Boire de l'alcool tout en siégeant à la Maison-Blanche, est-ce compatible? Le chroniqueur Timothy Egan, du New York Times, a tenté d'y apporter une réponse en analysant le rapport de plusieurs présidents à la dive bouteille. La question est d'actualité, car si Barack Obama ne refuse pas de boire une bière au Ray's Hell Burger d'Arlington avec le désormais ex-président russe Dmitri Medvedev ou dans un pub irlandais de Washington lors de la Saint-Patrick, Mitt Romney ne s'y aventurerait pas. Mormon, il est soumis à l'interdiction de boire de l'alcool. La seule incartade qu'il se permit fut dans son adolescence où il goûta une bière.
Timothy Egan se demande si un bon président est forcément un abstinent. La réponse est plutôt négative. George W. Bush, qui fut, dans sa jeunesse, un gros buveur invétéré, renonça au verre de vin une fois président. Il n'est pas sûr que cela lui ait réussi. Comme le dit le chroniqueur, l'abstinence peut aussi être synonyme de rigidité intellectuelle et de manque d'ouverture d'esprit.
Jimmy Carter boit maintenant un peu de vin. Mais quand il était à la Maison-Blanche, il ne jurait que par le thé. Sa présidence, même si la question continue d'être débattue, n'a pas été la plus reluisante du XXe siècle. Dans ses Mémoires, Ted Kennedy, qui fut célèbre pour ses excès d'alcool dans les années 1980, souligne à quel point il était frustrant de constater que toutes les liqueurs avaient été évacuées de la Maison-Blanche.
L'exemple le plus parlant est sans doute William Howard Taft, d'une sobriété sans égale. Mais sa présidence fut une catastrophe et Taft lui-même l'acheva pesant jusqu'à 160 kilos. Herbert Hoover disposait d'une magnifique cave, mais celle qui allait devenir la First Lady s'en débarrassa avant que Hoover n'entame son premier et seul mandat.
Et puis il y eut Franklin Roosevelt (photo Files/AFP), que beaucoup considèrent aujourd'hui encore comme l'un des meilleurs présidents du XXe siècle. Il adorait le Martini. Cela ne l'a pas empêché de surmonter la Grande Dépression et de vaincre les nazis. Avant la prohibition, il se fit livrer tout un stock de bouteilles dans sa maison de New York. Même les pères fondateurs de l'Amérique n'étaient pas en reste. John Adams siphonnait des litres de cidre corsé et George Washington était un inconditionnel du madère. Thomas Jefferson savourait le Chianti, les bordeaux et bourgogne. Quant à Abraham Lincoln, il condamnait les abus, mais possédait lui-même un commerce de vins. Une modération que n'avait pas Ulysses Grant, un alcoolique invétéré.