Le mois de janvier le plus chaud de l’Histoire

Nous avons vécu un hiver plus doux que la normale. En Suisse, il a été le plus chaud depuis le début des mesures (Météosuisse). Il y a vingt ans environ, le mois de janvier apportait toujours des jours de vrai froid, de températures négatives, cette année les températures sont restées supérieures à zéro, excédaient parfois même dix degrés et les journées étaient souvent printanières.

Le mois de janvier 2020 a aussi été le plus doux que la Planète ait connu.

Réchauffement Janvier 2020 (jaune  < rouge < rose) James E. Hansen

En Janvier 2020, les températures les plus extrêmes ont régné dans le Nord de l’Asie et sur la Sibérie, le Nord-Est de l’Amérique a également connu des températures très élevées.

Les cerisiers ont fleuri en Suède, je crois me rappeler qu’en Suisse ils fleurissaient déjà en décembre. Le mois de février a aussi été très doux dans ces mêmes régions, et le deuxième plus chaud depuis le début des mesures (James Hansen).

Selon ses calculs, au cours des derniers cinquante ans, le mois de janvier est devenu beaucoup plus doux dans les régions tempérées du de l’hémisphère Nord, notamment dans le Nord-Est de l’Amérique, au Canada, où il régnait auparavant un froid spectaculaire, et dans l’Arctique.

Températures de Janvier 1970-2020 James E. Hansen Graphique de gauche: :Vert: températures des régions tempérées et Arctiques du Nord de la Terre, Rouge: Températures des régions tropicales, Bleu; températures des régions tempérées et polaires Sud de la Planète.  A droite la moyenne de ces changements pour la Terre.

La végétation réagit fortement à ces changements, les fleurs nous ont accompagné tout l’hiver.  Les roses fleurissaient encore en décembre, et les arbres fruitiers s’épanouissaient en décembre ou janvier.

 

Au cours d’hiver sans fortes gelées, les parasites et ravageurs des végétaux ne sont pas éliminés. Les hivers doux permettent aussi la prolifération de certains champignons nuisibles aux plantes, tels que l’oïdium. Le bourgeonnement précoce d’arbustes et fruitiers les expose aux gelées de printemps qui compromettent le développement des fleurs et les récoltes.

Le sol  et les roches qui dégèlent lors d’été de plus en plus chaud ne regèlent pas correctement lors de ces hivers doux, et la fonte du permafrost et l”effritement des montagnes pourrait accélérer.

Personnellement, je m’inquiète pour les arbres fruitiers, supporteront-ils longtemps des automnes et hivers de plus en plus doux?

Le réchauffement stratosphérique soudain glace la Nouvelle-Zélande

La stratosphère

L’hémisphère Sud subit un événement de réchauffement stratosphérique soudain (Sudden stratospheric warming, SSW).

Ces épisodes se produisent assez souvent dans l’hémisphère Nord, mais sont exceptionnels dans l’hémisphère Sud.

La stratosphère recouvre la troposphère, entre 10 et 50 km d’altitude, un peu plus haut que le sommet de l’Everest. Elle contient entre autres la couche d’ozone.

Le soleil chauffe la stratosphère au dessus du pôle Nord en été, et du pôle Sud en hiver.

En décembre, les températures au dessus-du pôle Nord descendent très bas et atteignent -80°C. Lors de l’hiver Austral, les températures au dessus du pôle Sud sont normalement très basses.

Ondes d’air chaud

Parfois la stratosphère se réchauffe brusquement. Selon le MetOffice, la formation de vagues du courant-jet ou ondes de Rossby favorise la montée d’air chaud dans la stratosphère, ce qui provoque les épisodes de réchauffement stratosphérique soudain.  L’air chaud descend ensuite sur le pôle dont les températures s’élèvent, et l’air froid se déplace. Aujourd’hui, il fait donc très chaud au-dessus de l’Antarctique (90 degrés de trop) et une vague d’air froid déferle sur la Nouvelle-Zélande. Les experts prédisent une vague de chaleur sur l’Antarctique et de froid en Nouvelle-Zélande.  Les températures pourraient être extrêmes et dangereuses. Cela pourrait arriver plus souvent sur une Planète plus chaude.

Le réchauffement planétaire multiplie les sinuosités du courant-jet, affaiblit le vortex polaire et favorise les inversions stratosphériques.  Une étude récente établit aussi qu’un important transfert de chaleur vers les pôles joue un rôle déclencheur dans ces événements. Cela pourrait se produire plus souvent au cours du réchauffement climatique.

Plus d’inversions stratosphériques dans un avenir chaud

J’ai contacté à ce sujet James Hansen, l’expert qui a alerté les Etats-Unis sur le réchauffement climatique dans les années 1980. Il estime que le réchauffement affaiblit le courant-jet, ce qui augmente le risque d’épisodes où l’air Arctique froid se déverse sur les régions tempérées.

D’après lui, ces épisodes qui créent des vagues de chaleur aux pôles pourraient accélérer le réchauffement de la Terre. Ils pourraient cependant amener des jours de grand froid dans les régions tempérées, en hiver ou même à d’autres périodes de l’année. Ils rendront donc notre climat local plus capricieux et plus imprévisible à l’avenir.

Vidéo MetOffice en englais