De la fondation d’Israël au combat pour les droits des Palestiniens, le destin de Hava Keller

C’était une sacrée bonne femme, Hava Keller. Cette figure du combat pour la paix au Proche-Orient s’est éteinte à 90 ans, au tournant de l’an, le 31 décembre. Il y aurait de quoi écrire un roman sur celle qui a participé, les armes à la main, à la fondation de l’État d’Israël avant de devenir l’infatigable défenseuse des droits des Palestiniennes  et des Palestiniens. Elle était une des fondatrice du mouvement féministe et pacifiste israélien Femmes en noir, qui manifeste chaque semaine contre l’occupation des Territoires.

Le photojournaliste Oren Ziv lui a rendu hommage dans le magazine en ligne indépendant +972. La militante a également eu les honneurs du Jerusalem Post qui souligne son destin peu banal.

Née en 1929 à Łódź, en Pologne, Hava Keller fuit le pays avec sa famille, aidée par des amis allemands, en 1939, D’abord en Lituanie, puis, peu avant l’occupation nazie des Pays baltes, vers Tel Aviv. Dans ce qui est alors la Palestine, Hava Keller rejoint la Hagana, organisation paramilitaire sioniste qui est l’ancêtre, avec d’autres milices, de l’armée israélienne. Elle est arrêtée à plusieurs reprises par les Anglais, alors qu’elle colle des affiches politiques. Dans les rangs de la Hagana, elle participe notamment à la conquête de Saint-Jean d’Acre. En 2006, elle témoigne de ce qu’elle a vu:

Après l’indépendance, retour à la vie “civile” pour Hava Keller qui se marie – elle est la mère du pacifiste israélien Adam Heller, cofondateur de Gush Shalom, le “Bloc pour la paix”. La destruction du village palestinien de Sumayriyyah, près duquel elle a contribué avec son mari Ya’akov à fonder le kibboutz Sarr, provoque chez elle une prise de conscience et le rejet du sionisme, racontera-t-elle plus tard.

Féministe, engagée à gauche, Hava Keller intensifie son militantisme au début des années 80, lors de la guerre du Liban. Lorsqu’éclate la première Intifada en 1988, elle fonde les Femmes pour les prisonniers politiques, qui manifesteront toutes les semaines devant la prison de Hasharon. Son combat pour les prisonnières palestiniennes, auxquelles elle apporte aussi des vêtements chauds et autres produits de première nécessité, est alors connu loin à la ronde, y compris du “terroriste” Yasser Arafat, exilé à Tunis.

Malgré une santé défaillante, Hava Keller a continué de manifester chaque semaine, en particulier avec les Femmes en noir, à Tel Aviv, mais également lors de rassemblements en Cisjordanie ou, en Israël, pour plus de justice sociale.

À sa demande, Hava Keller a été incinérée. Ses cendres ont été dispersées au large de Tel Aviv.

Emmanuelle Robert

Après des études de lettres et un parcours de journaliste, Emmanuelle Robert a travaillé dans la coopération au développement. Active dans la communication (le jour), elle écrit (la nuit) et est l'auteure de Malatraix (Slatkine, Genève, 2021). Elle est aussi coach professionnelle et amatrice de course à pied.

5 réponses à “De la fondation d’Israël au combat pour les droits des Palestiniens, le destin de Hava Keller

  1. Sans connaitre ni minimiser le destin de cette grande dame, il faut bien avoir le courage de reconnaître que les glorieux vainqueurs de WWII se sont trompés et après l’odieuse Shoah, on pourrait le comprendre (bien que l’odeur du pétrole était déjà perceptible, si si).
    Mais coloniser la Palestine n’est pas acceptable et contre toutes les règles internationales.

    Faut-il rappeler que les dits vainqueurs ne voulaient pas des juifs sur leurs terres`?
    Ils auraient été beaucoup plus tranquilles aux USA ou en Argentine, mais on ne refait pas l’histoire…

    Ils me semblent simplement qu’ils soient malheureusement en train de répéter l’histoire et avec l’emprise chinoise au Mideast, je ne sais pas, mais…????

    Tant qu’ils bénéficient de l’appui des bigots évangélistes américains, ils seront en sursis, mais le rustre blond n’en a plus pour longtemps, quatre ans max.

    1. P.S. (Ce commentaire m’est venu en regardant le programme de ARTE)

      Je précise que je n’ai rien contre les juifs, les arméniens, les rouandais, les ouìghours, autres Rohyingas ou encore palestiniens, mais je trouve que la shoah est devenu un outil de mkg du passé qui permet de commettre des crimes actuels.

      Alors là, je dis non!!!!

      1. P.S2. D’ailleurs la France en est la plus belle démonstration. Attention la Suisse cupide!

      2. Bonjour, je pense qu’il est dangereux de minimiser la Shoah et ce n’est d’ailleurs pas l’objet de ce billet. Je me permettrai d’effacer les commentaires tendancieux.

        1. Effacez, effacez, chère Emmanuelle, je ne minimise en aucun cas la Shoah.

          Je dis simplement que l’on ne peut plus critiquer la politique d’Israël contraire aux accords internationaux, sans être traité d’antisémite et ça CE N’EST PAS ADMISSIBLE, c’est une manipulation de l’opinion!

          (Votre réaction en est d’ailleurs bien la preuve)

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