Aujourd'hui, les tensions entre Washington et Téhéran ont rarement été aussi fortes. D'un côté, le régime iranien continue d'enrichir de l'uranium à des fins que beaucoup jugent militaires. De l'autre, Washington a tout fait à l'ONU à New York pour imposer les sanctions les plus dures jamais appliquées à la République islamique. Avec Israël, les Etats-Unis ont aussi entamé une guerre cybernétique en développant un virus informatique, Stuxnet, qui a dévasté une partie des installations nucléaires iraniennes.
Et pourtant, dans un reportage remarquable que vient de diffuser la chaîne publique PBS (Public Broadcasting Service) intitulé The Iranian Americans, on y découvre la manière dont des dizaines de milliers d'Iraniens qui ont quitté leur pays à l'époque de la révolution, en 1979, se familiarisent avec la société américaine. Un interlocuteur ne s'en cache pas: la plupart des Iraniens immigrés avaient longtemps une "suitcase mentality". Ils n'étaient pas prêts à défaire leurs valises, sûrs qu'un jour ils retourneraient au pays. Une Iranienne, dont les enfants sont nés aux Etats-Unis, qui y a fait ses études et qui se sent très bien en Amérique, rêve néanmoins de retourner dans son pays. Elle n'a pour l'heure toujours pas pu se rendre sur la tombe de sa mère décédée voici 21 ans. Et son père, qui vit toujours en Iran, est âgé de 94 ans.
Ce qui a frappé une bonne partie des immigrés iraniens, c'est la notion de famille qui n'est pas du tout la même aux Etats-Unis. Pour les Iraniens, elle est centrale. Quand ils sont arrivés aux Etats-Unis, tout le monde ne les a pas accueillis les bras ouverts. Sur les routes, des slogans disaient: "Iranians go home". Aujourd'hui, ils sont très intégrés. Jimmy Delshad, qui quitta Shiraz à l'âge de 19 ans, en est l'un des exemples les plus parlants. Il est devenu le premier maire irano-américain des Etats-Unis, à Beverly Hills. Juif persan, il estime que les Iraniens ont bien réussi dans le monde de l'économie, mais qu'ils se doivent de s'impliquer dans la vie politique américaine.
Culturellement, Firouz Naderi, ingénieur à la NASA, ne s'est jamais vraiment demandé s'il était plus Iranien ou plus Américain. "Je suis comme un œuf brouillé", dit-il. Il se sentait d'ailleurs plutôt distant de la culture iranienne jusqu'en 2000. A cette date, il devint le chef du programme spatial de Mars élaboré par la NASA. La nouvelle lui valut une avalanche de réactions d'Iraniens d'Iran, mais aussi de la diaspora qui exprimaient à quel point ils étaient fiers de voir l'un des leurs accéder à un poste aussi prestigieux. Le phénomène lui fit prendre conscience de son iranité.
Voici un extrait du reportage de PBS: