Après un troisième round de négociations à Washington les 21 et 22 mai entre les délégations cubaine et américaine respectivement menées par Josefina Vidal (à droite) et Roberta Jacobson (à gauche), les deux pays sont près de rétablir leurs relations diplomatiques. Lors d’une conférence de presse tenue vendredi au Foreign Press Center de Washington, la secrétaire d’Etat adjointe pour l’hémisphère occidental l’a déclaré: “Nous sommes beaucoup plus près de rétablir les relations diplomatiques et de rouvrir les ambassades” que lors des deux précédents rounds. Roberta Jacobson a souligné que les progrès accomplis étaient considérables et a dit ne “pas savoir si un nouveau round de négociations sera nécessaire” pour lever les derniers obstacles. Selon la négociatrice américaine, il n’est pas impossible que les Sections des intérêts américains à la Havane et cubains à Washington soient à même de régler les derniers détails.
Le moment serait historique. Les Etats-Unis et Cuba se regardent en chiens de faïence depuis un demi-siècle, depuis la rupture des relations diplomatiques le 3 janvier 1961. Au cours des pourparlers de Washington jeudi et vendredi, il a surtout été question des conditions posées par les Cubains au fonctionnement de la future ambassade des Etats-Unis à la Havane, qui sera installée dans la bâtisse de la Section des intérêts américains au bord du Malecon. Les discussions se sont basées sur la Convention de Vienne régissant les représentations diplomatiques. La secrétaire d’Etat adjointe a bon espoir de voir la future ambassade fonctionner comme bon nombre ambassades américaines ailleurs dans le monde. Elle l’a toutefois reconnu: “Ce n’est pas une tâche facile au vu de l’Histoire compliquée” entre les deux pays. “Nous devons surmonter 54 ans” de rupture diplomatique, a-t-elle ajouté.
Son homologue cubaine, Josefina Vidal a insisté sur le “climat respectueux et professionnel” qui a régné durant les discussions. Elle a salué la décision du président Barack Obama de vouloir rayer Cuba de la liste américaine des Etats soutenant le terrorisme. Un voeu qui devrait devenir réalité à partir du 29 mai prochain lorsque le délai accordé au Congrès pour s’y opposer aura expiré. A ce jour, le Capitole n’a pas manifesté son intention de s’opposer à la décision de la Maison-Blanche. Josefina Vidal a rappelé que les délégations se sont surtout concentrées sur la question du rétablissement des relations diplomatiques, mais elle a mentionné de nouvelles perspectives une fois les relations diplomatiques rétablies. Selon la cheffe négociatrice cubaine, les deux pays vont alors aborder des questions bilatérales, la levée de l’embargo américain bien sûr, toujours en place depuis 1962, mais aussi des questions liées à l’aviation civile, au trafic d’êtres humains, aux cartes maritimes. Elle a surtout relevé que Washington et La Havane pourraient collaborer étroitement dans le domaine de la santé pour associer leurs efforts afin de mieux combattre les graves problèmes liés aux maladies infectieuses dans le monde.
A entendre les deux négociatrices cubaine et américaine, tout semble indiquer qu’une rétablissement des relations diplomatiques entre les deux ex-ennemis est pour un avenir très proche.
