La contraception et la religion ne font pas bon ménage aux Etats-Unis. Le président Barack Obama s'est vu contraint d'édulcorer une décision qu'il a prise dans le cadre de la réforme de la santé promulguée en 2010. Il avait initialement imposé à des institutions religieuses comme des universités ou des hôpitaux de rembourser, à partir d'août 2013 aux femmes employées par ces mêmes organisations les frais de contraception.
Certains catholiques, dont la Conférence des évêques, sont tout de suite montés au créneau pour dénoncer cette mesure qui violerait la liberté de conscience des établissements religieux. Les évangéliques et d'autres mouvements religieux se sont aussi insurgés contre la réforme. Vendredi, la Maison-Blanche a atténué son plan en laissant libres ces institutions religieuses de rembourser ou non les mesures de contraception. Mais elle exige des assureurs maladie qu'ils remboursent ces mêmes frais à leur place. Le compromis devrait satisfaire une partie de l'Eglise catholique.
Les milieux conservateurs et le Parti républicain ont saisi la balle au bond. Ils accusent Barack Obama de violer le 1er Amendement et de déclarer une "guerre de religion". Fox News y a consacré une bonne partie du vendredi soir pour dénoncer le sécularisme de l'Administration Obama qui fait fi de la liberté de religion. Les réactions sont aujourd'hui même plus vives qu'au moment de la publication de l'arrêt de la Cour suprême intitulé Roe vs Wade en 1973 légalisant l'avortement.
Des femmes catholiques ou évangéliques se sont associées à ce combat contre Barack Obama. Mais elles sont minoritaires. Une grande majorité de femmes approuvent les mesures contraceptives et sont favorables à la réforme d'Obama. Selon diverses études, 98% des femmes catholiques ont recouru un jour ou l'autre à la contraception.
L'enjeu de cette bataille médico-religieuse est très politique. Pour l'élection présidentielle américaine de novembre 2012, le vote hispanique sera capital et la communauté hispanique tend à être plutôt catholique et plutôt conservatrice en matière d'avortement et de contraception. La levée de boucliers contre la décision de l'administration Obama est d'autant plus étonnante que 28 Etats sur 50 imposent déjà le remboursement des moyens de contraception pour les femmes.