Les Américains sont moins mobiles

000_147883234Les Américains (photo Joe Raedle/AFP) ont toujours eu la réputation, confirmée d'ailleurs par les faits, d'être très mobiles. Comparés aux Européens, ils ont longtemps montré une grande flexibilité pour alller trouver du travail ailleurs dans le pays. Jusqu'ici, il était courant d'entendre de la part d'une famille américaine qu'elle avait déménagé cinq fois au cours des quinze dernières années.

En 2011, les Américains ont été 3,9%, soit 11,8 millions, à avoir décidé de se déménager (au minimum) dans un autre comté que celui dans lequel ils habitent. La mobilité est en reprise par rapport au niveau de 2009 et 2010 (3,5%) quand le pays était frappé par la récession. Ce sont les derniers chiffres d'un récent recensement. Pour le Wall Street Journal, cette légère progression est la preuve que la récession est bien surmontée et que les citoyens américains recommencent à se déplacer pour aller chercher un travail plus intéressant.

Ces chiffres tranchent toutefois avec l'Amérique des quatre décennies d'après-guerre, où le taux d'Américains qui déménageaient dans d'autres comtés ou plus loin s'élevait à 7,1% en 1951 et à plus de 6% jusqu'en 1991. La mobilité des Américains s'est fortement ralentie dans les années 1990 et s'est effondrée dans les années 2000. Avec 3,9% toutefois, elle est toujours deux fois plus forte qu'en Italie, Grèce ou Pologne, estime le WSJ. Mais elle rejoint désormais celle de la France et du Royaume-Uni.

Le recul de la mobilité s'explique apparemment par deux facteurs principaux. La population vieillit et les personnes âgées sont moins disposées à changer de domicile. De plus, le nombre de foyers où les deux conjoints travaillent s'est multiplié, rendant un déménagement plus difficile. Par ailleurs, le fait de changer d'employeurs n'est plus le garant d'une hausse de salaire. L'intérêt de déménager pour des raisons professionnelles perd ainsi un peu de son attrait.

Selon les économistes Sam Schulhofer-Wohl, de la Réserve fédérale du Minnesota et Greg Kaplan de l'Université de Princeton, cette baisse de la mobilité n'est pas forcément un indicateur négatif. Pour eux, cela révèle que les économies régionales se sont beaucoup diversifiées et offrent une variété plus grande d'emplois.

Les Etats qui ont le plus bénéficié de la mobilité des Américains sont la Floride et le Nevada. La population de ces deux Etats a augmenté notamment en raison de l'arrivée de retraités. Au niveau professionnel, le Dakota du Nord a assisté à un afflux massif d'Américains en quête d'un travail très rémunérateur. L'Etat connaît un extraordinaire boom du pétrole extrait par fracturation hydraulique des formations géologiques de schiste. L'afflux est tel que beaucoup de citoyens venus dans ce nouvel Eldorado logent parfois dans des Eglises ou au pire dans leur voiture, faute d'infrastructures d'accueil suffisantes.

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