Des menaces silencieuses

Des sangliers se promènent dans les rues de Barcelone tandis que des cygnes glissent sur les eaux de la lagune vénitienne. Le ciel est immaculé, le printemps est là, pleinement. Les routes sont presque vides, les avions sont à terre et la pollution atmosphérique a chuté. La nature est en force, elle bourgeonne, en contraste avec une société à l’arrêt, une société confinée, une société malade.

Nous devrons vite panser les plaies ouvertes de la crise sanitaire, stopper l’hémorragie par des mesures urgentes : assurer des salaires, sauver des entreprises et le monde culturel, soutenir les milieux de la santé, protéger les plus démuni.e.s.

Mais il s’agira aussi, et sans attendre, de soigner durablement la société. Sur les cendres de la crise, nous devrons poser les jalons d’un monde plus juste et plus durable et opérer un changement en profondeur de nos modes de production et de consommation.

Cette transformation écologique de la société ne répond pas seulement à une aspiration politique mais bien à une urgence vitale. Nous le savons, nos ressources naturelles sont surexploitées, notre économie délocalisée, le déclin de la biodiversité s’accélère et l’activité humaine, notre manière de consommer le monde atteignent directement l’environnement. Sortir de la crise climatique c’est sortir de l’ère pétrole et remettre en cause une société consumériste, en perpétuelle croissance et une vision à court terme. Les derniers rapports du GIEC sont alarmants et les objectifs des accords de Paris ne sont toujours pas atteints.

La Suisse, aujourd’hui, nous montre sa capacité de mobilisation financière pour répondre à la pandémie. Il s’agira d’être aussi fort pour répondre à l’urgence climatique. Face aux menaces silencieuses, celle du virus bien sûr, mais aussi celle de la pollution atmosphérique, des inégalités, de l’extinction des insectes, de la fonte des glaciers ou des microplastiques dans nos lacs, restons fort.e.s et mobilisé.e.s.

Alors que beaucoup sont au front, la société vit aujourd’hui au ralenti. Ce rythme plus lent est aussi le temps de la réflexion. Sur le socle de la solidarité, que nous pratiquons au quotidien face au Covid 19, réorientons notre société.

Delphine Klopfenstein Broggini

Delphine Klopfenstein Broggini est conseillère nationale et présidente des Vert-e-s genevois-es. Elle est membre des commissions de l'environnement, de l'énergie et de l'aménagement du territoire et des institutions politiques. Au niveau associatif, elle est membre du comité de Pro Natura et vice-présidente de Pro vélo suisse. Elle est sociologue de formation.

Une réponse à “Des menaces silencieuses

  1. Il y a de beaux débats politiques en vue Delphine ! Oui , soignons le monde, remettons en harmonie la nature avec les humains, plus de justice et de respect ! Un sacré programme …. qui motive !!

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