C’est peut-être un détail pour vous

Un souvenir, en passant, en cette rentrée littéraire: il y a quelques années, lectrice compulsive en visite au Livre sur les quais, à Morges, je discute avec une écrivaine sur la richesse de la littérature francophone. Disponible et passionnante, elle m’explique qu’elle est originaire du Cameroun et qu’elle est établie en France.

Si je devais commencer par un livre d’elle, que me conseillerait-elle? “Celui-ci”, répond-elle aussitôt, me désignant “Contours du jour qui vient” – qui sera pour moi une secousse sismique littéraire.

“Et vous, vous écrivez?” s’enquiert-elle. “Oui mais je ne termine jamais rien”. “Ce n’est pas une excuse! Écrivez! Écrivez!”, me lance-t-elle, persuasive. Cette écrivaine, c’était Léonora Miano.

Cette année, j’ai l’immense honneur de figurer parmi les autrices et les auteurs invités. Au côté de Léonora Miano.

Vue des guérites, non loin de la tente du Livre sur les quais, Morges
Les guérites de Morges (c) Emmanuelle Robert

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.

3 réponses à “C’est peut-être un détail pour vous

  1. Ce ne serait pas un détail si vous nous disiez ce que vous avez aimé à la lecture de « Contours du jour qui vient ». Mais bon, ce n’est peut-être pas réellement un détail. L’autre jour, aux caisses de la Migros, une fillette m’a dit très fort : « Demain j’irai à la plage, ça c’est le ballon que je prendrai pour jouer ! » Elle riait, sa mère avait un sourire heureux, mois aussi en croisant leurs regards à toutes les deux. Il y a des brefs moments de bonheur qui ont la taille du bonheur entier !

    1. Vous avez raison! Il me faudrait des pages et des pages pour parler de “Contours du jour qui vient”. Ce livre m’a apporté la preuve qu’on peut tout dire dans un roman, tout aborder et qu’on peut aussi donner la parole aux personnes les plus vulnérables, celles qui sont sans voix, sans tomber dans le misérabilisme et la mièvrerie. Léonora Miano a écrit un livre éclatant et plein d’humanité, avec des femmes fortes et une fillette qui n’est pas partie pour réussir dans la vie mais qui fera, malgré tout son chemin. Un livre appelé à devenir un classique car il raconte l’histoire universelle de l’espoir et de la résilience.

  2. @ Mme Emmanuelle Robert

    Merci de votre écho. Après ce que vous transmettez de ce livre, j’irai l’acheter aussi vite que mon paquet de cigarettes. Et puis pour les manuscrits « que vous ne terminez jamais », permettez-moi de parler des miens : ce sont des nouvelles où les personnages me parlent depuis leur monde, je me dépêche d’écrire, puis subitement ils se taisent. C’est la fin heureuse ou triste, je continue à penser à eux…

    J’ai donné quelques-unes de ces nouvelles à lire à des amis ou des inconnus, et ne savais ensuite que penser tant les réactions étaient opposées : « Oh c’était si beau ! », « Depuis longtemps je ne me suis plus sentie à ce point dépressive, le lendemain j’avais comme un gros caillou sur la tête… », « Vous avez su dire pourquoi la fille de votre histoire était triste, moi je n’arriverais jamais… » Et le couple qui était juste à côté, et avait aussi lu la nouvelle : « Euh… Pour nous c’est trop compliqué, on doit s’accrocher pour savoir si ces personnes sont dans un rêve ou la réalité, ou alors on devient nous aussi fous ! » Mais c’est surtout la dernière remarque que l’adolescente m’a discrètement glissé que je désire vous transmettre : « Moi j’ai beaucoup aimé, eux ils n’ont rien compris, c’est normal ils sont trop bêtes. Je me réjouis de lire la suite ! »

    (Excusez-moi pour ce trop long commentaire, des fois je parle sans fin).

Les commentaires sont clos.