Une école de La Chaux-de-Fonds dessine l’avenir de l’éducation

Créée en 2018 par des parents et des enseignant·es, Scola Bumbaïa est une école alternative à gestion associative située à la Chaux-de-Fonds. Elle accueille actuellement 42 élèves âgé·es entre 4 et 12 ans et s’apprête à s’étendre au cycle 3.

Voici quelques questions auxquelles ont répondu ses enseigant·es (Mathilde Ruegesgger, Estelle Scheidegger, Eliane Bischof Gattigo et Yves Bieler) et son comité (Nathalie Mohni, Perry Proellochs, Maya Robert Nicoud et Ian Girardbille).

Quel est votre approche pédagogique ?

Plusieurs approches sous-tendent notre pédagogie qui se veut en constante évolution à partir du terrain et des besoins qui en découlent. Nous nous inspirons notamment des découvertes de Caleb Gattegno, Maria Montessori, Célestin Freinet, Céline Alvarez, de l’éducation intégrale et des pédagogies par la Nature (Silviva).

Chaque enfant est différent·e et la différence est une force que les enseignant·es mettent en valeur. Le programme scolaire s’adapte en fonction du rythme naturel de chacun·e et de ses intérêts.

Il y aussi une volonté de lien avec des intervenant·es externes, parents ou autres, qui proposent des ateliers pendant et en dehors des heures d’école. Nous avons par exemple accueilli des cours d’arabe, des moments en lien avec l’archéologie ou les jeux vidéos, des visites au Fablab ou encore des cours d’escalade.

Comment le travail par projets fonctionne-t-il concrètement ?

Les enfants réalisent des projets personnels. Elles et ils choisissent un sujet qui leur parle et en font une réalisation. On a alors des maquettes, des exposés, des livres, l’organisation d’activités pour d’autres enfants, etc. qui se créent et se mettent en place. Le but est de choisir quelque chose qui ait du sens, qui ait un·e destinataire, et bien sûr qui plaise aux enfants qui réalisent les projets en question. C’est une belle source de passions et de motivations : les enfants se développent en exerçant leurs dons. Nous utilisons aussi cette approche pour travailler des compétences de planification, d’organisation et d’auto-régulation, et, à la fin du projet, d’auto-évaluation.

Si le projet est réalisé à plusieurs, cela permet de mettre l’accent sur la coopération. Nous menons par ailleurs des projets en classe complète multiâge ou en grands groupes, en choisissant des thématiques qui s’y prêtent, qui sollicitent une réflexion moins individualisée.

Certains projets se déroulent à Scola même, d’autres à l’extérieur – en collaboration avec des musées, lors de la semaine des métiers, lors de marchés, etc. Dernièrement, nous avons créé un journal et un spectacle de marionnettes.

Vous travaillez avec des groupes multiâges. Quels sont les avantages et les limitations de cette approche?

Les avantages sont bien plus nombreux que les inconvénients pour le multiâge, autant pour les enfants que pour les adultes. On relève ainsi, par exemple, une plus grande autonomie des plus jeunes par imitation : chaque grand·e devient une source d’inspiration.

Nous encourageons l’entraide entre les enfants, au quotidien, lors des activités scolaires ou même au vestiaire. Et, de fait, nous l’observons en toutes sortes de circonstances – dans l’apprentissage de l’écriture, de la lecture, dans les moments dédiés au bricolage, etc. Et les plus jeunes apportent leur créativité. Elles et ils incitent par ailleurs les plus grand·es à questionner leurs propres attitudes. Et ceci induit notamment une tempérance marquée chez les plus grand·es lorsqu’elles et ils sont confronté·es à une situation de conflit – cela leur permet également d’envisager des possibilités de médiation.

