Il y a trois semaines, le Sénat a échoué à adopter la moindre loi pour durcir le contrôle des armes aux Etats-Unis malgré la fusillade de Newtown (26 morts, dont 20 enfants). Le président Barack Obama, en présence des familles des victimes de l'école primaire de Sandy Hook, a déclaré qu'il n'abandonnait pas le combat. Parmi les mesures qui étaient proposées figuraient les vérifications des antécédents judiciaires et psychiques des acheteurs d'armes.
A observer ce qu'il se passe sur Internet, les partisans d'un durcissement de la législation en matière de port d'armes, c'est plutôt mal parti. La semaine dernière, des instructions permettant de fabriquer soi-même un pistolet grâce à la technologie d'impression en 3D se sont répandues comme une traînée de poudre sur le Web. Le guide en question a été téléchargé plus de 100 000 fois. Les promoteurs de cette technologie 3D pour se fabriquer son propre pistolet ont une philosophie claire: si les policiers, si les militaires peuvent avoir des armes, tout le monde doit pouvoir en avoir. Autant dire que le message sape entièrement la volonté d'imposer à tout acheteur des vérifications d'antécédents. Pour l'heure, près de 40% d'entre eux échappent à ces contrôles, car ils achètent leur arme lors de foires ou par Internet. Avec la technologie 3D, le contrôle devient totalement illusoire. Les promoteurs de la fabrication du pistolet à partir de la technologie 3D (une telle imprimante se vend à partir de 1000 dollars) avancent un autre argument: la liberté d'Internet et l'accès à la technologie.
Inquiet des conséquences juridiques de la présence sur un site américain de telles instructions, qui pourraient contribuer à violer les lois d'exportation d'armes à feu, le Département d'Etat américain a sévi jeudi dernier. Mais, comme le souligne le blog The Lede, la mesure est venue beaucoup trop tard. Le guide a déjà été téléchargé et repris par de multiples sites. Une loi existe à propos des armes à feu en plastique, mais elle ne semble pas couvrir ce type d'objet.