Mindhunter : dans la tête d’un tueur en série

La nouvelle série de David Fincher (House of Cards) raconte les origines du profilage criminel. Trois raisons de dévorer ce thriller diffusé depuis le 13 octobre sur Netflix. 

Si vous avez aimé : House of Cards, Bates Motel, True Detective

Mindhunter : Bande-annonce

Diffusion : Netflix

L’histoire : 1977. Deux agents de l’Unité des sciences du comportement du FBI parcourent les Etats-Unis pour enseigner les techniques de négociation aux services de police. Conscients que les méthodes d’analyse criminelle ne sont pas adaptées à la réalité de terrain, ils décident d’aller à la rencontre de tueurs en série incarcérés. En perçant leur psyché, ils espèrent pouvoir dresser le profil psychologique des auteurs de crime. Leurs travaux poseront les jalons du profilage moderne.

Mindhunter © Netflix

« You want truffles? You gotta get in the dirt with the pigs. »

1. Tirée d’une histoire vraie, l’intrigue est passionnante

Inspirée de l’ouvrage de John Douglas « Agent spécial du FBI : j’ai traqué des serial killers » paru en 1995, Mindhunter relate le parcours des agents de l’Unité des sciences du comportement du FBI qui ont mis sur pied les méthodes de profilage moderne.

John Douglas, l’agent spécial du FBI qui a inspiré la série. © DR

À la fin des années 70, les techniques d’analyse criminelle ont atteint leur limite. Des tueurs comme Charles Manson et Ed Kemper mettent le système en échec en commettant des séries de meurtres sans mobile apparent. Soucieuses de maintenir l’ordre, les autorités judiciaires mettent ces « fous » à l’ombre sans chercher à comprendre ce qui a pu motiver leur geste.

« It’s not our job to commiserate with these people. It is our job to electrocute them. »

Jeune agent idéaliste et visionnaire, Holden Ford (Jonathan Groff) est persuadé que l’analyse du profil psychologique est déterminante pour résoudre les affaires criminelles. Une entrevue en prison avec « l’Ogre de Santa Cruz », Ed Kemper (extraordinaire Cameron Britton), le conforte dans l’intuition qu’on ne naît pas meurtrier, on le devient.

© Netflix

Bientôt rejoint par l’agent Bill Tench (Holt McCallany) et la docteure en psychologie Wendy Carr (Anna Torv), Holden Ford va sillonner le pays pour aller à la rencontre de ces meurtriers incarcérés qui n’aiment rien tant que disserter sur leurs crimes ; des hommes terrifiants que l’équipe désigne sous nouveau terme : tueur en série.

En perçant la psyché d’Ed Kemper, Richard Speck ou Jerry Brudos, les agents spéciaux vont acquérir les outils méthodologiques leur permettant de résoudre les crimes non élucidés qui se présentent sur leur route. Un parcours initiatique fascinant qui tient en haleine, de la première à la dernière minute de cette première saison.

2. La mise en scène est virtuose

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Les amateurs de l’univers de David Fincher peuvent se réjouir : le réalisateur de Seven, The Social Network et Zodiac a tourné quatre épisodes de la S01 de Mindhunter et marque la série de son empreinte. Photographie glacée, plans hitchcockiens, montage d’orfèvre : la mise en scène est virtuose.

Toujours brillantissimes chez David Fincher, les scènes de dialogue insufflent une tension palpable voire insoutenable au récit, grâce au placement de la caméra et un travail maniaque de post-production qui n’ont rien à envier au génie de Stanley Kubrick.

Mais visionner une œuvre de David Fincher, c’est aussi assister à une progression méticuleuse – souvent labyrinthique – de l’intrigue, des sous-sols à la lumière, des mystères de la psyché à la délivrance du sens.

3. La série renvoie un reflet dérangeant

© Netflix

À mille lieux des séries qui stigmatisent les criminels et les maintiennent à distance, Mindhunter prend soin d’interroger le spectateur sur sa propre part d’ombre. Une obsession chez David Fincher. Que dit de nous la fascination pour les tueurs en série, ces hommes en apparence ordinaires, capables de se métamorphoser en monstre et qui terrorisent la population en commettant des actes « inhumains » ?

Les agents de l’Unité des sciences du comportement du FBI cherchent à comprendre ce qui pousse la nature humaine à la déviance. Reprenant la théorie du fondateur de la sociologie moderne, Emile Durkheim, la série n’hésite pas à désigner le coupable : une société en perte de repères, marquée par la guerre et les scandales politiques.

© Netflix

Pour souligner la frontière ténue qui sépare les être déviants de chacun de nous, David Fincher met une fois de plus en scène des personnages en marge (comme dans Zodiac et The Social Network, le héros est ici atteint de trouble du spectre autistique), complexes et tortutés.

Progressivement, le cinéaste donne à voir leurs failles : plus ils investissent les territoires inexplorés de l’esprit et affinent leurs connaissances, plus les agents sont aspirés par leurs obsessions et confrontés à leur part d’ombre. Bannissant toute image violente, Fincher démontre avec brio que l’horreur n’est jamais loin : elle est soigneusement dissimulée en chacun de nous.

Emilie Jendly

Emilie Jendly est spécialiste en communication et journaliste RP, de nationalité suisse et française. Passionnée de séries télévisées, elle présente ici les nouveautés à ne pas manquer. Spoil prohibé.

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