Une fois par semaine, nous nous réunissons toutes et tous en un Conseil. Nous y partageons nos idées, suggestions et questionnements – nos réflexions s’y complètent mutuellement. Nous y constatons, toutes et tous, une prise en compte des besoins de chacun·e. Les plus jeunes y évoluent d’ailleurs très vite avec une aisance grandissante : présider et gérer une réunion de 45 personnes, lorsqu’on a 5 ans, ce n’est quand même pas rien !

Nous observons aussi plus de tolérance et moins de compétition ou de comparaison au sein du groupe : les enfants sont évidemment conscient·es de la différence d’âge importante qu’il y a entre les un·es et les autres, et cette différence s’accompagne de différences dans les capacités, les intérêts, etc. Ces différences sont présentes, elles font partie de « l’ADN » de Scola et s’en trouvent d’autant plus facilement acceptées comme étant normales.

Travailler en groupes multiâges et en co-enseignement constitue aussi un intérêt pour les enseignant·es : nous connaissons ainsi chaque enfant de Scola. Cela nous permet de facilement échanger nos observations et d’accompagner les enfants au mieux ; de questionner nos pratiques et, ainsi, d’évoluer.

Au quotidien, cela ouvre toutes sortes de possibilités de création de groupes (1 à 4H et 5 à 8H, double degrés 1-2, 3-4, etc., ou complétement mélangés (4 enfants ensemble de 1 à 8H). Cela permet notamment de respecter le rythme des enfants en créant à certains moments des groupes en fonction des besoins (plutôt qu’en fonction des âges ou des années Harmos).

Quant aux limites qui accompagnent l’enseignement en multiâge, il y en a peu et elles ne sont qu’occasionnelles. Parfois, l’organisation de la journée ou de la semaine nécessite un certain « jonglage ». Il n’est pas toujours évident d’impliquer tous les groupes ou tous les âges dans tous les sujets. Un petit défi de « logistique », en somme.

Ce défi se retrouve aussi en ce qu’il est bien sûr important d’offrir au plus grand·es des moments où elles et ils ne sont pas dans la posture de ceux qui aident, ou « doivent aider » les plus jeunes. De manière symétrique, nous veillons à ce que les plus jeunes aient des moments à eux de sorte à respecter leurs propres rythmes (de repos, de jeux, etc.).

En mettant les enfants au centre, n’avez-vous pas peur qu’ils n’arriveront pas, plus tard, à s’adapter au monde ?

Cette école est destinée à aider l’enfant et l’adolescent·e à trouver sa place, à contribuer à notre société d’aujourd’hui et de demain. Elle et il y acquièrent comme bagage pour la vie une créativité conservée et stimulée tout au long de sa scolarité, ainsi qu’une connaissance de soi et de ses forces.

Cette posture n’est pas source d’inquiétude. Au contraire, nous souhaitons que Scola incite les enfants à réfléchir à ce monde, qu’elles et ils le remettent en question. Vivre le monde, y prendre une part active, le faire évoluer, etc., tout cela trouve ses racines dans l’éducation. Notre école peut et veut aussi assumer une partie de ce rôle – et il devrait d’ailleurs en aller de même du système scolaire au sens large. Notre monde de demain sera différent de notre monde d’aujourd’hui, et il est indispensable que les enfants acquièrent des outils pour questionner cette transition, pour l’accompagner et la façonner. En partie, les besoins seront autres, il y aura de nouveaux métiers, les rapports sociaux évolueront de même que les structures politiques. Et les enfants d’aujourd’hui doivent disposer des outils pour vivre ces changements de manières active, créative et positive, collectivement et individuellement.

Bien entendu, Scola Bumbaïa n’est pas une île et nous ne souhaitons aucunement aller dans ce sens. Nos liens avec la société sont forts, nous faisons partie intégrante de la société, et nous avons bien conscience que les enfants qui effectuent leur scolarité à Scola poursuivront leur parcours par-delà Scola.

Nous pouvons lire sur votre site : « Les enfants sont naturellement curieux et tous différents. En leur offrant un cadre respectueux et sécurisant, ainsi qu’un environnement riche et stimulant, ils se dirigent par eux-mêmes dans leurs apprentissages et développent une autonomie grandissante. » Mais, en pratique, est-ce vraiment ainsi ? Est-ce aussi simple ?

