En politique, tu ne mentiras point

Vous l'avez tous lu ou entendu: l'imprésentable Arnaud Montebourg a commis son énième éructation anti-suisse. Non content de vomir sur notre pays à la moindre occasion, il avance des chiffres fantaisistes mais pas forcément inoffensifs. En effet, lorsqu'il déclare que la Suisse compte 3% d'étrangers alors les chiffres réels parlent de 23%, la récente votation sur l'immigration apparaît sous une lumière volontairement biaisée. Chers voisins, un habitant de ce pays sur quatre est étranger et près de 50% des dirigeants de nos entreprises n'ont pas de passeport à croix blanche, qui dit mieux à l'échelle européenne? Telle est la vérité et même les politiciens hostiles à la Suisse devraient la respecter en s'exprimant face à leurs concitoyens.

A distance respectable des postillons de son auteur, personne, ici, n'accorde le moindre crédit aux propos ridicules de cet agité notoire. Tout au plus auront-ils énervé la plupart d'entre nous et généré quelques réflexions "anti-Français-de-gauche" dans nos chaumières. Mais qu'en est-il du citoyen tricolore lambda, prêtant une oreille non avertie à ces attaques chiffrées? Il y a fort à parier que bon nombre de Français n'imaginent pas l'écart entre les élucubrations de Montebourg et la réalité helvétique. Et donc que leur opinion à notre égard s'en voit négativement influencée, quand bien même l'erreur ou le mensonge est patent.

Ce type de dérapages, conscients ou non, stratégiques ou fortuits, devraient nous interpeller. Un mensonge, même répété de manière systématique, ne deviendra jamais une vérité. Soit. Mais il peut se transformer en vérité possible pour une audience ne prenant pas la peine de s'informer ou n'ayant pas accès aux sources crédibles.

Certains, notamment dans l'écosystème politique, sont devenus maîtres dans l'utilisation de cette tactique informationnelle déviante. Le mensonge ou l'approximation plausible comme arme pour faire passer ses idées, voilà un fléau qu'il faudrait combattre ardemment! Observez les périodes de votations, notamment sur des questions sensibles: redoutable autant qu'inacceptable, ce procédé est bien présent dans le débat. Or, lorsque l'information erronée ou volontairement incomplète, savamment distillée, prend place dans l'esprit des citoyens, c'est toute la crédibilité du processus démocratique qui est en péril.

J'ai coutume de dire que le mensonge, pour un communicateur, est é-l-i-m-i-n-a-t-o-i-r-e. Que les médias n'accordent plus aucun crédit aux messages distillés par un porte-parole ou un DirCom pris en flagrant délit de mensonge volontaire. Cette pression légitime et souhaitable nous impose une rigueur sans faille. Si tous les acteurs du jeu démocratique étaient confrontés à la même intransigeance et aux mêmes sanctions médiatiques, n'adopteraient-ils pas une ligne de conduite similaire?

Daniel Herrera

Daniel Herrera a été responsable des relations publiques de Nestlé Suisse, puis DirCom de la BCV, de l’America’s Cup, de Romande Energie et de Kudelski. Il a fondé et dirigé YJOO Communications Lausanne de fin 2011 jusqu’à mai 2014 et il est responsable de la communication institutionnelle du Groupe Assura depuis juin 2015. Ses dadas: accompagnement du changement, relations médias, événementiel et communication de crise.