Les entreprises, actrices incontournables des défis à venir

Votation après votation, un fossé se creuse entre la population et le monde économique. Notre prospérité et notre qualité de vie ne dépendent pas moins des engagements des différents acteurs de ce secteur, dont nous sommes tous partie prenante.

Rédiger un dernier blog, en tant que directrice de la CVCI, suscite en moi un choix thématique cruel. L’économie est devenue le parent pauvre de l’information. Dans un monde de surinformation rapide, la complexité des sujets économiques rebute les plateformes et les réseaux sociaux où le plus court est le plus efficace. Mais plus efficace pour qui? Pour quoi? Dans tous les cas pas pour la compréhension du monde dans lequel nous vivons. Nous oublions trop facilement que nous sommes tous partie prenante de l’économie, nous la faisons même tous en tant que consommateur ou collaborateur.

La simplification conduit à vouloir placer les événements, les personnes dans des cases blanches ou noires, avec ses bons et ses méchants. Ainsi un entrepreneur est admiré pour son courage, son innovation, alors que le patron l’est moins. Il s’agit pourtant de la même personne. La liste de tels exemples est longue. Votation après votation, les analyses montrent qu’un certain fossé se creuse entre la population et l’économie.

Comment comprendre que la population de Vevey vote sur les sujets qui touchent Nestlé – son principal employeur et contribuable – de manière systématique à l’opposé des intérêts de l’entreprise? Mais alors, lorsqu’il s’agit de chercher de l’argent pour une association, un club sportif, le premier réflexe consiste à se tourner vers l’entreprise en question. Notre prospérité, notre qualité de vie sont le résultat des engagements de tous les acteurs de l’économie, petits et grands.

Notre prospérité n’est pas acquise

Et pourtant, même si le Canton est né sous une belle étoile, cette prospérité n’était pas acquise et ne l’est toujours pas. Petit rappel, à la fin de la crise des années 1990, à un moment où les taux hypothécaires avaient atteint les 6%, où le taux de chômage dépassait les 7% et celui des logements vacants se situait à près de 3%, nous étions fiers et heureux de voir arriver des multinationales dans notre canton. Elles nous ont permis de nous relever, d’assainir nos finances, de recommencer à investir. Dans le même temps, le développement de l’EPFL a instillé une incroyable dynamique pour la création d’entreprises, permettant à ces dernières de truster pendant des années le podium des start-up de Suisse. Grâce à la globalisation, nos PME ont pu développer leurs affaires sur le monde. Le marché intérieur a été ainsi alimenté par les bonnes performances de tous ces acteurs.

Cette renaissance économique nous a donné l’opportunité, grâce à la diversité de notre tissu, de faire face à toutes les crises vécues ces vingt dernières années, en ayant même la chance de connaître un accroissement du PIB supérieur à la moyenne suisse. Le fameux «miracle vaudois», comme nous l’avons intitulé dans une étude récente.

Mais ce miracle a engendré une sorte de «Schadenfreude» dans une partie de la population qui explique peut-être ces réflexes anti-économiques. Elle se manifeste par le rejet des multi, l’appel à la décroissance, l’impression que l’économie profite de tout et j’en passe. La pandémie a cependant rappelé quelques réalités, la fermeture de certains secteurs a fait prendre conscience de ce que pouvait signifier la décroissance. C’est l’occasion de rappeler que, pour l’économie, la croissance n’est pas le «toujours plus», mais le «toujours mieux». Et nous en aurons besoin, de «ce toujours mieux», pour affronter le défi climatique, que ce soit par la recherche et l’innovation.

Nous sommes à l’aube de changements géopolitiques profonds qui auront, à n’en pas douter, des conséquences aussi sur notre canton et son développement. Pour y faire face, il est bon de rappeler que les entreprises restent des acteurs incontournables pour trouver des solutions. Il nous appartient de l’expliquer encore et encore.

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Un aéroport fort pour une économie forte

Des organisations économiques romandes ont fondé AERIA+. Cette nouvelle association a pour mission de promouvoir et de défendre la présence d’une infrastructure aéroportuaire performante. Une nécessité pour l’économie régionale. 

La métropole lémanique est l’une des régions les plus dynamiques de notre pays. Son tissu économique, fait de multinationales, de PME, d’institutions et d’organisations diverses, de centres de recherche et de start-up, vit d’échanges internationaux et d’exportations et constitue un grand pourvoyeur d’emplois. Il ne fait pas de doute que la présence de l’aéroport international de Genève joue un rôle central dans cette dynamique. 

Fortes de ce constat, six organisations romandes au service de l’économie, dont la CVCI, ont fondé AERIA+. Cette association a pour but de promouvoir et de défendre la présence d’une infrastructure aéroportuaire performante dans l’intérêt de l’économie régionale. Ses membres sont des entreprises – de la PME à la multinationale –, des associations et des organisations qui bénéficient toutes de la qualité de cette infrastructure, ainsi que des particuliers. Leurs activités recoupent les domaines de l’import/export, des services internationaux, du tourisme, de l’éducation, de la recherche ou encore de la culture. 

Gros apport pour l’économie

La plateforme aéroportuaire genevoise contribue largement à la dynamique économique de la Suisse romande. Elle fournit du travail direct à quelques 200 entreprises représentant environ 11’000 emplois. Mais ce sont surtout ses apports indirects qui font d’elle un garant de notre prospérité. On pense particulièrement à l’importation de matériaux et de composants, à l’exportation de biens à forte valeur ajoutée, aux contacts commerciaux, au tourisme, etc. 

L’importance de ce hub pour l’attractivité et le développement économique de l’arc lémanique et de la Suisse romande n’échappe donc à personne. Le tourisme, qui reprend à mesure que la pandémie régresse, les associations internationales, les fédérations sportives, les entreprises et les Hautes écoles ont besoin d’une infrastructure aéroportuaire performante et durable. Cointrin reste aussi un argument en termes de compétitivité par rapport à la Suisse alémanique. 

Mis à mal par la pandémie, le secteur aérien doit se réinventer. Dans ce sens, AERIA+ est consciente que l’attrait économique de notre région dépend aussi d’un environnement de qualité. Aussi, et dans leur propre intérêt, les acteurs économiques doivent également aborder la question des nuisances générées par cette infrastructure (bruit, trafic, pollution) de façon pragmatique. «Par sa participation au débat public et par le biais d’études thématiques, AERIA+ entend contribuer à la compétitivité de l’infrastructure aéroportuaire romande, dans le respect des principes de durabilité», assure Jean-Marc Probst, son président. 

L’Association, sans but lucratif, se manifestera au travers d’interventions et de campagnes au niveau politique et médiatique auprès de tous les milieux concernés. Elle entend être la voix qui défend et promeut une infrastructure qui reste le catalyseur de l’attractivité de toute une région. 

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La résilience de notre économie n’est pas acquise

Les trois faîtières de l’économie suisse lancent un appel en faveur d’«une cure de revitalisation» de notre pays. Leur constat est clair: la reprise actuelle ne fait pas oublier que les conditions-cadres en place ne sont pas à la hauteur des nombreux défis post-Covid qui pointent à l’horizon.

Les chiffres actuels en attestent: l’économie suisse demeure plus que jamais résiliente, y compris et surtout dans le canton de Vaud. Pas plus tard qu’hier, la Commission Conjoncture vaudoise a mis en exergue le «redémarrage de l’activité, soutenue par un affermissement de la demande étrangère et de la consommation intérieure». Les entrepreneurs du Canton font toutefois preuve d’un optimisme mesuré en ce qui concerne l’évolution à venir, estimant que les incertitudes restent nombreuses et que les perspectives de croissance doivent être considérées avec précaution.

Ces inquiétudes, economiesuisse, l’Union patronale suisse et l’Union suisse des arts et métiers les partagent. Les trois faîtières de l’économie ont d’ailleurs adopté la semaine dernière un agenda de politique économique commun, qui vise l’après-crise sanitaire. Pour elles, «la reprise actuelle ne doit pas faire oublier que le cadre de la politique économique en place n’est pas à la hauteur pour affronter la période post-Covid. Elles estiment que la capacité d’adaptation de l’économie suisse est compromise.» A la lumière de l’évolution actuelle, il est clair que la résilience de notre économie n’est pas acquise.

Les entreprises font partie de la solution

L’un des aspects problématiques a trait au fait que les autorités se focalisent sur la durabilité environnementale, à l’image du canton de Vaud et de son Plan climat. La durabilité passe aussi par une économie dynamique, qui assure la cohésion sociale. Les entreprises font partie de la solution puisqu’elles disposent d’outils pour diminuer leur consommation d’énergies fossiles via des conventions d’objectifs, s’équipent de panneaux solaires et développent des technologies innovantes permettant de réduire leur empreinte carbone et celle des consommateurs. La protection climatique reste une préoccupation majeure, mais elle ne doit pas constituer un frein au développement des entreprises. Il faut ainsi veiller à garantir des conditions-cadres favorables à l’innovation et à la recherche. Car oui, la transition énergétique et la numérisation constituent des opportunités pour l’économie.

Le monde se complexifie et les défis s’annoncent gigantesques, également en ce qui concerne les relations internationales. Au rang de nos priorités politiques figurent le rétablissement de bonnes relations avec l’Union européenne, qui reste notre marché principal, et la prise en compte des incidences de l’application d’un taux d’imposition minimum de 15% aux entreprises multinationales, à compter de 2023. Il est grand temps de penser «out of the box», c’est-à-dire de sortir des schémas habituels. Les réflexions sur une vraie politique industrielle ne doivent pas constituer un tabou, même si la tradition libérale de notre pays ne nous y a guère habitué.

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Un nouvel élan économique pour une nouvelle législature

En mars prochain, Vaud renouvellera ses autorités cantonales. A l’approche de cette échéance capitale, les organisations économiques faîtières, dont la CVCI, publient des recommandations qui doivent permettre le maintien d’un tissu économique diversifié, compétitif et performant.

Quatre mois à peine nous séparent du renouvellement des autorités cantonales. A la veille de cette nouvelle législature, la CVCI, la Fédération patronale vaudoise, la Chambre immobilière et Prométerre formulent, comme elles l’ont fait en 2017, des recommandations concrètes, «Impulsions 2027». Les propositions qui figurent dans cet opuscule ont pour ambition de contribuer à la préservation et au développement des conditions-cadres garantissant la compétitivité de l’économie vaudoise. Celle-ci se porte bien depuis une quinzaine d’années grâce, en particulier, à son dynamisme et à sa diversité. Le contexte mondial actuel, pour le moins incertain, révèle toutefois un effritement de notre attractivité. Ce constat vaut même en comparaison intercantonale. Pour toutes ces raisons, les futures autorités doivent entendre les besoins de l’économie afin de garantir l’emploi et la prospérité du canton, de même que le bien-être de la population.

L’Etat n’a pas vocation à résoudre tous les problèmes de la société, et doit donc se concentrer sur ses missions principales. La pandémie a certes montré le rôle central des autorités dans les moments de crise aiguë. Mais même dans notre pays, où la démocratie s’exprime régulièrement, le pouvoir exécutif est tenté, à travers les nombreux moyens dont il dispose, de limiter la capacité de contrôle des contre-pouvoirs. Ce fait a amené nos faîtières à porter un regard critique sur les aspects de gouvernance qui posent problème, lesquels figurent dans un nouveau chapitre «Rôle, fonctionnement et gouvernance de l’Etat». Un exemple? Dans le Canton, les procédures de consultation relèvent du bon vouloir des départements concernés. Ce n’est pas sain.

Fiscalité trop élevée

Les défis, à l’évidence, ne manquent pas, qu’il s’agisse de fiscalité, de formation, d’infrastructures, d’aménagement du territoire, d’énergie, d’environnement, de santé, de social ou encore d’agriculture, soit autant de thèmes que nous avons thématisés. L’imposition, en particulier celles des personnes physiques, constitue l’une de nos priorités: la pression fiscale doit impérativement être revue à la baisse, sans quoi nous risquons de voir s’exiler des contribuables importants.

L’augmentation exponentielle des dépenses dans le domaine social constitue également un sujet de préoccupation majeure, et cela à double titre: cette croissance non maîtrisée se fait en premier lieu au détriment des autres secteurs de l’Etat, qui voient leurs budgets diminuer. Corollaire: le monde du travail ne parviendra pas à financer éternellement un Etat toujours plus lourd alors que les entreprises doivent entamer leurs transitions numériques et climatiques.

En 2017, les organisations économiques faîtières vaudoises avaient publié «Impulsions 2022». Au regard des besoins que nous avions détaillés, force est d’admettre que les efforts entrepris par le Canton sont demeurés assez modestes. Il ne s’est manifestement pas attaqué à l’essentiel, ce qui justifie à nos yeux de remettre l’ouvrage sur le métier. La multitude de défis qui nous attendent doivent pousser nos futures autorités à entreprendre les réformes qui s’imposent, plutôt que de procéder à des adaptations législatives cosmétiques. Nos «impulsions 2027» leur montrent la voie à suivre si l’on entend pouvoir perpétuer la bonne santé de notre économie.

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L’industrie reste un pilier de notre prospérité

Une analyse d’Avenir Suisse montre comment les entreprises s’adaptent avec succès aux mutations du secteur industriel. Il reste que les défis posés par la numérisation, la nouvelle fiscalité internationale et la transition énergétique nécessiteront un débat sur notre politique industrielle.

La Suisse ne se désindustrialise pas, elle se tertiarise – y compris dans l’industrie, où les activités de services augmentent, notamment grâce au numérique. C’est la thèse que défend le Think Tank Avenir Suisse dans son analyse intitulée «Perpétuer le succès de l’industrie suisse».  «Contre toute attente, les changements structurels n’ont pas mené à une hausse du chômage, mais ont permis une réaffectation des emplois», expliquent les auteurs. Cette enquête montre comment notre pays peut s’adapter avec succès aux mutations du secteur industriel, et ce, sans politique dirigiste.

Avenir Suisse observe certes que ce secteur a perdu en importance pour la place économique suisse depuis les années 1970. Cela étant, ces vingt-cinq dernières années, avancent ses experts, «le nombre d’employés est resté stable, à environ 730 000, alors que la valeur ajoutée a augmenté de manière significative et que les exportations ont doublé».

La récente étude de la CVCI, «De la crise des subprimes à celle du Covid: le miracle vaudois», relevait également qu’entre 2005 et 2020, le nombre d’équivalents plein temps avait progressé dans l’industrie manufacturière, la chimie-pharma, naturellement, mais aussi dans l’industrie des machines et l’horlogerie, ainsi que dans l’industrie alimentaire, grâce, notamment, au succès rencontré par Nespresso.

La diversification est l’une des clés

Directeur romand du laboratoire d’idées libéral, Jérôme Cosandey s’est plu à mettre en évidence, vendredi dernier sur les ondes de La Première, «la bonne santé industrielle de la Suisse». Pour lui, cette évolution repose avant tout sur la diversité de notre industrie et sur des produits de niche à forte valeur ajoutée. Il a insisté sur la nécessité, pour nos entreprises, de pouvoir accéder à la main-d’œuvre européenne très qualifiée, mais aussi au-delà. Il a ainsi plaidé pour «un changement des contingents rigides» relatifs aux pays tiers.

Cette analyse tombe à point nommé pour rappeler la nécessité de continuer à diversifier notre tissu économique et de pérenniser, voire de développer, les accords commerciaux conclus avec nos divers partenaires. A cet égard, la réactivation de nos relations avec l’Union européenne demeure indispensable, car près de la moitié de nos exportations prend cette direction. La Suisse doit aussi poursuivre sa politique de formation – professionnelle et académique – dans les domaines qui font l’excellence de notre pays.

Les options dirigistes et volontaristes de nombreuses nations européennes ont certes abouti à une désindustrialisation, à l’exemple de la France et de la Grande-Bretagne. Il n’empêche que la donne a changé, avec l’arrivée prochaine du taux unique d’imposition décidé par le G20, les gros investissements à effectuer dans le domaine de la numérisation et de la transition énergétique. La Suisse ne pourra pas s’éviter un débat sur la définition d’une politique industrielle, notamment en vue d’aider les PME et les start-up au niveau de la recherche et du développement.

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Action commune pour effet global

Cette semaine, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publiait un nouveau rapport. 234 scientifiques de 66 pays y alertent l’opinion publique sur la rapide dégradation de la planète. L’organisme international détaille ainsi l’importance cruciale d’une diminution de grande ampleur de nos émissions de gaz à effet de serre. S’il est important d’agir, il conviendra de le faire tous, main dans la main.

Ces dernières années, partis politiques, sociétés civiles et population ont plutôt donné l’image de prêcher chacun pour leur chapelle, se montant les uns contre les autres, au lieu de chercher une voie commune. Parfois, on a l’image d’une société qui ne fait plus rien pour la communauté. A force de reporter stérilement sur les autres la responsabilité du changement, on n’avancera plus, on reculera même.

Au coup de semonce climatique lancé par le GIEC, et à la suite du rejet de la loi CO2, il convient donc de s’engager rapidement dans une nouvelle voie. Il serait cependant trop simpliste de reporter la responsabilité de cette situation sur les seuls milieux économiques, mais bien au contraire il faut considérer que ces derniers font partie de la solution. Ils sont même un acteur clef pour apporter des actions concrètes. L’industrie notamment est l’un des domaines qui a effectué la mue la plus impressionnante ces dernières années et cela continue

Le nouveau projet de loi devra non seulement être efficace du point de vue du climat mais aussi politiquement réaliste. Si les investissements sont urgents, il faudra avant tout consentir à un soutien à l’innovation. Il conviendra aussi de comprendre que pour apporter la contribution la plus importante possible à cette cause commune, il sera indispensable de veiller à ce que notre économie reste pleinement compétitive.

Dans les mesures nécessaires à court terme, le prolongement du système des conventions d’objectifs pour les entreprises est incontournable. Sous la menace de son expiration fin 2021, le parlement doit chercher une solution transitoire. Ces conventions devront par ailleurs figurer dans le prochain projet de loi CO2 et s’étendre rapidement à toutes les entreprises quelle que soit leur taille. Outre le programme pour la rénovation des bâtiments, il s’agit de veiller à trouver aussi une vision politique liée aux taxations du CO2. D’un point de vue libéral, payer le prix de ce que l’on fait, soit des émissions de CO2, est responsable. Le succès de la solution résidera donc dans le juste milieu du montant de ces taxes.

En soumettant un contreprojet à l’initiative pour les glaciers, le Conseil fédéral maintient l’objectif de zéro émission nette d’ici à 2050. Toutefois, confiant en la capacité de notre pays, le gouvernement ne souhaite pas d’interdiction générale des agents énergétiques fossiles à compter de 2050. Selon lui des exceptions doivent demeurer possibles si les technologies de substitution ne sont pas supportables sur les plans économique ou social. La fameuse voie commune évoquée plus haut…

Le modèle suisse a encore de l’avenir

Notre enquête conjoncturelle de printemps montre que l’économie vaudoise résiste relativement bien malgré la pandémie. Mais que va-t-il se passer lorsque les aides étatiques vont prendre fin? Conserver et entretenir de bonnes conditions-cadres sera l’une des clés pour rebondir.

Nul besoin d’être grand clerc pour l’imaginer: l’année 2020 a été difficile pour les entreprises vaudoises, comme le montrent les résultats de notre enquête conjoncturelle de printemps, qui vient d’être publiée. La pandémie a lourdement pesé sur la marche des affaires pour plus de la moitié d’entre elles, comme l’illustre notamment l’évolution générale des chiffres d’affaires et bénéfices. Bien que la grande majorité des sociétés sondées ne prévoie pas de réduction d’effectifs, seul un quart d’entre elles s’attend à une situation bénéficiaire en progression cette année.

La présentation de ces résultats montre que malgré la soudaineté, la dureté et la durée de la crise pandémique, l’économie vaudoise résiste relativement bien. Mais que va-t-il se passer lorsque les aides étatiques vont se terminer? C’est bien là que se situe l’enjeu majeur pour notre économie. La plupart des pays, Etats-Unis et Union européenne en tête, mettent en place des programmes d’aides massives, notamment de relance industrielle, sans considération du poids de la dette qui en découlera sur les générations futures. Ce n’est pas une manière de procéder usuelle dans une économie typiquement libérale comme la nôtre.

Une voie qui a fait ses preuves

La prospérité de notre pays s’est construite sur des conditions-cadres performantes et favorables pour les entreprises. Poursuivre dans cette voie me paraît opportun. Les pistes d’un rebond futur ont pour noms diversification de nos échanges et promotion de la numérisation. Il s’agira notamment d’investir dans le développement durable à travers la technologie, afin que la Suisse devienne leader dans le domaine. Une piste que le Fonds pour le climat prévu par la loi sur le CO2 exploiterait judicieusement, d’ailleurs. Avec son tissu économique innovant et ses Hautes écoles de premier plan, notre pays dispose d’un potentiel prometteur.

Dans une longue interview publiée par «Le Temps» samedi dernier, Gerhard Schwarz, président du laboratoire d’idées Progress Foundation, ne dit pas autre chose. Il est d’avis que la Suisse conserve d’excellentes perspectives malgré la pandémie. Pour lui, nos particularismes politiques ne sont pas des obstacles à sa prospérité, mais l’une des meilleures raisons. C’est la thèse qu’il défend dans son ouvrage «Die Schweiz hat Zukunft». «La Suisse est un modèle qui ne fonctionne pas uniquement par beau temps», écrit-il. Plus loin, il affirme que «la Suisse n’est pas en déclin. Elle n’est pas entièrement conservatrice. Elle avance et se réforme par petites touches. Le modèle suisse est promis à un bel avenir. Aucun autre pays n’accueille autant de multinationales, relativement à sa population.» Il est vrai que si la diversité de notre tissu économique est un atout majeur, les entreprises internationales sont l’un des piliers de notre réussite, ce que l’on l’oublie trop souvent.

Pour l’auteur, enfin, les conditions-cadres restent un formidable atout à conserver et entretenir.» On ne saurait mieux dire.

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Une législation bénéfique au climat et à l’économie

La loi sur le CO2, soumise au vote en juin prochain, constitue un bon compromis pour faire face aux défis environnementaux. Entre encouragements et mesures incitatives, elle permet d’investir dans l’innovation, de maintenir et de créer des emplois dans notre pays.

Les glaciers fondent, les laves torrentielles se multiplient et les records de chaleur sont battus chaque été. Devant cette urgence climatique que personne ne peut nier, c’est le moment de passer à l’action. La loi sur le CO2, sur laquelle les citoyens se prononceront le 13 juin, constitue un bon moyen de s’y mettre. Elle vise à libérer graduellement notre pays de sa dépendance aux énergies fossiles – qui nous coûtent chaque année huit milliards en importations – tout en favorisant les investissements dans l’innovation. Soutenu par le Conseil fédéral et le Parlement, ce texte crée des conditions-cadres favorables, car elle se base sur des objectifs à atteindre et laisse aux entreprises une grande marge de manœuvre et de liberté de décision pour y parvenir. Pour le monde de l’économie, il s’agit d’une opportunité à saisir. C’est pourquoi de la CVCI la soutient.

Les entreprises qui investissent dans des mesures climatiques sont gagnantes. Le libre accès de celles-ci au système des conventions d’objectifs est un point positif de cette nouvelle législation. Elle leur permet, de la PME à la grande société, de s’affranchir de la taxe sur le CO2 et d’augmenter encore significativement leur contribution à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’opération est aussi positive pour les propriétaires qui réduisent leur consommation de mazout ou qui optent pour un chauffage au bois ou à l’énergie solaire.

