Bien que les républicains aient boycotté l'enquête de trois ans menée par la Commission des renseignements du Sénat, celle-ci a néanmoins adopté, jeudi 13 décembre, un rapport de 6000 pages sur les techniques d'interrogation de la CIA utilisées avec des terroristes présumés. Mais le rapport, le plus complet sur les pratiques de la CIA dans la lutte contre le terrorisme, reste pour l'heure classifié.
Directeur général de Human Rights Watch, Kenneth Roth le souligne: "Le rapport du Sénat est d'une importance monumentale étant donné les nombreuses déclarations peu étayées précisant que la torture était indispensable aux succès des renseignements américains." Et Kenneth Roth d'ajouter: "Ce n'est qu'en publiant les faits et en comprenant les erreurs passées que les décideurs politiques pourront garantir que de telles politiques de sécurité nationale illégales et destructrices ne soient plus jamais menées."
La présidente de la Commission du Sénat, Dianne Feinstein a déclaré à l'issue du vote:"Je crois fermement que la création de "sites noirs" clandestins de
long terme et l'utilisation de techniques d'interrogation musclées ont
été de terribles erreurs" (photo: un détenu après une séance d'interrogation sur la base américaine de Guantanamo, Cuba/Marc Serota/Reuters). La démocrate californienne a également estimé, à titre personnel mais sur la base du
rapport d'enquête, que l'utilisation de ces techniques, notamment celle
de la simulation de noyade, n'avait pas conduit à des renseignements
ayant permis de localiser Oussama ben Laden, tué en 2011 au Pakistan
lors d'un raid des Navy Seals, des troupes d'élite américaines.
Le rapport va désormais être remis à des responsables de l'administration Obama qui devront décider de la déclassification ou non du document. Lors du vote à 9 sénateurs contre six, tous les républicains sauf un ont voté contre l'adoption du rapport. Dans le camp républicain, certains estiment que la torture, la simulation de noyade par exempe, reste un moyen efficace pour obtenir des informations précieuses de terroristes présumés, même si le rapport dit le contraire. Quand Oussama ben Laden, le chef d'Al-Qaida fut capturé et tué, le 1er mai 2011, l'ex-vice-président de George W. Bush, Dick Cheney, s'était empressé de déclarer que le succès de l'opération avait été rendu possible grâce à la torture.