On l'avait un peu oublié. Un peu seulement. L'ancien vice-président des Etats-Unis Dick Cheney va bien, ou plutôt mieux. Il a subi voici trois semaines une transplantation du coeur qu'il attendait depuis plus de vingt mois. Et samedi dernier, ses médecins l'ont autorisé à tenir une allocution publique (photo: Reuters: Dick Cheney de retour à la maison après la transplantation du 24 mars).
Preuve que le changement d'organe n'a pas altéré le vrai Cheney, ce dernier s'en est rapidement pris à Barack Obama lors de la convention républicaine dans l'Etat du Wyoming, samedi dernier. Parlant du président américain, il a tenu ces propos: "Il a été un désastre absolu pour ce pays." Son discours a duré une heure et quart et Dick Cheney n'a pas montré de signes ostensibles de fatigue.
Or pour ceux qui l'auraient oublié, Dick Cheney a sans doute été le vice-président le plus puissant et influent de l'histoire des Etats-Unis. Il a eu une emprise considérable sur le président George W. Bush. Pour Cheney, les simulations de noyade, pratiquées à large échelle dans les années Bush pour forcer les terroristes présumés à donner des informations aux autorités américaines, sont aujourd'hui tout à fait acceptables. Ce sont finalement elles qui ont permis de mettre la main sur Oussama ben Laden. Dick Cheney, c'est aussi celui qui a poussé à l'intervention en Irak, où son ancienne société dont il fut le président et directeur général de 1995 à 2000, Halliburton, avait d'importants intérêts à défendre. Le vice-président avait développé l'argumentaire autour des armes de destruction massive qu'aurait possédées Saddam Hussein. Il n'en fut rien et Dick Cheney fut un des artisans de l'un des plus grands mensonges de la politique américaine.
Dick Cheney a non seulement assumé dans les coulisses la direction du pays. Il l'a presque assumée de facto un certain 11 septembre 2001 quand George W. Bush était mis sous protection hors de Washington. Aujourd'hui, personne ne sait si le donneur du coeur qui bat dans la poitrine de Dick Cheney était démocrate ou républicain, libéral ou néo-conservateur. On espère simplement pour lui qu'il n'était pas opposé à la guerre en Irak.