Derrière les barreaux, le président du Freedom Theatre

S’appeler le Théâtre de la Liberté (Freedom Theatre) en plein camp de réfugiés de Jénine (Territoires occupés), c’est gonflé. Et pourtant, ce théâtre existe. En septembre dernier, son président Bilal Al-Saadi a été arrêté par l’armée israélienne et placé en détention administrative, provoquant l’indignation de diverses ONGs.

Depuis 2006, le Freedom Theatre initie aux arts de la scène enfants et adolescents et adultes de l’immense camp de réfugiés de Jénine, leur ouvrant des horizons insoupçonnés. On se l’imagine, faire vivre un tel lieu d’expression libre n’a rien d’un long fleuve tranquille et attire aussi bien les foudres de l’armée israélienne que celles des groupes islamistes, quand ce n’est pas de l’Autorité palestinienne elle-même.

Arrêté à un check-point

Pourquoi je vous raconte cela? Parce que le président de ce lieu culturel hors du commun a été arrêté le 11 septembre dernier par l’armée israélienne, à un check-point, alors qu’il revenait d’une réunion au ministère palestinien de la culture à Ramallah.

Le 22 septembre, Bilal Al-Saadi a été placé en détention administrative pour une durée de six mois, sans procès et sans qu’on sache quelles charges sont retenues contre lui. On ignore aussi quel sera l’impact de sa détention pour le théâtre qu’il dirige.

PEN America, organisation de défense de la liberté d’expression, connue pour ses prix littéraires, a condamné cette mise en détention dans un communiqué.

Le Freedom Theatre a une histoire marquée par les évènements tragiques. Fondé en 1990 par la pacifiste israélienne Arna Mer-Khamis, il a été fermé et détruit par l’armée israélienne en 2002, en pleine Deuxième Intifada. En 2006, l’acteur israélien (et fils d’Arna) Juliano Mer-Khamis, l’a recréé et rouvert, entouré d’une équipe d’artistes palestiniens. Il a été abattu en pleine rue, à Jénine, en 2011, dans des circonstances qui demeurent troubles.

Pour en savoir plus: le site Web du Freedom Theatre (en anglais).

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.