Selma: les droits civiques à l’honneur

La mobilisation tout au long du week-end à Selma (photos AP/Keystone) a montré que les droits civiques restent un thème brûlant aux Etats-Unis. Samedi, le président Barack Obama a tenu un discours très engagé devant le pont Edmund Pettus où, voici cinquante ans, les forces de l’ordre de l’Alabama écrasait dans le sang le début d’une marche en faveur du droit de vote le 7 mars 1965. Quelques jours plus tard et après l’appel de Martin Luther King aux révérends du pays à venir à Selma, d’autres marches se mirent en branle. La pression exercée par le mouvement pacifique des droits de l’homme et la puissance des images de violence poussèrent le président démocrate Lyndon Johnson à forcer le passage de la loi sur le droit de vote quelques mois plus tard au Congrès.

Samedi, la présence du premier président noir des Etats-Unis fut très symbolique. Une image restera dans les mémoires: l’embrassade très émotionnelle de Barack Obama et de John Lewis, un représentant noir de Géorgie qui fut sévèrement battu par la police sur le pont Edmund Pettus le 7 mars 1965.

Barack Obama a bien entendu mis en évidence les énormes progrès accomplis depuis: “Si vous pensez que rien n’a changé, demandez à quelqu’un qui a vécu à Selma, Chicago ou Los Angeles dans les années 50.” Mais rappelant les événements de Ferguson et d’ailleurs, il a montré que la lutte des droits civiques et pour l’égalité n’était pas achevée. Il a sommé le Congrès de revenir sur la décision de la Cour suprême des Etats-Unis de supprimer la section V de la loi sur le droit de vote qui prévoyait une supervision de Washington dans huit Etats au passé ségrégationniste marqué. A ses yeux, le plein exercice du droit de vote n’est pas pleinement garanti. Autre symbole fort: le premier ministre noir de la Justice, Eric Holder, a enfoncé le clou, déclarant à Selma dimanche que le droit de vote était à certains endroits “assiégé”.

Samedi et dimanche, où des dizaines de milliers de personnes ont traversé le fameux pont sur la rivière Alabama, la mobilisation a été un signal fort pour que le mouvement des droits civiques continue. Mais il s’est élargi. Ce week-end, à Selma, étaient présents des gays, des femmes, des Hispaniques qui tous revendiquent un respect de leur droit de citoyens à part entière.

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