Depuis la création de Scola en 2018, notre regard sur la « question » a quelque peu évolué. De fait, Scola n’est pas une école libre où les enfants se géreraient largement par elles et eux-mêmes. Il est par contre correct d’affirmer que nous y valorisons tous les centres d’intérêts que les enfants y expriment, les forces de chacun et de chacune. Et que nous y explorons des façons diverses d’apprendre, de partager, de réfléchir, de connaître, etc. Les enfants y sont encouragés à développer leur autonomie, leurs compétences – il ne s’agit de loin pas que d’acquérir un savoir intellectuel ou manuel.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Dès 2023, Scola s’ouvrira progressivement au cycle 3 – autrement dit les enfants pourront aussi y faire leurs classes 9H, 10H et 11H, et donc y compléter et terminer leur scolarité obligatoire. Il s’agit d’un chantier considérable (y compris au sens propre puisque nous aménageons de nouveaux locaux qui s’ajoutent, à la même adresse, à ceux que nous occupons actuellement). Scola Bumbaïa n’étant pas subventionnée par l’État, nous sommes d’ailleurs en pleine campagne de financement : celle-ci doit nous permettre d’aménager nos nouveaux locaux, d’acquérir du mobilier, etc.

Pour celles et ceux qui souhaitent en savoir plus, n’hésitez pas à consulter le site de l’école – www.scola-cdf.ch – ou à les contacter.  Disponibles pour des visites, c’est avec plaisir qu’ils et elles vous feront découvrir leur magnifique école.

Le théâtre d’improvisation, un outil pédagogique fabuleux !

À travers un spectacle de théâtre semi-improvisé ludique, Hélène Longbien (ergothérapeute en pédiatrie et comédienne) plonge les enfants dans leur propre cerveau et leur fait découvrir les secrets d’un apprentissage réussi.

Lors du spectacle, les enfants font connaissances avec différents personnages symbolisant la capacité d’observation, la mémoire, le discernement, la maitrise de soi… Les enfants vont le découvrir : chaque personnage s’avère nécessaire pour acquérir la connaissance et effectuer les tâches scolaires (ils sont invités à venir avec leur sac d’école pour utiliser des documents scolaires dans le spectacle). Il suffit que l’un des personnages exécute mal sa fonction pour que le chaos s’installe à tous les étages.

 

Le théâtre improvisation est un outil pédagogique extraordinaire lorsqu’il est mis au service de la connaissance de soi des enfants et de la compréhension de processus absolument nécessaires à un apprentissage optimal.

Ce spectacle clarifie les différentes étapes de l’apprentissage (observer, discerner, exécuter, réguler l’attention…) et permet aux enfants et parents de mieux se connaitre et comprendre la cause de certaines difficultés. Moi-même, je me suis surpris le lendemain à mieux comprendre la cause de certaines de mes erreurs et à mieux intégrer un personnage.

Il y a du rire, du suspense et une prise de risque de l’artiste Hélène Longbien, qui invite la surprise et la spontanéité sur scène en y accueillant les enfants.

Un spectacle avec de l’humour et de la pédagogie, pour les enfants et pour les adultes.

Spectacle : À quoi tu penses ?

https://aquoitupenses.ch

 

Dix idées pour se battre autrement pour le futur de la Terre

Un grand nombre d’entre nous perçoit l’urgence : l’humanité doit faire un bond en avant ! Il n’est plus possible de stagner, ni d’ignorer les incohérences.

