Romney, l’art difficile de la communication

C'est le geste qui laisse pantois tous ceux qui suivent la campagne électorale: vendredi, le candidat républicain Mitt Romney (photo Mangel Ngan/AFP) a
Romneympublié sa déclaration d'impôts pour 2011. Sous pression, il avait déjà dû publier celle de 2010 au cours des primaires républicaines. Qu'y apprend-on? Qu'il a été imposé à un taux de 14,1% et que s'il avait procédé aux déductions auxquelles il avait droit en versant plusieurs millions à des oeuvres caritatives, il aurait été soumis à un taux d'imposition inférieur à 10%. Rien de nouveau donc. La déclaration précédente révélait un taux d'imposition de 13,9%, soit à peu près la moitié moins que ce que paie l'Américain moyen.

Maisalors pourquoi la publier maintenant? Tout le monde avait plus ou moins laissé de côté le fait qu'il n'était pas prêt à publier les déclarations des huit dernières années à l'image de ce qu'avait fait son père en 1968 alors qu'il était candidat à l'investiture républicaine. Certains avancent que du moment que les commentateurs parlent des errances de Mitt Romney, autant donner toutes les mauvaises nouvelles maintenant. Mais l'argument est peu convaincant. Etait-ce une manière de détourner l'attention, de rebondir après les deux semaines calamiteuses qu'il a connues (déclarations intempestives sur les incidents du Caire et de Libye, vidéo réalisée en caméra cachée révélant que Mitt Romney n'a pas à se soucier des 47% d'Américains qui dépendent de l'Etat, qui sont des victimes et qui vont de toute façon voter pour Barack Obama)? Ce faisant, non seulement il n'empêche pas les médias et la campagne Obama d'exploiter encore et toujours les propos de la vidéo tournée lors d'une collecte de fonds à huis clos, mais il donne aussi aux démocrates le fouet pour se faire battre. Il montre une nouvelle fois qu'il est déconnecté de l'Américain moyen.

En termes de communication, Mitt Romney n'a pas été très habile non plus en utilisant un pourcentage (100%) pour dire à quel point il se souciait de toute l'Amérique. C'était une manière de répondre directement à sa gaffe des 47%. Quand à son équipe de campagne, divisée et dominée par Stuart Stevens aujourd'hui sous le feu des critiques, elle semble annoncer chaque semaine qu'elle va relancer la campagne. A force de la relancer toutes les deux semaines, le message essentiel du candidat républicain se perd. Au café près de chez moi à New York, un habitué, démocrate, juif new-yorkais, a tout déballé vendredi: "Mitt Romney n'a pas de colonne vertébrale. Il dira tout ce que son audience souhaite, quitte à dire exactement le contraire devant un autre public. C'est le plus mauvais candidat républicain depuis longtemps."

BarackPendant ce temps, le président Barack Obama tenait un meeting électoral à Milwaukee dans le Wisconsin. Beaucoup disent que la victoire le 6 novembre dépend de lui-même, de sa capacité à remobiliser les foules malgré certaines promesses non tenues. Samedi dans le Wisconsin, le démocrate (photo Scott Olson/Getty Images/AFP) a montré sans doute la meilleure facette de sa personnalité: son allocution était teintée d'humour, traduisait un populisme mesuré, était marquée par des piques bien choisies contre son adversaire et traduisait une aisance indubitable.

Visiblement, Barack Obama aime être en campagne électorale. Son discours à Milwaukee était meilleur que celui qu'il avait prononcé lors de la convention démocrate de Charlotte. A ce stade, il faudrait une très mauvaise nouvelle sur le front de l'économie ou de la politique étrangère pour que Barack Obama ne réussisse pas à conquérir un second mandat.

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