C’est un nouveau cas emblématique des problèmes fondamentaux liés à la peine de mort aux Etats-Unis. Richard Glossip, 52 ans, doit être exécuté ce mercredi par injection létale dans l’Oklahoma. Il est accusé d’avoir arrangé le meurtre du propriétaire d’un motel qu’il gérait en 1997.

Les preuves de sa culpabilité sont toutefois minimes pour ne pas dire bancales. Il y a vingt ans, Justin Sneed, un jeune de 19 ans avait été engagé par Richard Glossip pour effectuer des travaux d’entretien au motel. Dans son témoignage, Justin Sneed a admis avoir tué le propriétaire du motel et a été condamné à la prison à perpétuité sans remise de peine possible. Mais il a aussi déclaré qu’il avait commis son acte à la demande de Richard Glossip, lequel lui verserait une partie des recettes du motel. Les procureurs de l’époque ont laissé entendre que Richard Glossip avait peur d’être congédié en raison d’une mauvaise gestion et du détournement d’une partie des recettes de l’établissement.
Or Justin Sneed, le seul témoin sur lequel repose la condamnation à mort de Richard Glossip, a déjà changé plusieurs fois sa version des faits et admis avoir commis le meurtre. Mais en plaidant coupable, il a évité la peine de mort et négocié une condamnation à perpétuité en impliquant le gérant du motel. La Défense a fait remarquer que le témoin Sneed était un accro aux méthamphétamines qu’il achetait notamment après avoir commis des vols dans des voitures et des chambres du motel. De plus, en 2014, la fille de Justin Sneed a, selon le New York Times, apparemment envoyé un courriel à l’instance des remises de peine demandant la clémence pour Richard Glossip. Selon elle, ce dernier est un “innocent” et son père Justin Sneed lui aurait affirmé que le condamné à mort ne lui avait pas commandité le meurtre. A ce stade, la fille du meurtrier n’a pas été retrouvée et son e-mail n’a pas pu être authentifié.
Aujourd’hui, un groupe de personnes s’active pour empêcher que Richard Glossip soit exécuté ce mercredi. Parmi elles, la soeur Helen Prejean, une activiste contre la peine de mort et l’actrice Susan Sarandon qui avait incarné au grand écran la soeur Helen dans le film poignant “Dead Man Walking” avec l’acteur Sean Penn. Mais cette bataille de dernière minute est une course contre la montre. Pour l’heure, la gouverneure républicaine Mary Fallin refuse tout renvoi de l’exécution, estimant que Richard Glossip est responsable de la mort d’un père de sept enfants.
Le cas est emblématique car Richard Glossip a été très mal défendu au début de l’affaire et les voies juridiques pour agir en sa faveur sont quasiment épuisées. Ceux qui essaient aujourd’hui de le sauver butent contre de vrais obstacles. Depuis 1973, près de 160 condamnés à mort ont été innocentés à la dernière minute, notamment grâce à une mobilisation d’avocats activistes et grâce aux tests ADN permettant d’identifier les vrais auteurs d’un crime. La vie de Richard Glossip ne tient qu’à un fil. Répondant au Guardian, le nouvel avocat du condamné à mort, Donald Knight, est catégorique: “Richard est condamné à mort parce qu’il est pauvre. Il n’y a pas beaucoup de monde qui peut se permettre de payer des avocats défendant sa cause. Tout le monde devrait être choqué par un tel constat.”