Voici quelques réflexions et moyens d’action :

  1. Se battre pour ce qui est juste et vrai (lorsque les circonstances nous le demandent ou nous le font sentir). Dans tous les domaines, il y a des zones d’ombre, et les ombres sèment la nuit.
  2. Vivre pleinement notre vocation, exprimer notre unicité et nos forces intrinsèques. À travers chacun·e d’entre nous, l’excellence et le merveilleux peuvent s’exprimer, à nous de les éveiller et de les mettre au service de la Terre et du vivant.
  3. Incarner et appliquer pleinement nos valeurs sur notre lieu de travail. Notre énergie, notre temps et notre intelligence sont parmi nos offrandes les plus précieuses.
  4. Chercher sur les hauteurs de l’esprit les idées du futur : une idée forte peut modifier le cours des choses ; une action, changer le monde.
  5. Collaborer avec des artistes pour peindre, écrire, danser, filmer, sculpter et chanter le futur que nous souhaitons pour la Terre.
  6. Reconquérir l’argent. C’est une énergie extrêmement puissante, mettons-la au service d’un futur harmonieux.
  7. S’offrir tout entier avec détachement et équanimité. Être libres d’ambitions personnelles et d’égocentrisme.
  8. Agir par espoir, par amour et exclusivement pour servir avec sincérité la vérité.
  9. Aligner nos actions à nos connaissances et notre sagesse. Ne jamais se laisser emporter par la haine ni par des théories infra-rationnelles. Cultiver un mental subtil et non binaire.
  10. Développer notre faculté d’intuition. Elle est quelquefois un éclair de l’esprit transperçant les grisailles mécaniques et stagnantes de l’habitude. Les intuitions peuvent être des clins d’œil du futur nous invitant à faire un bond en avant.

La générosité de l’univers

Il existe des milliards d’êtres vivants sur cette planète et aucun d’eux n’est semblable, n’est-ce pas miraculeux ? Chaque feuille, chaque brin d’herbe, chaque être est unique, n’est-ce pas absolument miraculeux ?

La créativité de la nature semble inépuisable.

 

 

La nature ne déplace-t-elle pas des continents ? Ne fait-elle pas pousser des montagnes ?

À partir de deux êtres n’en fait-elle pas un troisième ?

D’un vide inimaginable n’a-t-elle pas enfanté la matière et les cristaux, la vie et les animaux, la pensée et l’art, la joie et l’amour ?

Combien a-t-elle créé d’espèces depuis le début des temps ? Des créatures de toutes les formes, de toutes les couleurs. Certaines nagent au plus profond des océans, d’autres rampent sous terre, d’autres encore sautent, courent, volent dans les airs. Certaines ont une vie collective, d’autres sont solitaires, d’autres encore ne vivent que par deux pour s’éteindre ensemble. Dans les profondeurs océaniques, jusqu’au sommet de l’Himalaya, la vie prospère.

L’infini n’est pas figé, il danse. Et vous ?

Cultiver la gratitude dans les écoles

Dans cet article, je souhaite parler d’une intervention de gratitude que je mène actuellement dans des écoles en Suisse romande :

PROJET GRATITUDE – Promotion de la santé psychique auprès des jeunes de Suisse romande

Il y a les qualités universelles que tout le monde pourrait cultiver (telle la sincérité, le courage, la gratitude, etc.) et puis il y a les forces intrinsèques, les qualités particulières avec lequel chacun d’entre nous est né. La psychologie positive (qui est une discipline scientifique à distinguer de la ‘pensée positive’) étudie cette qualité depuis de nombreuses années et les impacts d’interventions sur le thème de la gratitude en classe ont donné des résultats très satisfaisants.

Qu’est-ce que la gratitude ?

La gratitude est un sentiment de reconnaissance en réponse à un acte de générosité, une amitié, une opportunité, un bienfait, la beauté de la nature, une circonstance propice, une œuvre d’art… C’est un sentiment puissant qui s’éveille à la suite d’une interaction avec une personne, un évènement particulier, avec ce qui incarne la beauté, la bonté ou une vérité profonde. Ressentir de la gratitude, c’est avoir conscience du miracle de la vie, du miracle d’être en vie.

