“Nous regrettons les pertes subies par l’armée pakistanaise. […] Nous nous engageons à collaborer étroitement avec le Pakistan et l’Afghanistan pour que ce genre de tragédie ne se reproduise plus.” La déclaration est de Hillary Clinton (ici aux côtés du secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, lors du sommet sur la Syrie à Genève/Laurent Gillieron/AFP), la secrétaire d’Etat américaine qui ne cesse de débloquer des situations diplomatiques délicates.
On connaît le rôle décisif qu’elle a joué l’an dernier au moment de l’intervention en Libye sous l’égide de l’ONU, de l’OTAN et de la Ligue arabe. Elle a récemment réussi à se sortir d’une situation extrêmement inconfortable en Chine en négociant avec les responsables chinois le droit pour le dissident Chen Guangcheng d’aller étudier le droit à la New York University. Mardi, Hillary Clinton a mis fin à sept mois de crise diplomatique entre Islamabad et Washington en raison d’une bavure des forces aériennes américaines qui causa la mort de 24 soldats pakistanais. Elle a présenté ses excuses au nom de l’Amérique. La réaction pakistanaise ne s’est pas fait attendre. Islamabad a sans délai rouvert la route de transit utilisée par l’OTAN pour se rendre en Afghanistan. Cela permettra aux Etats-Unis d’économiser environ 100 millions de dollars par an, soit le coût engendré par la nécessité d’emprunter une autre route par l’Asie centrale.
Le ministre pakistanais de l’Information, Qamar Zaman Kaira, s’est félicité du fait que son pays ait réussi à inciter la première puissance mondiale à présenter ses excuses. L’administration américaine va maintenant exhorter le Congrès à lever la suspension des fonds de 1 milliard de dollars destinés aux opérations antiterroristes menées par le Pakistan. On peut toutefois imaginer raisonnablement que Mitt Romney va sauter sur l’occasion pour déplorer que l’Amérique s’excuse un peu partout à travers le monde. A ses yeux, la plus grande nation sur terre n’a pas à s’excuser.
Quant à Hillary Clinton, la patronne de Foggy Bottom est capable de faire coopérer Arabes, Russes, Chinois et Occidentaux pour intervenir en Libye, de discuter calmement avec les autorités chinoises pour trouver une solution au cas Chen, de tenir un discours quasi révolutionnaire devant le Conseil des droits de l’homme pour défendre les droits des homosexuels. Elle sait aussi se montrer très dure envers l’Iran et présenter ses excuses quand les intérêts américains l’exigent. Y a-t-il une meilleure définition d’une diplomatie efficace?