Bon pour l’innovation

Surtout, cette loi prévoit la création du Fonds pour le climat dans le but d’encourager les mesures en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. Ce Fonds permettra notamment de financer la recherche dans de nouvelles technologies. Pour les entreprises suisses, ce sera un moyen de mettre sur le marché plus rapidement des technologies novatrices respectueuses du climat. On peut raisonnablement tabler sur des investissements massifs dans la recherche, l’innovation et le développement. Par son savoir-faire, notre pays peut profiter de ce trend pour se profiler comme un haut lieu de progrès énergétique. Le pôle d’innovation suisse créera ainsi de nouveaux emplois et s’assurera d’importants marchés d’avenir.

Même si elle ne correspond pas complètement aux attentes de l’économie – on l’a vu avec la demande de référendum de certains milieux -, cette loi s’avère nécessaire. Refuser ce texte impliquerait un retour en arrière de plusieurs années. La loi actuelle resterait certes en vigueur, mais les mesures temporaires telles que les conventions d’objectifs avec remboursement de la taxe sur le CO2 disparaîtraient. En cas de rejet, la Confédération devrait élaborer une nouvelle loi et perdrait ainsi un temps précieux pour atteindre les objectifs climatiques fixés pour 2030, via l’Accord de Paris, et pour 2050.

Pour pouvoir atteindre l’ambitieux objectif zéro émission nette à moyen terme et de manière durable, des efforts sont nécessaires de la part de tous les acteurs en présence. Le monde de l’économie représente une partie non négligeable de la solution au défi climatique. La plupart des entreprises sont prêtes à aller de l’avant et cette loi peut y contribuer. Le train vers un environnement moins pollué est en marche, et il paraît absurde de le freiner en s’opposant aux modifications législatives proposées. C’est pourquoi la loi sur le CO2 doit être adoptée par le plus grand nombre le 13 juin prochain.

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Des opportunités pour l’industrie d’exportation

L’accord de libre-échange avec l’Indonésie offrirait de nouvelles perspectives à notre économie. Les PME, en particulier, pourraient profiter de simplifications administratives bienvenues pour accéder à ce vaste marché prometteur.

La votation fédérale du 7 mars prochain sur le partenariat économique de large portée entre les États de l’AELE et l’Indonésie s’est cristallisée, si j’ose dire, sur l’huile de palme. Or, ce volet, dont les standards écologiques et sociaux sont bien réglés, ne constitue qu’une goutte d’eau dans l’accord, la Suisse n’important que 0,0001% de l’huile de palme totale exportée par l’Indonésie. L’essentiel est donc ailleurs.

Ce partenariat constitue une réelle opportunité pour notre industrie d’exportation. Il améliorerait notamment l’accès aux marchés et la sécurité juridique pour le commerce des marchandises et des services. Ainsi, 78% des exportations suisses vers l’Indonésie bénéficieraient de la franchise douanière dès l’entrée en vigueur du texte, et le taux grimperait à 98% au bout de douze ans. L’accord comprend également des dispositions sur les investissements, la protection de la propriété intellectuelle, la réduction des obstacles non tarifaires au commerce, y compris les mesures sanitaires et phytosanitaires, la concurrence, la facilitation des échanges, le commerce et le développement durable et la coopération économique.

Des débouchés pour les PME

Les grandes entreprises ne seraient pas les seules à profiter de cet accord. Les PME, elles aussi, bénéficieraient de nouvelles opportunités. Elles disposent généralement de ressources plus limitées pour surmonter les barrières commerciales ou pour produire leurs biens sur place. C’est pourquoi les simplifications administratives dans le commerce international leur sont particulièrement utiles. On peut faire confiance à nos PME innovantes pour trouver des débouchés dans un si grand marché, qui représente plus de 260 millions d’habitants.

Aujourd’hui, les exportations suisses de marchandises vers l’Indonésie se composent principalement de produits de l’industrie chimique et pharmaceutique (40%), de machines, d’appareils et d’électronique (36%), d’instruments de précision, de montres et de bijoux (8%) et de métaux (6%). Au total, la valeur de ces exportations atteignait en 2019 près de 490 millions de francs suisses. Environ 150 entreprises suisses sont actuellement présentes en Indonésie et y emploient environ 50’000 personnes.

