Après Blocher TV, voici Trump TV

Après Twitter, où Donald Trump fustige régulièrement les médias américains traditionnels, c’est sur Facebook que le président poursuit son opération de dégommage des journalistes. Suivant la maxime «on n’est jamais mieux servi que par soi-même» alors que son taux de popularité est au plus bas, le voilà qui créé son propre bulletin d’informations, histoire de s’assurer d’avoir des comptes-rendus positifs de ses actions.

Episode 1: c’est sa propre belle-fille, Lara Trump, une ex-productrice de CBS, qui fait office de présentatrice. Le décor: un fond bleu avec l’adresse du site DonaldJTrump.com. En débardeur noir, Lara Trump évoque notamment le sujet favori de Donald Trump: la création d’emplois (ou version langage trumpien: «Jobs, jobs, jobs!»). Elle annonce tout de suite la couleur: «Je parie que vous ne savez pas tout ce que le président a accompli cette semaine, parce qu’il y a tellement de Fake News par ici!». Puis: «Nous avons un président qui met l’Amérique avant sa propre personne et j’en suis si fière». Une allusion au fait que Donald Trump ne perçoit pas de salaire.

Episode 2, on change de présentatrice. Cette fois-çi, c’est Kayleigh McEnany, une ancienne commentratrice de CNN, qui apparaît, tout sourire, depuis la Trump Tower de Manhattan. Elle n’a jamais caché son admiration pour le président américain  et anime le nouveau bulletin trumpien un jour seulement après avoir quitté CNN. Le décor change un peu, avec l’apparition d’images incrustées. Et surtout une musique de fond façon film hollywoodien. Les thèmes, eux, restent à peu de choses près les mêmes: création d’emplois record, réforme de l’immigration légale et héros américains (remise de médailles d’honneur à des vétérans).

«L’émission «Real News» de Trump – Trump TV – est de la propagande commanditée par l’État, comme celle que Kim Jong-Un utilise en Corée du Nord. C’est abominable», n’a pas hésité à tweeter Seth Abramson, un commentateur régulier de la politique américaine.

Michael McFaul, ancien ambassadeur américain en Russie, est tout autant perplexe. Il évoque des «ressemblances avec des télévisions d’Etat observées dans d’autres pays».

Ces capsules apparaissent alors que la communication officielle de la Maison-Blanche ressemble à un champ de mines, avec la démission du porte-parole Sean Spicer, puis le limogeage d’Anthony Scaramucci, directeur de communication pendant dix jours seulement, à l’origine de la démission de Sean Spicer. Certains tremblent à l’idée que cette «Trump TV» remplace peu à peu les briefings de presse quasi quotidiens organisés par la Maison-Blanche.

Valérie de Graffenried

Valérie de Graffenried est la correspondante du Temps aux Etats-Unis.

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