C'est une page majeure qui s'est tournée lundi soir au Washington Post (photo Reuters). Quelque 650 employés de la vénérable institution de la capitale américaine se sont réunis, selon le New York Times, pour rendre hommage à la famille Graham qui a présidé aux destinées du quotidien américain durant plusieurs décennies. Voici peu, Donald Graham, représentant la troisième génération de la famille, a vendu le Washington Post pour 250 millions de dollars à Jeffrey Bezos, le fondateur d'Amazon. Le journal va quitter ses bureaux du centre-ville pour s'installer dans des bâtiments plus modernes.
Donald Graham n'a pas caché son émotion, appelant les employés actuels et retraités par leur nom. Il fut salué par plusieurs discours et des standing ovations. Avant lui, c'est, à partir de 1946, son père Philip Graham qui dirigea le journal avant de sombrer dans l'alcoolisme et de se suicider en 1963. C'est la mère de Donald, Katharine Graham (photo Reuters) qui prit alors les rênes du quotidien. Elle en devint la présidence du Conseil d'administration en 1973. Elle joua un rôle important en soutenant le travail d'investigation des journalistes Bob Woodward et Carl Bernstein qui révélèrent le scandale du Watergate ayant mené à la démission du président Richard Nixon. Elle était déjà à la tête du "Post" quand furent publiés, en 1971, les "Pentagon Papers" remis par un lanceur d'alerte, Daniel Ellsberg.
Lors d'une allocution prononcée lundi soir, Donald Graham l'a avoué: il n'était pas toujours facile d'être comparé à sa mère, une figure majeure du journalisme américain de l'après-guerre qui était ami des Kennedy, de Lyndon Johnson et autre Nancy Reagan.