Errol Morris est un documentariste américain qui, comme l'explique la National Public Radio (NPR), aime plonger dans la psyché de ses personnages qu'il choisit comme sujet de ses films. Parmi ses succès figurent the Fog of War, un documentaire qui brosse le portrait de l'ex-secrétaire à la Défense Robert McNamara dans le cadre de la guerre du Vietnam. Erros Morris aime se surprendre. Durant sa conversation avec McNamara, aujourd'hui décédé, il avait été surpris d'entendre de sa bouche que certaines des actions qu'il a approuvées au Vietnam équivalaient à des crimes de guerre.
Donald Rumsfeld (photo Mark Wilson/Getty Images/AFP) n'a pas cette élégance. L'ex-patron du Pentagone, qui a été l'un des faucons ayant poussé à l'invasion de l'Irak en mars 2003 parce que le régime de Saddam Hussein était, selon lui, en possession d'armes de destruction massive et abritait Al-Qaida et des terroristes ayant participé aux attentats du 11-Septembre 2001, répand toujours la bonne parole sur les télévisions américaines. Il ne se prive pas de tirer à boulets rouges sur l'administration de Barack Obama, incapable de voir les réels dangers du monde actuel et de résister à Vladimir Poutine en Crimée. A cet égard, il devrait lire l'excellente analyse de Fareed Zakaria dans le Washington Post, qui montre au contraire que Barack Obama est en quelque sorte un dirigeant du XXIe siècle qui a vu que les guerres relèvent d'une manière du XIXe siècle de voir les rapports de force entre puissances.
Pour son documentaire "The Unknown Known", Errol Morris a interviewé Donald Rumsfeld pendant des heures et des heures. Aucune excuse, aucun aveu d'erreur. Le réalisateur n'a quasiment rien appris de nouveau. Il lui a posé une question au sujet des documents sur la torture pratiquée par l'administration Bush. Il dit ne pas les avoir lus. Pour lui, la politique de George W. Bush par rapport à l'Irak était similaire à celle de Bill Clinton. Vraiment? Errol Morris est sorti horrifié de cet entretien, dans lequel aucun remord n'a été exprimé, même pas pour la prison de l'horreur, Abu Ghraib en Irak. Comme le rappelle Erros Morris, Donald Rumsfeld n'en est pas à son premier déni de réalité. Il était déjà dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche avec le président Gerald Ford et le secrétaire d'Etat Henry Kissinger à l'époque du Vietnam. Là aussi, aucun aveu d'erreurs. "Il y a des choses qui marchent, d'autres qui ne marchent pas", s'est-il contenté de répondre.
L'interview d'Errol Morris sur NPR: