La performance de la chanteuse Beyoncé lors du Super Bowl le 7 février dernier n’en finit pas de provoquer des remous. Pour les uns, l’artiste a agi de façon scandaleuse dans la lignée des Black Panthers dont c’est le cinquantième anniversaire de la création cette année. Ils en veulent pour preuve le point levé par plusieurs artistes accompagnant Beyoncé dans le stade où se déroule le Super Bowl. Pour d’autres au contraire, elle a utilisé l’extraordinaire plate-forme de cet événement sportif et culturel américain pour véhiculer un message important à l’heure où les tensions raciales sont à nouveau fortes.
Dans une vidéo diffusée peu avant et pendant le Super Bowl, on la voit sur une voiture de police en partie immergée dans l’eau en référence à l’ouragan Katrina qui a dévasté la Nouvelle-Orléans, en particulier les quartiers noirs défavorisés. On voit aussi un jeune en capuche (hoodie), une référence au jeune Afro-Américain de 17 ans Trayvon Martin, abattu en février 2012 à Sanford, Floride, par un vigile volontaire alors qu’il n’était pas armé. On y voit aussi des jeunes, les bras levés. La scène rappelle le mouvement né après la mort d’un autre Afro-Américain, Michael Brown, à Ferguson, Missouri, abattu par un policier blanc. Le slogan du mouvement a fait le tour des Etats-Unis: “Hands up, don’t shoot”.
Dans un article intéressant, le Washington Post souligne que Beyoncé n’est pas sans contradiction. Au moment où passe sa vidéo controversée, elle vend sur son site Internet des articles surfant sur le mouvement Black Lives Matter né de la multiplication des bévues de policiers blancs contre des Noirs. Le journaliste du WP le relève: “Beyoncé a attendu que les questions politiques relatives aux Afro-Américains soient devenues indéniablement commerciales pour qu’elle puisse y trouver un marché (pour ses produits dérivés). C’était un coup de génie. C’est une des raisons pour laquelle la chanson (“Formation) a eu autant de succès. Son talent pour les affaires explique en partie pourquoi elle “percute” autant.” La critique est sans doute pertinente, mais elle n’enlève pas à Beyoncé son engagement sans doute sincère en faveur d’une meilleure égalité raciale.
Sur Fox News, l’ancien maire de New York Rudy Giuliani, de plus en plus réactionnaire, se dit scandalisé par l’attitude de Beyoncé: