Les preuves (pétrole) justifiant la guerre américaine en Irak

La guerre d’Irak déclenché le 19 mars 2003 par les Américains a déjà fait couler beaucoup d’encre et encore plus de sang. Plus de 100 000 morts dont un nombre considérable de civils. Beaucoup a été dit sur les raisons qui ont poussé l’Amérique néoconservatrice à se lancer dans une opération qui allait se révéler désastreuse pour la stabilité du pays et de la région.

Animatrice de sa propre émission The Rachel Maddow Show sur MSNBC, Rachel Maddow vient de présenter un nouveau documentaire sur la guerre d’Irak. Elle en avait déjà présenté un l’an dernier sur la rhétorique des armes de destruction massive que le peuple américain, les médias et le Congrès avaient crue alors que de telles armes n’existaient tout simplement pas.

Dans son documentaire “Why we did it”, la journaliste montre de façon édifiante qu’il s’agissait bien d’une guerre pour le pétrole. Ce n’est bien sûr pas une révélation. En Europe et ailleurs, on l’avait qualifiée à de multiples reprises de guerre pour l’or noir. Mais ce documentaire est intéressant car il montre que le dessein de l’administration de George W. Bush date bien d’avant les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Des documents qu’a consultés l’équipe de Rachel Maddow montre que la nécessité pour l’Amérique d’avoir du pétrole supplémentaire qui alimente le marché mondial et qui maintienne le prix de l’or noir à un bas niveau est bien réelle. Des représentants des grandes majors du pétrole sont fréquemment consultées pour voir comprend appréhender la question irakienne. Des séances de l’administration Bush en amont de l’invasion de mars 2003 n’ont pas lieu au Pentagone ou dans un bâtiment administratif de Washington, mais dans un édifice appartenant à une filiale d’Halliburton à Houston. Pour rappel, le vice-président de George W. Bush, Dick Cheney, a longtemps été le patron d’Halliburton avant de reprendre du service à Washington.

De fait, les troupes américaines entrent en Irak et renversent rapidement le tyran Saddam Hussein. Mais elles ne savent pas que faire pour construire la paix et le pays. Les responsables américains connaissent en revanche tout en détails de l’infrastructure pétrolière irakienne, les oléoducs, les champs, les réserves. L’Armée américaine détruira d’ailleurs plusieurs ministères. Mais elle en gardera un intact: celui du Pétrole.

Preuve que les sociétés pétrolières américaines étaient clairement associées à l’invasion de l’Irak, les lieux d’approvisionnement de l’armée américaine en Irak portent des noms évocateurs: RRP Exxon ou FARP Shell. Les Britanniques ont une approche similaire. Le gouvernement britannique de Tony Blair a déjà fait appel à BP pour le conseiller. Un document le dit clairement: le Royaume-Uni doit s’assurer d’avoir sa part du gateau pétrolier en Irak. Ce documentaire peut paraître superflu. Mais il apporte de nombreuses preuves à des accusations qui ont longtemps été surtout rhétoriques. Il montre aussi qu’en matière de souveraineté, au moment où la Russie viole sans gêne celle de l’Ukraine, les Etats-Unis ne l’ont pas toujours considérée comme un principe sacrée.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *