Sondage: Obama, le pire président depuis la Seconde Guerre mondiale…

000_Was8791716Vraiment? L'Institut de sondage Quinnipiac n'a pas manqué de défrayer la chronique mardi aux Etats-Unis en publiant le résultat d'un sondage réalisé auprès de 1446 personnes entre le 24 et le 30 juin selon lequel Barack Obama (photo Mandel Ngan/AFP) est le pire président des Etats-Unis depuis la Seconde Guerre mondiale. Si on peut s'interroger sur la pertinence de la question, on peut aussi s'interroger sur la mémoire des Américains. Selon Quinnipiac, 33% des Américains pensent que Barack Obama est le pire président depuis 1945. Il est suivi de George W. Bush (28%), de Richard Nixon (13%) et de Jimmy Carter (8%).

Comme le souligne Aaron Blake dans son blog The Fix (Washington Post), en 2006, le même sondage plaçait George W Bush au rang de pire président (34%) devant Richard Nixon (17%), Bill Clinton (16%) et Jimmy Carter (13%). En 1999 et 2000, Gallup posa la même question. En 1999, Nixon était le pire président (28%) suivi de Bill Clinton (21%) qui était encore en fonction, de Jimmy Carter (11) et de Ronald Reagan (11%). Même ordre en 2000. En 1998, un autre sondage mettait parmi les pires présidents des Etats-Unis quatre des six derniers locataires de la Maison-Blanche. Nixon était alors à 23% alors qu'il est aujourd'hui à 13%. Reagan était jugé le pire président par 17% des interrogés contre 3% aujourd'hui. Bill Clinton quant à lui, était le plus mal noté par 21% des Américains en 1998. Aujourd'hui, seuls 3% pensent qu'il a été le pire président depuis 1945.

Que faut-il en conclure? Pas grand-chose pour ce qui est des sondages. Mais tout de même. Il ne fait aucun doute que Barack Obama n'est pas populaire aux Etats-Unis tant au niveau de sa politique économique, étrangère ou intérieure. Un vrai paradoxe pourtant. Les Américains sont largement favorables à un durcissement de la législations sur les armes que le président démocrate a promue mais qui fut refusée par le Congrès. Ils plébiscitent aussi une réforme de l'immigration prônée par Barack Obama. Ils jugent aussi nécessaires des investissements dans les infrastructures pour relancer l'économie américaine et surtout pour maintenir des conditions-cadres permettant à cette même économie de prospérer à l'avenir. Barack Obama lance des appels dans ce sens depuis plusieurs années, en vain. Plus de 70 000 ponts à travers le pays sont considérés comme étant en mauvais état.

Si Barack Obama a une vraie vision des Etats-Unis et de la direction dans laquelle ils doivent aller, il est vrai que lui, l'excellent orateur, est un piètre communicateur. Pour expliquer le décalage entre la politique qu'il promeut, qui semble répondre aux désirs des Américains, et sa popularité, une phrase suffit: il lui manque un fil narratif (narrative), essentiel en Amérique pour convaincre. Prenons l'exemple de l'Internal Revenue Service (IRS). Le fisc américain est actuellement au milieu d'une grave crise. Accusé d'avoir ciblé arbitrairement des groupes proches du Tea Party, il a dû se défendre de toute négligence après avoir perdu de nombreux courriels en raison de plusieurs plantages informatiques. En l'occurrence, Barack Obama s'est contenté de dénoncer les attaques bassemeent politiciennes des républicains. Il aurait dû pourtant expliquer que l'IRS connaît de gros problèmes de gestion depuis des décennies. Avec l'évolution informatique, aucune directive contraignante ne requiert de l'IRS d'avoir des copies de secours. On lui demande simplement d'imprimer des courriels jugés importants et nécessaires à long terme. Ce faisant, le président aurait désamorcé en partie ce qui est perçu par les républicains, mais aussi par une partie de la population comme un complot contre les milieux conservateurs. Même avec la réforme de la Santé et la mise en oeuvre de l'Affordable Care Act, Barack Obama a été insuffisamment présent dans les médias pour expliquer la réforme, ses bienfaits et sa raison d'être.

Il reste que les sondages sont parfois bien trompeurs. Ainsi, l'opinion publique américaine, fatiguée par une décennie de guerres désastreuses et onéreuses, souhaitent que l'Amérique ne s'implique plus dans des guerres. Dans le même temps, elle fustige Obama pour ne pas mener une politique plus agressive en Syrie et en Irak. Remarquez qu'elle n'est pas la seule à être contradictoire. Les Européens qui fustigeaient en 2003 l'invasion injustifiée de l'Irak appellent aujourd'hui les Etats-Unis à intervenir et à mettre fin à la boucherie qui se déroule dans ces deux pays du Moyen-Orient.

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