La loi sur le CO2, un petit pas dans la juste direction

Le Conseil national, dans sa grande majorité, vient d’accepter la loi sur le CO2. Loin d’être un pas de géant, cette révision totale de la loi pose les jalons d’une politique climatique. Au final, même si le texte voté n’est pas assez ambitieux et qu’il ne va ni assez loin, ni assez vite, il va au moins dans la juste direction, raison pour laquelle il faut soutenir cette loi.

À elle seule, la loi CO2 ne parvient toutefois pas à atteindre le projet zéro émissions nettes de CO2 d’ici 2050. Pendant le débat, plusieurs tentatives pour rétablir la justice climatique ont malheureusement échoué, alors que toutes n’étaient que cohérence avec les engagements internationaux que nous avons pris à Paris.

En quelques lignes et concrètement, que propose la loi ?
– Une taxe incitative sur les billets d’avion de 30 à 120 francs et sur les vols en jets privés de 500 à 5’000 francs : la moitié de ces taxes sera redistribuée « cash » à la population et l’autre moitié alimentera un fond climat.
– La création d’un fond climat : il permettra de financer des mesures d’assainissement des bâtiments, de développer les ressources renouvelables, d’assurer la protection contre les dégâts climatiques et le remplacement des chauffages à mazout ou électriques.
– Le soutien aux énergies renouvelables
– L’assainissement du parc automobile : dès 2030, les voitures importées devront consommer deux fois moins d’essence qu’aujourd’hui.
– L’augmentation de 10 centimes le litre d’essence : soit quelques francs de plus pour un plein d’essence d’une voiture de tourisme.
– L’augmentation de la taxe incitative CO2 sur le mazout de 120 francs/tonne de CO2 à 210 francs/tonne de CO2 : les deux tiers de la recette de la taxe seront redistribués à la population et aux entreprises tandis que le tiers restant alimentera le programme d’assainissement des bâtiments et une partie du fonds climat.
– La fin du chauffage à mazout : dès 2023 lors de remplacement de chauffage.
Grâce à la redistribution des taxes incitatives sur le mazout et les vols en avion, 70 à 90% de la population gagnera plus de la redistribution que ce qu’elle n’aura dépensé en taxes, d’après les études Sotomo. Sans même parler du prix du baril de pétrole, qui a rarement été aussi bas, et des voitures qui consommeront moitié moins.

La Suisse rejette chaque année dans l’atmosphère 46,4 millions de tonnes d’équivalents-CO2, soit 5,4 tonnes d’équivalents-CO2 par habitant. Et ces chiffres n’incluent pas le transport aérien et maritime international. Si on ajoute à cette quantité les émissions que la Suisse génère à l’étranger par la fabrication des produits importés, on arrive à environ à 14 tonnes d’équivalents-Co2 par habitant, soit plus du double que la moyenne mondiale. Actuellement, avec son train de vie, la Suisse se dirige vers un scénario mondial à près de 6 degrés d’augmentation, avec des conséquences catastrophiques pour l’être humain et l’environnement.

Il est donc temps d’agir ! La révision totale de la loi sur le CO2, nous donne l’opportunité de faire un pas dans la bonne direction, de franchir un cap. Ce n’est pourtant ni l’unique outil, ni la réponse à tous les maux, encore moins un refuge ou une bonne conscience. Nous comptons toujours sur l’initiative des glaciers, la politique agricole 2022 ou les initiatives sur les pesticides et bien sûr la pression de la rue pour poursuivre le travail ! Les enjeux sont de taille et ne répondent pas seulement à une aspiration politique mais bien à une urgence vitale.

Delphine Klopfenstein Broggini

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale et présidente des Vert-e-s genevois-es. Elle est membre des commissions de l'environnement, de l'énergie et de l'aménagement du territoire et des institutions politiques. Au niveau associatif, elle est membre du comité de Pro Natura et vice-présidente de Pro vélo suisse. Elle est sociologue de formation.

Une réponse à “La loi sur le CO2, un petit pas dans la juste direction

  1. Vous avez raison, la focalisation sur le CO2 ne donnera qu’une réponse partielle à la problématique du climat et de loin pas à celle de la dégradation progressive de notre environnement, bien plus importantes. Décomposer et isoler les composants d’un problème est utile pour la compréhension et la démarche en recherche scientifique. Je ne suis pas certain que les élus suivent la même démarche. A voir.

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