Loi sur la chasse: animaux sauvages en proie

Alors que l’Europe entrait en confinement au début du printemps, la nature, débridée, libérait ses animaux sauvages. N’a-t-on pas vu, avec émotion, des sangliers se promener dans les rues de Barcelone ou des cygnes glisser sur les eaux de la lagune vénitienne ? Ce sont des mêmes animaux ou presque dont on reparle aujourd’hui. Le 27 septembre prochain, la population suisse devra en effet se prononcer sur la révision de la loi sur la chasse. Un intitulé court et qui porte bien son nom. En quelques années de débats, nous sommes passés d’une loi rédigée pour la protection des animaux sauvages à une loi qui les traque. De son nom complet, la loi fédérale sur la chasse et la protection des mammifères et oiseaux sauvages est devenue une loi d’abattage.

Dans sa nouvelle mouture, la loi permet au Conseil fédéral, en tout temps et sans l’avis du Parlement ou du peuple, d’étendre la liste des espèces « régulables ». Les animaux ciblés par de nouveaux tirs seraient le lynx, le castor, la loutre, le héron cendré ou le canard harle bièvre. Les espèces menacées sont par ailleurs toujours sujettes à la chasse, comme le coq de Bruyère, la perdrix des neiges ou la bécasse des bois, ce bel oiseau, dont le plumage ressemble à des écailles, pro du camouflage et qui, tapis au sol, saura peut-être échapper aux chasseurs !

Le principe du tir préventif surgit aussi de la loi. Des dégâts ne sont plus requis pour réguler une population. Autrement dit, on est dans l’anticipation et la probabilité de causer des dommages, avec une marge d’interprétation et d’évaluation. Cela d’autant plus que les cantons sont désormais seuls à bord pour décider de l’abattage ou non : les animaux sont en proie à l’appréciation cantonale, plus perméable aux groupes de pressions locaux.

Et le loup dans tout cela ? Cet animal de légende, entre peur et divination, est aussi l’animal qui régule naturellement les ongulés, comme les cerfs, les chevreuils ou les sangliers, permettant à la forêt de mieux se renouveler. Pour le tenir éloigné des moutons, les chiens de protection des troupeaux jouent un rôle central.

Pour respecter les animaux sauvages, assurer leur diversité mais aussi protéger les forêts de montagne, il faut refuser cette loi. Ce débat devrait aussi nourrir la réflexion sur notre rapport au sauvage et à cette idée immuable de vouloir toujours domestiquer le monde.

Delphine Klopfenstein Broggini

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale et présidente des Vert-e-s genevois-es. Elle est membre des commissions de l'environnement, de l'énergie et de l'aménagement du territoire et des institutions politiques. Au niveau associatif, elle est membre du comité de Pro Natura et vice-présidente de Pro vélo suisse. Elle est sociologue de formation.

11 réponses à “Loi sur la chasse: animaux sauvages en proie

  1. Les élus aux chambres fédérales et opposés à cette nouvelle mouture autocratique de la loi ont probablement mal défendu la faune sauvage. Les chasseurs ont la prétention d’être des régulateurs et sont habiles à “réguler” la pensée des élus politiques, alors que la faune sauvage n’obéit a aucune autre “logique” que la survie et assurer sa descendance. Il s’agit probablement d’un conflit né d’un pouvoir humain basé sur des croyances.

  2. Vous avez tout mon soutien. Cette loi est une heresie …. stop au massscre de notre faune sauvage.

  3. Je suis contre la chasse, tueries de masse, élevage de sangliers et autres relâchés à l’ouverture de la chasse pour satisfaire le plaisir sanguinaire des chasseurs, sociopathes, sans compter tous les accidents de plus en plus nombreux, personnes
    et animaux domestiques blessés ou tués, il faut interdire la chasse définitivement.

        1. Tout d’abord, je vous remercie de me laisser m’exprimer sur votre blog. En Suisse nous avons environ 60000 décès par an et 10000 sont liés à l’alcool. Devons nous accepter ces chiffres en suivant la même logique que les accidents de moutons ? Les accidents sur le cheptel sont « naturels » et pas occasionnés par un prédateur. Les éleveurs acceptent ces accidents. Quel est l’utilité te du loup ? Il ne sera jamais un régulateur des cerfs et sangliers tant qu’il pourra se satisfaire des moutons, veaux, animaux domestiques sans risque. Notre pays peut il faire cohabiter des loups et des hommes surtout si on analyse ses particularités ? Les 10 millions de francs que nous avons dépensés sur un an pourraient-ils être utilisés pour des causes plus urgentes ?

          1. Bonjour, je me permets de vous faire remarquer qu’une famille de loups saine va préférer se nourrir d’ongulés sauvages plutôt que de se risquer à approcher des troupeaux, protégés et gardés. Lorsqu’un individu se spécialise sur l’attaque de troupeaux protégés, il peut déjà être régulé avec la loi actuelle. Cela a par exemple été le cas en 2019 au Piz Beverin dans les Grisons. Pour rappel, la Suisse n’est pas le seul pays montagneux à vivre avec le loup. Dans les Apennins, par exemple, le loup a comme proie privilégiée le sanglier sauvage, qui cause tellement de dégâts chez les agriculteurs. En Suisse, en termes financiers, le sanglier crée plus de dommages dans le canton de Vaud que le loup dans tout le pays. Quand on laisse les prédateurs s’implanter, ils régulent à leur tour d’autres espèces, et évitent d’autres dommages et favorisent notamment la régénération des forêts. Et ça, la méthodologie des calculs de TTC (j’imagine que c’est à leurs chiffres que vous faites référence) sont bien incapables de les prendre en compte et de les chiffrer. Je crois sincèrement que c’est en aidant la protection des troupeaux que nous arriverons à cohabiter. Prévenons au lieu d’abattre.

          2. MR Léo Richard, je me permets de répondre à votre post.
            Si vous avez faim et que vous devez attraper un animal pour manger, allez vous courir après un mouton ou un sangler qui va vous envoyer promener ? Dans le parc de Yellowstone, il n’y a pas de troupeaux de mouton et la réintroduction des loups a pu se faire pour diminuer le nombre de wapiti. Notre pays n’est pas Yellowstone et nous devons ne pas l’oublier. Avec les millions, je devrais dire les centaines de millions de francs que nous avons dépensées, nous aurions pu faire énormément pour les forêts en replantant. Il aurait été possible de travailler avec les éleveurs avec sagesse pour trouver des solutions et je pense qu’ils auraient compris. Bonne journée

  4. Je vous soutiens sans hésiter, du grand n importe quoi cette loi ! L’homme veut la maîtrise de tout mais non surtout pas ça, notre planète est assez en maltraitance, laissons nos animaux sauvages en paix,ils le méritent et b ont rien demandé non?!

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