Des réformes économiques profondes ont été lancées dans ce vaste pays pour soutenir le développement économique, augmenter le pouvoir d’achat des Indonésiens et favoriser les investissements étrangers. Les besoins sont grands dans le domaine des infrastructures, des énergies renouvelables, du système éducatif ou de la réduction de la bureaucratie, soit autant de domaines dans lesquels les sociétés suisses peuvent apporter une contribution et une expertise précieuses. Par ailleurs, cet accord assurerait à nos entreprises, grandes et petites, de substantiels avantages par rapport à leurs concurrentes de l’UE et des Etats-Unis, qui ne disposent toujours pas d’accord économique avec ce partenaire.

Toutes ces raisons conduisent à glisser un grand oui dans les urnes le 7 mars prochain.

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Le libre-échange prend encore plus de sens en temps de crise

La conclusion d’un partenariat économique avec l’Indonésie figure au menu des votations fédérales de mars prochain. Cet accord constitue à la fois une bouffée d’oxygène pour nos entreprises et un pas dans la bonne direction pour un commerce plus durable.

Une accolade entre un ours brun et un tigre: l’image choisie par les partisans de l’accord de libre-échange entre l’AELE, dont la Suisse fait partie, et l’Indonésie illustre bien l’esprit de ce partenariat économique sur lequel le peuple s’exprimera le 7 mars prochain. Signé à Jakarta en décembre 2018 et approuvé par les Chambres fédérales dans la foulée, il constitue une bouffée d’oxygène bienvenue pour les économies des pays concernés. Ce géant du Sud-Est asiatique représente un marché prometteur dans lequel nos entreprises pourront proposer leurs produits dans un contexte douanier allégé. Selon l’administration fédérale, l’industrie des machines pourrait économiser environ 25 millions de francs par an. En pleine période de crise, c’est loin d’être négligeable.

Ces perspectives réjouissantes ont été – provisoirement – remises à plus tard en raison d’un référendum lancé par les milieux écologistes et quelques ONG au motif que la culture de l’huile de palme cause une déforestation massive et met en danger certaines espèces animales. Et concurrence, au surplus, de manière déloyale notre production d’oléagineux, comme le colza et le tournesol. Notre pays a pris en compte ces reproches en négociant un volet novateur sur le développement durable, qui implique des engagements contraignants permettant de protéger les plantations et forêts indonésiennes, ainsi que ceux qui y travaillent. Autant d’engagements que l’Indonésie n’avait pris jusqu’ici avec aucun autre partenaire commercial.

L’accord comprend en outre des dispositions sur les investissements, la protection de la propriété intellectuelle, la réduction des obstacles non tarifaires au commerce, y compris les mesures sanitaires et phytosanitaires, la concurrence, la facilitation des échanges, le commerce et le développement durable, et la coopération économique. Ce partenariat confère en outre un précieux avantage à notre industrie d’exportation sur la concurrence européenne, qui n’a pas encore conclu un tel accord.

Notre pays a par ailleurs pris soin de ménager la production indigène d’oléagineux. L’Indonésie bénéficiera ainsi de contingents partiels avec des rabais de 20 à 40%. Un mécanisme de sauvegarde est également prévu au cas où les importations indonésiennes devaient malgré tout mettre le marché sous pression.

Potentiel de croissance important

La Suisse a mis en place les garde-fous nécessaires qui garantissent l’aspect durable de ce partenariat inédit. Dans ce contexte, le peuple peut adopter cet accord sans crainte, d’autant que l’Indonésie, avec plus de 260 millions d’habitants, offre des perspectives très intéressantes à notre industrie d’exportation. Le volume des échanges commerciaux entre la Suisse et cet immense pays, qui atteint aujourd’hui quelque 1,4 milliard de francs, présente un important potentiel de croissance.

Cet accord confirme enfin l’importance du libre-échange, a fortiori à une époque où le protectionnisme resurgit de manière inquiétante aux quatre coins de la planète. L’ouverture vers de nouveaux marchés est l’un des facteurs indispensables pour relancer notre économie durement touchée par les effets de la crise sanitaire. Dire oui à l’Accord de partenariat économique entre les Etats de l’AELE et l’Indonésie relève ainsi de l’évidence.

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