Arts et sciences en Italie

Renaissance saisonnière et auto-adaptation, Part.01 : Hiver

Durant mes premières semaines à Milan, les oiseaux qui s’apprêtaient à migrer vers des contrées plus chaudes se rassemblaient en nombre aux alentours de la gare centrale. Tous les soirs, ils arrivaient par volées pour prendre possession des quelques arbres proches de Milano Centrale et se reposer au-dessus de nos têtes. Au bout de quelques semaines, même les hommes d’affaires les plus occupés ne pouvaient rester insensibles au moment d’extase qui nous attendait quotidiennement à la tombée du jour : des nuées d’oiseaux se lançaient dans un vol synchronisé au-dessus du quartier, passant d’un bâtiment à l’autre comme une marée noire en perpétuel mouvement. Je me suis souvent demandé quand viendrait le jour où ils finiraient par s’en aller et disparaître jusqu’au printemps prochain, tels des travailleurs saisonniers, que nous ne reverrions plus jusqu’à ce que les conditions atmosphériques et les températures permettent leur retour. Je m’étais promis de suivre leur rythme et, à leur départ, d’écrire un texte pour le blog. Les êtres humains ont-ils eux aussi des rituels collectifs et saisonniers? Ces dernières semaines, tout semble me rappeler l’idée de renaissance cyclique et le début de cette nouvelle aventure : l’inscription « Le jardin où renaissent les hommes » sur un mur de Palerme, une interview sous forme de questionnaire de Proust titrée « Renaissance cyclique », un autre article en ligne intitulé « L’art de la résurrection » et ce poème qui s’affiche depuis quelques jours sur l’écran mon iPhone :

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Si à tout
Il y a une fin
Sois le début
De toi-même

Murales Base Scout Volpe Astuta, Palermo, Rafael Kouto, Septembre 2021
Proust questionnaire, Magazine 360, Septembre 2021
The Art of Resurrection, Containerlove, Octobre 2021
Capture d’écran aléatoire de l’iPhone, Octobre 2021

 

J’aime penser, peut-être naïvement, que ces arbres seront encore là quand les oiseaux reviendront. Mais je n’ai aucune idée des politiques de développement et des projets envisagés pour cette partie de la ville de Milan. Et s’ils devaient disparaître, je me demande si nous spéculerions encore sur leur capacité d’adaptation autonome. Le terme d’adaptation autonome, ou adaptation spontanée, désigne l’ajustement des écosystèmes, composantes humaines incluses, en réponse à l’évolution de l’environnement. La capacité d’adaptation fait partie de la résilience mais n’en est pas le synonyme exact. Tous les systèmes sociaux et écologiques ont une certaine capacité d’adaptation autonome.

Vous êtes partis. Comme promis, j’ai pris le temps d’écrire ce texte pour le blog.


Rafael Kouto (1990) – Fashion, design tessile

Rafael Kouto vit et travaille entre Losone et Zurich. Il a étudié à la FHNW de Bâle et est titulaire d’une maîtrise en questions de mode du Sandberg Institut d’Amsterdam. Il est designer de mode et de textile et chercheur en méthodes d’upcycling. Il a travaillé pour Alexander McQueen, Maison Margiela et l’Ethical Fashion Initiative. Il a reçu de nombreux prix et a fondé la marque de mode éponyme, dont il est le directeur créatif. À Milan, il se concentrera sur le développement de projets participatifs liés à la durabilité dans la production textile.

Photo by Rebecca Bowring
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