Il n’est pas possible de ressentir de la gratitude et d’être triste ou en colère ; elle est incompatible avec l’égoïsme et l’insatisfaction. Sa présence souveraine apaise nos doutes et nos douleurs et ensoleille notre être tout entier.

Selon Rebecca Shankland : « La gratitude est une émotion agréable que l’on éprouve lorsqu’on reçoit une aide ou un don d’autrui et qu’il s’agit d’un geste intentionnel et désintéressé. »

Quel est l’intérêt de cultiver la gratitude ?

  • Les études dans le champ de la psychologie positive indiquent que cultiver la gratitude diminue significativement la probabilité de présenter une gamme de maladies psychiques telles que la dépression majeure, l’anxiété généralisée, la dépendance à la nicotine et à l’alcool (Wood et al., 2010). Il se trouve que 90 % des jeunes qui se sont suicidés présentaient une maladie psychiatrique (Shain, B., & AAP Committe on adolescence, 2016). En Suisse, le suicide est la seconde cause de mortalité des 15-29 ans. Bien que le taux de suicide ait baissé depuis 2000 (-40,9 %) (OMS, 2012), il reste élevé et les efforts de prévention ont encore tout leur sens.
  • Un sondage a permis de mettre en lumière que 90 % des adolescents et adultes ressentent que l’expression de la gratitude les rend « extrêmement heureux » ou « quelque peu heureux » (Wood et al., 2010).
  • En effet, Jeffrey J. Froh, psychologue scolaire et chercheur spécialisé dans le domaine de la psychologie positive chez les enfants et les adolescents a développé des interventions permettant de promouvoir la gratitude dans les écoles. Les études portant sur ces interventions montrent non seulement une diminution des émotions négatives et des symptômes physiques mais également une augmentation des émotions positives et de l’optimisme des élèves. Les élèvent se sentent aussi plus satisfaits de l’école et de la vie en général (Froh et al., 2008).

Types d’interventions de gratitude à l’école

et leurs impacts respectifs

Les études en milieu scolaire indiquent différentes interventions relatives à l’entrainement de cette qualité humaine fondamentale.

L’une des interventions efficaces est de noter tous les jours trois choses qui se sont bien passées dans la journée et également comment et pourquoi elles se sont produites. Une étude portant sur 600 élèves a comparé un groupe qui écrivait simplement les événements de la journée avec un groupe qui écrivait trois choses qui s’étaient bien passées durant la journée pendant une semaine. Ce dernier groupe était plus heureux après cette semaine et le restait encore trois mois après l’intervention en comparaison avec le 1er groupe (Carter & al., 2018).

Une autre intervention efficace est d’écrire une lettre de gratitude et la remettre à la personne concernée (Lyubomirsky et al., 2011). La lire à haute voix à d’autant plus d’impact.

Une troisième intervention particulièrement efficace est la rédaction d’un journal de gratitude.

Les ouvrages que nous proposons lors de l’intervention offre une structure afin de rédiger ce journal. Une étude portant sur 221 adolescents révèle que des élèves ayant écrit tous les jours dans leur journal de gratitude sur une période de deux semaines étaient plus satisfaits de l’école (même trois semaines après) que les élèves qui ne l’avaient pas fait. En comparaison avec des élèves qui écrivaient à propos de leurs soucis, les élèves cultivant la gratitude ressentaient moins d’émotions négatives, une plus grande satisfaction reliée à la maison et plus d’optimisme (Froh et al., 2008).

Ce type de projet correspond à un réel besoin pour les enfants. En effet, suite à la pandémie, la souffrance des jeunes a été exacerbée et le nombre d’enfants et d’adolescents touchés par les troubles psychiques a beaucoup augmenté. Selon de nombreuses études, le fait de cultiver la gratitude a un impact direct sur les troubles psychiques et le bien-être des jeunes. De plus, les différentes interventions de gratitude montrent que cela un impact sur l’implication des jeunes dans leur apprentissage et leur plaisir d’aller à l’école.

