The Walking Dead : stop ou encore ?

Alors que la saison 8 de The Walking Dead vient de débuter sous le feu croissant des critiques, nous avons listé trois spécificités qui rendent cette série indispensable. 

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The Walking Dead : Bande-annonce S01, Bande-annonce S08

Diffusion : AMC, RTS Un, OCS

L’histoire : Après une épidémie ayant transformé la quasi-totalité de la population en mort-vivants, un groupe mené par l’officier Rick Grimes tente de survivre dans un monde devenu hostile.

« When civilization ends, it ends fast. »

Dimanche 22 octobre était dévoilé sur AMC le season premiere et 100ème épisode de The Walking Dead. Bien qu’en légère baisse, l’audience continue à atteindre des niveaux stratosphériques. La série ne fait pourtant plus l’unanimité, les critiques soulignant les errances du scénario et une violence jugée gratuite.

Pourquoi dès lors continuer à suivre les aventures de Rick Grimes, alors que l’offre pléthorique invite plutôt à passer son chemin ? Les raisons sont multiples. Nous en avons retenu trois.

1. Un caviar pour les amateurs de nanar

Personnages caricaturaux, univers manicheéen, rhétorique binaire, The Walking Dead est un véritable caviar pour les amateurs de nanar. Jouant sur les codes visuels du western spaghetti et narratifs du soap-opera, la série se savoure à une vaste palette de degrés.

Mais ce que les fans accueillent comme des offrandes et que retiendra sans doute la postérité, ce sont les dialogues mononeuronaux – confinant à l’art – que les auteurs attribuent à certains personnages. À eux seuls, Rick Grimes et Abraham Ford assurent à la série sa place au panthéon des répliques cultes.

2. L’horreur, un genre libérateur

Adaptée de la bande-dessinée de Robert Kirkman, The Walking Dead est la première série à s’être essayée à un genre pour le moins clivant : l’horreur. Amateurs de frissons et d’hémoglobine ont plongé avec délice dans un récit au suspens savamment dosé, saupoudré de la juste dose de second degré, et que des scènes d’éviscération, sectionnement de carotide et écrasement de crâne – magnifiquement bruitées – viennent ponctuer de leur esthétique baroque.

Depuis la première saison, les auteurs jouent sur les nerfs des spectateurs, n’hésitant pas à faire disparaître des personnages principaux, comme l’autre série culte de la décennie : Game of Thrones. Un pari osé, mais qui concourt largement au succès de The Walking Dead.

Autre pari audacieux : la série effectue depuis deux saisons une gradation nette dans la violence, quitte à se défaire d’une partie de son public. Après une saison 6 ébouriffante (la meilleure de toutes), la saison 7 a ainsi débuté sur un épisode d’une barbarie insoutenable qui marquera l’histoire de la télévision.

« Shit, this is going to be fun. »

En jouant sans concession avec les codes de l’horreur, The Walking Dead remplit à la perfection sa fonction cathartique. Un gage de succès à une époque caractérisée par le politiquement correct.

3. Révéler la place du mal dans la société

Outre un effet exutoire salutaire, The Walking Dead offre une réflexion précieuse sur la fonction du mal dans la société. S’inscrivant dans une dialectique biblique (l’Apocalypse), la série n’a jamais été aussi éloquente que depuis qu’elle a introduit dans son champ le personnage de Negan (Jeffrey Dean Morgan), incarnation du mal absolu.

En une saison, Negan a accompli ce que personne n’avait réussi avant lui : briser le héros et, avec lui, toute une communauté.

C’est ici que The Walking Dead prend toute sa dimension politique et sociétale : avec davantage de subtilité que sa démesure ne le laisse entrevoir, la série décrit le processus complexe qui permet à un fou de mettre en place un système niant l’identité humaine.

À l’image des dirigeants des régimes totalitaires les plus sanguinaires, Negan n’a pas eu à se servir longtemps de sa batte de base-ball. C’est en mettant ses victimes au service de sa barbarie qu’il a réussi à prendre l’ascendant sur tout une communauté.

Laissant volontairement sur le bord de la route une partie du public, The Walking Dead a gagné ses lettres de noblesse en poussant le curseur de la violence jusqu’au vertige, se rapprochant d’une œuvre satirique elle aussi radicale : Orange mécanique de Stanley Kubrick.

Saison 8 : l’Éveil
Marquée par le choc, le dégoût et l’abattement – écho troublant à l’élection présidentielle américaine qui avait lieu durant sa diffusion, la saison 7 de The Walking Dead a fait place à une nouvelle ère, dominée par le courage et l’espoir.

Mis à terre par les coups de battes annihilants de son adversaire, Rick s’est relevé et, avec lui, la communauté enfin unifiée se prépare à défendre ses valeurs (par la force, cela va de soi). Démonstration brûlante d’actualité de la fonction du mal dans la société.

Dans un discours fondateur qui trouvera aisément sa place sur les réseaux sociaux, entre les citations de Gandhi et de Bouddha, Rick s’adresse aux siens :

“If we start tomorrow right now, everything we’ve beaten, everything we’ve endured, everything we’ve risen above, everything we’ve become… If we start tomorrow right now, no matter what comes next, we’ve won. We’ve already won.”

De quoi redonner aux troupes la force d’en découdre. Ce serait dommage de manquer ça.

Emilie Jendly

Emilie Jendly est spécialiste en communication et journaliste RP, de nationalité suisse et française. Passionnée de séries télévisées, elle présente ici les nouveautés à ne pas manquer. Spoil prohibé.

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