Chris Christie, le scandale qui pourrait le faire tomber

000_187050432Au vu de l'état avancé de délabrement du Parti républicain écartelé entre le Tea Party et l'establishment, Chris Christie (photo AFP) est vite apparu comme la figure salvatrice d'un parti aux abois en se faisant réélire avec une écrasante majorité au poste de gouverneur du New Jersey. Beaucoup le voyaient déjà à la Maison-Blanche en 2017.

Or un scandale pourrait bien anéantir ses espoirs présidentiels. Courriels à l'appui en guise de preuve, des membres de son administration ont délibérément orchestré le blocage du pont le plus fréquenté du monde, celui de George Washington reliant le New Jersey à Manhattan. La cheffe de cabinet adjointe de Chris Christie Bridget Anne Kelly confirme dans un courriel daté du 13 août 2013 et envoyé à David Wildstein, un homme nommé par Chris Christie au poste de responsable des ponts à Port Authority, l'instance chargée de la gestion de plusieurs infrastructures à New York, qu'il était temps de provoquer des blocages du trafic sur le pont. On est à ce moment en pleine campagne électorale pour le poste de gouverneur du New Jersey. Or le maire de la ville de Fort Lee, de l'autre côté du pont George Washington, Mark Sokolich, un démocrate, avait refusé d'apporter son soutien à la campagne de Chris Christie. Certains ont vu dans la manoeuvre de blocage du trafic une vengeance du gouverneur.

L'incident n'est pas anodin. Des bouchons interminables se sont formés. C'était le jour de la rentrée scolaire. Bloquer le trafic volontairement sur le pont le plus fréquenté du monde aurait pu avoir des conséquences catastrophiques. De fait, il y a bien eu une catastrophe. Une personne âgée de 91 ans, victime d'une crise cardiaque, n'a pas pu être sauvée en raison des embouteillages dans lesquels l'ambulance a été bloquée. Finalement, contre l'avis de Briget Anne Kelly et de David Wildstein, des responsables de Port Authority ont décidé de rouvrir toutes les voies de circulation qui avaient, selon l'équipe de Christie, été fermées pour une "étude du trafic".

La question que les médias américains se posent aujourd'hui est de savoir si Chris Christie lui-même a donné l'ordre d'agir ainsi contre le maire démocrate de Fort Lee et sa population en guise de vengeance. Si c'est le cas, beaucoup s'accordent à dire que c'est la fin de la carrière politique du gouverneur du New Jersey. S'il n'a pas agi directement, il est toutefois troublant que la décision ait été prise par une membre de son cabinet et par un responsable de Port Authority nommé par Chris Christie. Pour un homme qui ambitionne un jour d'accéder à la Maison-Blanche, l'affaire est pour le moins embarrassante et traduit une bassesse décriée par tous les médias américains. L'intéressé nie toute implication et dit avoir été trompé par des membres de son équipe.

En réponse à une question d'un journaliste du New Jersey, Chris Christie s'était vite appliqué à ridiculiser l'homme de presse. Or c'est précisément l'opiniâtreté de Shawn Boburg, du quotidien local Bergen Record, qui a permis de révéler l'ampleur du scandale. Réputé pour faire du micro-management, mais aussi pour être un rouleau compresseur prêt à intimider ses adversaires, Chris Christie peut difficilement, estiment certains journalistes, ne pas avoir été au courant de l'affaire. Selon le démocrate du New Jersey John Wisniewski, c'est "le gouvernement dans ce qu'il fait de pire". A voir si l'étoile montante du Parti républicain sera finalement une étoile filante.

 

 

 

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