Une erreur commune est de faire un exercice de gratitude en classe et puis simplement de passer à autre chose. Pour que ces qualités soient intégrées, un travail en profondeur est nécessaire. C’est en effet en cultivant intentionnellement et régulièrement cette qualité que ses effets pourront être ressentis tant pour les élèves que pour l’atmosphère générale de l’école.

Témoignage d’une adjointe de direction d’une école :

AD : Est-ce que vous pouvez m’expliquer ce que vous faites en lien avec la gratitude ?

El : On en parle, on a un livre dans lequel on peut écrire ou lire des textes. Le livre est beau, il y a plein de dessins.

AD : Qui apprécie de travailler ce thème, avec ce livre ?

El : 100% des mains levées

AD : Pourquoi ?

El 1 : A la fin du livre, on peut écrire librement sur des choses qui nous ont fait du bien. Il y a plein de petits espaces, on peut choisir où écrire et ce qu’on veut dire. Le prof nous fait écrire la date pour qu’on se rappelle quand ça s’est passé.

El 2 : Quand j’écris, je me sens bien, je pense à des choses pour lesquelles je veux dire merci et c’est agréable.

El 3 : C’est un moment rien que pour moi. Je me sens bien.

El 4 : Quand j’écris dans le livre, je ne pense pas à autre chose, je suis calme.

El 5 : Moi, des fois, quand je m’embête, je relis ce que j’ai déjà écrit et ça me rappelle de bons souvenirs auxquels je ne pense plus.

El 6 : On n’a pas l’habitude de repenser aux choses pour lesquelles on peut être reconnaissant. Avoir des moments dans la semaine pour le faire nous permet d’y repenser.

El 7 : J’ai aimé lister les animaux que j’apprécie ou les personnes qui m’entourent et que j’admire.

Le cerveau de l’adolescent

L’adolescence est une étape charnière de la vie. Mieux comprendre les changements émotionnels, corporels et neuronaux qui s’opèrent durant cette période permet d’accompagner les jeunes avec plus d’agilité et de sagesse.

Le cerveau de votre ado est le titre d’un livre de Daniel Siegel que tous les parents et les personnes dont le travail est en lien avec l’adolescence devraient lire. Ce livre nous le démontre, la connaissance, quand elle est au service du bien, devient sagesse.

Actuellement, de nombreux enseignants intègrent ces connaissances avec des résultats probants. Ils nous le démontrent, l’école peut offrir la possibilité aux adolescents de mieux gérer les défis qui se présentent à eux, de s’épanouir, de développer la confiance en soi et de trouver la place qui leur convient vraiment dans la société, tout cela avec un impact positif sur leurs résultats académiques.

Un jour, nous l’espérons, les programmes intègreront ces connaissances, évitant ainsi de nombreuses souffrances.

En tant que parents, le fait de comprendre les processus évolutifs en jeu présentés dans cet ouvrage permet d’être plus en paix et de mieux accompagner les adolescents et la famille dans cette période caractérisée par de profonds changements.

Le cerveau de votre ado, Dr Daniel Siegel, aux éditions Les Arènes.

L’être humain – un miracle égaré

Notre cerveau est un instrument d’une complexité infinie, les capacités de notre corps et de notre volonté semblent sans limites, notre créativité elle aussi peut être sublime, et puis il y a le monde des émotions, des instincts, des intuitions, les sens, les qualités du cœur, l’humour, l’éthique, la raison, le sens esthétique, les mystères de la conscience… Tout cela et bien plus encore est mis à notre disposition à la naissance.

Comment utilisons-nous cette « complexité divine » ?

Et que se passerait-il si nous consacrions cette « complexité divine » au service de l’harmonie et de la joie de tous et du tout ? Que se passerait-il si nous consacrions notre précieux temps à développer nos capacités, à transformer nos limitations, à servir le monde et à l’accompagner dans sa sublimation ?

