Sur ordre d’un juge, un hôpital texan “débranche” une femme enceinte maintenue artificiellement en vie

200528285Il était 11h30 dimanche à Fort Worth, au Texas, quand les responsables soignants de l'hôpital John Peter Smith ont débranché Marlise Munoz, 33 ans, dont la mort cérébrale avait été constatée peu après son admission dans l'établissement le 26 novembre dernier. Cette dernière, terrassée par une embolie pulmonaire, a été maintenue artificiellement en vie pour sauver à tout prix la vie d'un foetus. Quand elle s'est effondrée, Marlise Munoz était en effet enceinte de 14 semaines. Selon l'hôpital toutefois, il n'était pas possible, en vertu de la loi texane, de tout débrancher, car celle-ci estime que tous les moyens doivent être utilisés pour sauver la vie d'un foetus. Même contre l'avis du mari, Erick Munoz, 26 ans (photo Larry Smith/EPA/Keystone) et de ses beaux-parents, qui estiment savoir quelle était la dernière volonté de Marlise Munoz en cas de grave accident de santé. Pour en avoir longuement discuté avec son épouse à l'époque, qui était comme lui ambulancière, Erick Munoz a martelé à de multiples reprises que son épouse ne souhaitait pas d'archarnement thérapeutique.

L'affaire a suscité un débat enflammé aux Etats-Unis. Les uns, les "pro-life" estimaient qu'il était juste de tout faire pour sauver un foetus. Les autres défendaient que la dignité humaine ordonnait que la patiente, dont la mort cérébrale avait été attestée, puisse être déconnectée des appareils la maintenant artificiellement en vie. Ces derniers jours, les avocats d'Erick Munoz ont d'ailleurs mis en garde. Le foetus, âgé de 22 semaines, montrait des anormalités manifestes. Il semblait affecté d'hydrocéphalie et avait apparemment des problèmes de coeur sans compter que des déformations aux extrémités ont été constatées.

Pour Mark Geragos, pénaliste intervenant régulièrement sur ces questions sur CNN, il ne fait aucun doute que le combat mené par ceux qui souhaitaient maintenir à tout prix Marlise Munoz en vie artificiellement avaient un objectif indirect: saper petit à petit le droit à l'avortement garanti au plan fédéral par l'arrêt de la Cour suprême Roe vs Wade, mais battu en brèche dans de nombreux Etats. La mesure prise dimanche par l'hôpital sur ordre d'un juge met fin au calvaire vécu par la famille de la défunte qui n'a, jusqu'ici, pas pu faire le deuil de Marlise Munoz.

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *