C'était un moment très attendu, mais aussi très risqué pour le président américain. Dimanche, Barack Obama s'est adressé à l'Aipac, l'American Israel Public Affairs Committee, le principal et puissant lobby juif de Washington, alors que l'Iran est devenu l'un des dossiers les plus chauds de l'agenda international. Mis sous pression par Israël qui menace de procéder à des frappes contre les installations nucléaires iraniennes et par les républicains qui estiment que la Maison-Blanche joue l'apaisement avec Téhéran, Barack Obama a discouru en Realpolitiker. Il a rassuré l'Etat hébreu du soutien (technologique, militaire, sécuritaire) de l'Amérique et fait passer le message qu'il serait contre-productif d'attaquer l'Iran maintenant. Il s'est insurgé contre la rhétorique belliqueuse de ces dernières semaines qui va à l'encontre des intérêts des Etats-Unis.
Pour le président, l'intervention relevait d'enjeux sécuritaires et diplomatiques, mais aussi électoraux. Sécuritaires car un Iran nucléaire compliquerait fortement la donne régionale. Diplomatiques car les relations entre le président américain et le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou sont loin d'être excellentes. Electoraux enfin parce que le vote juif est important même si la communauté ne représente que 2% de la population américaine. Il l'est particulièrement dans les Etats non clairement identifiés républicains ou démocrates (swing States) tels que la Floride et la Pennsylvanie. Abordant la question israélo-palestinienne, Barack Obama a rappelé la nécessité, pour qu'une paix solide soit possible, d'avoir deux Etats côte à côte, israélien et palestinien. Pour ne pas provoquer un nouveau tollé en pleine année électorale, il s'est toutefois gardé de parler des frontières de 1967.
De son côté, le favori à l'investiture républicaine Mitt Romney continue de fustiger la politique iranienne de la Maison-Blanche. Mais visiblement, les critiques semblent faire fi de la réalité.