Que se passerait-il si l’humanité – plutôt que d’utiliser son génie, ses forces, son argent et ses connaissances à fabriquer encore plus d’objets, à acquérir plus de pouvoir ou de renommée, à assouvir ses insatiables soifs irrationnelles – consacrait son temps avec sagesse et discernement ?

La terre nous miroite nos incohérences avec de plus en plus d’insistance.

Et ni la science, ni l’économie, ni la politique ou la technologie ne sauront résoudre à elles seules notre propre énigme. Toutes ces choses ne sont que le reflet désorganisé de notre propre monde intérieur. Sans y mettre de l’ordre, le chaos est certain.

L’être humain n’est-il pas un des « instruments » les plus extraordinaires et complexes qui soit ?

 

À l’orée d’une tempête,

un miracle de l’univers somnole.

 

Toute la nuit,

sans modération,

il a fêté sa propre naissance.

 

Le soleil va se lever,

le pilote et les membres de l’équipage

sont priés de s’éveiller.

 

 

 

Et si un ordinateur décidait du premier gouvernement mondial ?

Imaginez qu’une catastrophe mondiale pousse une grande partie de l’humanité à s’unir pour faire face à une difficulté. Imaginez que la compréhension du fonctionnement de l’esprit humain évolue au point qu’il soit possible de discerner, avec des appareils très précis, l’activation des aires du cerveau associées à la sagesse et à la connaissance. Une série de tests pourraient ainsi sélectionner des personnes sages de différents pays…

Mais qu’est-ce que la sagesse ?

Selon Wikipédia : « La sagesse est un concept utilisé pour qualifier le comportement d’un individu, souvent conforme à une éthique, qui allie la conscience de soi et des autres, la tempérance, la prudence, la sincérité, le discernement et la justice s’appuyant sur un savoir raisonné. »

Bien sûr, ce n’est pas suffisant. De nombreux écrits dans toutes les traditions explorent les différentes qualités d’une personne sage.

En Inde par exemple, la Bhagavad Gîtâ nous propose cette définition : « De celui dont le mental reste inébranlable au milieu des chagrins et libre de l’aiguillon du désir au sein des plaisirs, celui que la passion, la peur et la colère ont quitté, on dit qu’il est un sage à l’intelligence stable…»

De nombreux philosophes nous proposent aussi leur compréhension de la sagesse.

Imaginez qu’un groupe représentant les différentes nations se réunisse pour définir les qualités d’une personne sage. Un autre groupe de scientifiques pourrait quant à lui définir une batterie de tests permettant d’évaluer ces qualités.

Ainsi, des personnes de différents pays seraient sélectionnées pour siéger ensemble et … s’inspirer du génie humain, de ses intuitions les plus sublimes, pour inviter l’humanité à faire quelques pas vers plus de sagesse.

Véronique Nicolet, quand l’art devient sacré

Depuis l’enfance, créer est un jeu, une joie de partage avec les êtres que je côtoie, une intense observation du monde, de mon environnement, de la nature qui toujours nourrit mon émerveillement.

Je suis fascinée par la lumière qui anime le vivant, pulse, vibre, rayonne derrière le sombre, la lumière qui sans cesse en mouvement transforme.

La couleur, un monde en soi, une riche palette d’exploration : des jaunes incantations, des rouges palpitants, des bleus lumières, des verts bruissants, des terres sourdes.

Mon travail s’est imprégné du sourire des regards, de la multitude, du chaos, de l’intensité de la lumière, de la richesse de la palette, du sens du sacré, ce tout qui fût mon quotidien.
Comme un tissage, un ensemble de mots sanscrits que l’on nomme mantra, des mots porteurs de sens, vibrations sonores, trament la toile, installent la concentration pour laisser glisser le merveilleux, merveilleux parce qu’une certitude s’impose au geste.

Au travers de cette exposition, quelle est votre intention ?

Mon intention c’est de rendre les gens heureux. C’est vraiment ça depuis que j’ai commencé à créer, à peindre.

