A elle seule, l’armée émet chaque année près de 240’000 tonnes de CO2 dans l’atmosphère dont la moitié provient de l’armée de l’air. Mais son bilan carbone ne s’arrête pas là. La nouvelle flotte d’avions de combat, que le Conseil fédéral s’apprête à acheter, promet de consommer 5’000 litres de kérosène par avion et par heure. C’est l’équivalent d’une voiture qui fait deux fois et demie le tour de la terre.
Pourtant la Suisse, en signant les accords de Paris, s’est engagée à limiter la hausse de la température mondiale bien en deçà de 2 degrés et à poursuivre les efforts pour limiter la hausse à 1,5 degrés. Et ce n’est pas avec son train de vie actuel qu’elle y parviendra : elle se dirige vers un scénario mondial à près de 6 degrés d’augmentation. Nous avons certes peu d’industries et délocalisons donc une grande part de nos émissions, mais cela n’atténue ni notre impact, ni notre responsabilité. L’achat de ces avions, hautement nuisibles pour l’environnement, ne fera qu’accentuer une des menaces les plus importante qui nous guette, celle du changement climatique.
A côté du coût environnemental, il y a le coût financier. On nous annonce une facture de 6 milliards pour l’acquisition d’une quarantaine d’avions de combat. C’est le double du prix des Gripen, ces avions que nous avions largement rejetés, avec l’unanimité des cantons romands, en votation en 2014. Et ce budget n’intègre pas les frais courants, ceux d’entretien, de carburant sur l’entier de la durée de vie de ces avions, soit une somme totale estimée à 24 milliards, autrement dit 600 millions de francs chaque année jusqu’en 2070. Drôle de tableau, alors que la crise sanitaire frappe durement notre pays et que de nouvelles mesures d’austérité ne cessent d’être imposées dans les domaines du social et de la santé. Face aux catastrophes humanitaires et environnementales, la Suisse doit exporter la paix et cesser d’alimenter des guerres surannées et hors de prix.
Le changement climatique en cours a plusieurs explications et ses conséquences sur la biodiversité terrestre n’est pas nulle. Des nouveaux contacts entre espèces peuvent favoriser l’échange de virus (les coronavirus du proche orient et d’Asie en sont un exemple) a l’origine d’épidémies et pandémies depuis 2003 et probablement encore à venir. Malheureusement, Homo sapiens a démontré depuis le néolithique (abandon du nomadisme, de la cueillette et de la chasse) qu’il a opté pour une sédentarisation avec la culture, l’élevage, les agglomérations et finalement la propriété, le territoire, les lois. Les croyances ont évolués en parallèle. Bien évidemment cela a généré la nécessité d’une défense armée qui s’est affinée au cours de notre histoire. Notre territoire suisse (Jura, Plateau, Alpes) a une géographie compliquée et notre status de neutralité implique juridiquement sa défense. Une aviation opérationnelle et une défense aérienne en font partie et cela a un coût, dans tous les pays, dont nos voisins, et cela rassure notre continent aussi. La réaction à cette récente pandémie a révélé l’importance d’une préparation, d’un financement et d’une coordination aussi large que possible. Promouvoir la Paix fait partie de notre démarche politique Suisse et nos ambassadeurs y contribuent du mieux qu’ils peuvent. Et moi aussi dans la mesure de mes modestes possibilités.