarine, pâte feuilletée) mentionne explicitement «huile de palme» plutôt que la discrète et fallacieuse mention «huile végétale».
On s’est donc précipité sur l’article de Coopération pour découvrir si les producteurs ont finalement réussi à créer une huile de palme comportant moins d’acides gras saturés. Mais ce que l’on découvre en réalité n’a rien à voir avec le problème diététique que pose cette huile. L’huile de palme «certifiée» ne diffère pas des autres lorsqu’elle arrive dans l’assiette du consommateur suisse. Elle a pour seule différence d’être produite (selon Coop) sans abattre de la forêt primaire, sans exploiter les ouvriers, sans exagérer dans l’emploi de pesticides et d’herbicides. Tant mieux pour les pays producteurs. Qu’importe pour les pays consommateurs. Ils sont toujours autant noyés sous de flots d’huile nocive.
Dans les deux pages de l’article, il n’y a pas un seul mot sur le problème de santé que soulève cette huile. La ménagère distraite croira que le problème est résolu et qu’elle peut désormais cesser de se gendarmer sur ce produit. Quand on sait que Coop est (en principe) une coopérative visant le bien-être des consommateurs, on pourrait redouter la politique commerciale des autres producteurs. On se tromperait: en 2010, Casino a annoncé qu’elle n’inclurait plus d’huile de palme dans les produits vendus sous sa marque. Si c’est possible pour la grande distribution commerciale, qu’attendent les coopératives suisses pour en faire de même?