Après une longue pause dévolue à l’éducation de mes enfants, j’ai repris la création à Auroville et c’est vraiment ça le plus sincèrement, honnêtement, ce qui me pousse à créer : c’est rendre les gens heureux. Et j’ai pu constater que cela se passe, car à chaque fois que j’ai exposé dans les galeries, des gens me font un retour de ce type : « On ne sait pas pourquoi, mais quand on est en présence, on se sent si bien et heureux qu’on n’a juste pas envie de partir de la galerie. » Ben voilà, je crois que j’ai un petit peu réussi mon intention.

Le bonheur, c’est être en présence, trouver ce silence en soi et être ramené et connecté à soi-même, à ce qu’il y a de sacré en soi. Pour moi c’est ça.

Comment se passe le processus de création ?

Moi-même j’essaie déjà de ne pas avoir trop de brouhaha à l’intérieur. Je fais en sorte que ça se calme intérieurement et d’être là, présente, dans ce que je suis en train de faire. En fait dans ce processus de création, il s’agit d’être un instrument, d’être la main qui est là dans la création et d’essayer d’avoir au moment où tu poses les choses avec le plus de sincérité dans ce que tu es en train de transmettre, d’être au plus sincère avec soi-même. De nombreuses fois je ne suis pas dans l’atelier parce que justement c’est trop agité à l’intérieur ou je suis très extériorisée par les événements et pour moi ça n’a pas de sens d’aller dans l’atelier dans cet état-là parce qu’il y a déjà tellement de choses créées, pourquoi encore en rajouter dans ce qui déjà se crée s’il n’y a pas ce contenu. Je ne veux pas seulement m’en tenir à la forme, c’est-à-dire des cylindres, des couleurs, mais vraiment le contenu dans cette forme, c’est ça qui m’importe. Et chaque élément a essayé de tendre vers ça, chaque papier qui a été peint, imprimé, tend vers ça.

 

 

Une myriade multicolore de mantras enroulés s’élève d’une colonne d’un feu soyeux. En réponse, les profondeurs secrètes qui nous habitent s’écarquillent et s’ouvrent pour boire un peu de lumière. Chaque œuvre d’art ici, on le perçoit nettement, est le fruit d’un labeur céleste. Il ne s’agit pas de lire ni de comprendre mais de s’ouvrir et de percevoir.

Et si l’humanité évoluait ?

Presque tous les scénarios futurs qui nous sont proposés sont des dystopies. Comme si l’humanité était destinée à vivre dans un monde sans nature et rempli de robots incarnant les folies suprémacistes de l’homme.

Il est certain que nous allons traverser dans un futur proche le plus grand défi de l’histoire de l’humanité et toucher l’héritage d’une longue domination du cerveau reptilien et d’un égoïsme aveugle. Il est aussi très possible que tout le travail sur soi accompli par de nombreux êtres humains porte ses fruits. De nombreuses personnes se libèrent des traumatismes et pathologies qui étaient auparavant simplement transmises, avec une couche supplémentaire, à la génération future. Cette libération, qui a un impact transgénérationnel, permet à la prochaine génération d’être libre de certaines limitations.

Et si le futur était peuplé de personnes qui vivent et agissent à partir des fonctions exécutives supérieures ? Des personnes qui, n’étant plus dominées par la peur, l’ambition ou l’ignorance, mettent leur intelligence, leur volonté et leurs qualités au service du tout.

Les dinosaures, qui très certainement dominaient le monde, ont fini par disparaitre ; l’évolution continue sont chemin. Après eux de nombreuses espèces nouvelles ont pu voir le jour et s’épanouir.

Le futur sera peut-être glorieux, celui d’une humanité qui a fini de traverser son adolescence turbulente pour faire preuve d’une maturité lumineuse, de courage et de sagesse – qualités que nous portons tous en nous-même, comme la graine porte en elle l’arbre millénaire.