George Tsunis a un mérite. En tant qu'homme d'affaires, il a levé un million de dollars pour la campagne présidentielle 2012 de Barack Obama et a fait un don de 300 000 dollars au Parti démocrate. Etrangement, il avait aussi collecté 50 000 dollars pour la campagne de John McCain en 2008 qui affrontait Barack Obama.
On le sait. Nombre d'ambassadeurs américains sont nommés non pas pour leur talent de diplomate, mais pour la profondeur de leur porte-monnaie. Les exemples abondent, Citons par exemple l'ambassadeur Warren Tichenor, nommé par George W. Bush ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'ONU à Genève. Le magnat texan des médias n'avait aucune connaissance particulière des Nations unies et encore moins du monde des droits de l'homme. Or il a dû défendre les intérêts américains lors de la création du Conseil des droits de l'homme en 2006.
Avec George Tsunis, l'inadéquation d'un généreux donateur pour un poste d'ambassadeur, même en Norvège, un pays moins stratégique que la Chine ou la Russie, n'a rarement été aussi flagrante que lors d'auditions menées par une commission du Sénat. Les plus critiques relèvent que si George Tsunis avait lu une fois ce que disait Wikipedia au sujet de la Norvège, il s'en serait nettement mieux sorti. Or son ignorance du pays est pour le moins embarrassante. Le candidat nommé par Barack Obama en septembre 2013 a parlé du "président" de Norvège qui a un roi, mais pas de président. Il a décrit le Progress Party, formation opposée à l'immigration, comme un "élément secondaire" qui crache sa haine et que le gouvernement norvégien s'est empressé de condamner. Face à autant d'inepties, le sénateur John McCain a fait remarquer que le Progress Party fait en réalité partie de la coaltion gouvernementale qui gouverne la Norvège. Le sénateur républicain a conclu ses commentaires à propos de George Tsunis de façon très caustique: "Je n'ai plus de questions pour ce groupe de nominés aussi incroyablement qualifiés."
La Maison-Blanche présentait, voici quelques mois, George Tsunis de la façon suivante sur son site internet: "George J. Tsunis est le fondateur, président et directeur général de Chartwell Hotels, LLC. De 1999 à 2009, M. Tsunis officiait en tant que conseil puis d'associé auprès de Rivkin Radler, LLP. En 2012, il avait été invité, avec son épouse, au dîner de gala organisé par le couple présidentiel en honneur du premier ministre britannique David Cameron.
George Tsunis n'est toutefois pas le seul candidat à un poste d'ambassadeur à montrer de graves lacunes sur le pays dans lequel il est censé défendre les intérêts des Etats-Unis. Sénateur démocrate sortant du Montana, Max Baucus a dû d'abord se justifier en répondant à une question relative aux motivations de la Chine, puissance montante: "Je ne suis pas vraiment un expert de la Chine", a-t-il rétorqué. Un tel aveu est préoccupant quand on songe que la Chine est le principal rival stratégique des Etats-Unis, la deuxième et bientôt la première puissance économique mondiale. C'est la Chine qui remet le plus directement en question le leadership américain en Aise. Comment Barack Obama peut-il si mal s'entourer et choisir une personnalité apparemment si peu qualifié pour un poste aussi stratégique?
Car la liste des inaptes au poste d'ambassadeur ne s'arrête pas là. La productrice d'Hollywood Colleen Bell (photo Jason Merritt/Getty Images/AFP), qui a contribué à hauteur de 800 000 dollars à la campagne présidentielle de Barack Obama en 2012, est nommée pour servir en Hongrie. Interrogée par la Commission des affaires étrangères du Sénat, elle a eu toutes les peines du monde à expliquer ce qu'étaient les intérêts de l'Amérique dans ses relations avec Budapest. On se rappelle enfin qu'Anna Wintour, rédactrice en chef du magazine américain Vogue, était pressentie pour occuper le poste d'ambassadeur à Londres. Le choix se porta finalement sur quelqu'un d'autre.
L'échange entre le sénateur McCain et les "nominés":