Si la récente affaire de Volkswagen est venue défrayer les chroniques et entacher l’image de l’Allemagne, bien qu’il s’agisse d’un scandale concernant une entreprise privée, Berlin fait preuve par ailleurs d’un courage et d’une honnêteté largement moins médiatisés. Une rectitude que de nombreux pays pourraient prendre en exemple.
Sans évoquer plus avant la politique menée à l’égard de la crise des migrants et les efforts spectaculaires de la république fédérale, il faut noter le rappel du gouvernement Merkel concernant la responsabilité de l’Holocauste portée par l’Allemagne, après les déclarations maladroites du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, le 20 octobre dernier, qui laissait entendre que l’extermination des Juifs avait été suggérée à Hitler par le mufti de Jérusalem. Et, fait historique, le même gouvernement reconnaissait le 10 juillet de cette année le génocide des peuples herero et namas en Namibie, perpétré par les troupes du général allemand Lothar Von Trotha entre 1904 et 1905.
Une expédition militaire méconnue qu’il faut rappeler pour mieux apprécier la prise de position allemande[1].
L’Allemagne avait en effet reçu le protectorat d’un territoire s’étendant largement sur l’actuelle Namibie, entre le fleuve Cunene et le fleuve Orange, lors de la Conférence de Berlin de 1884 qui partageait l’Afrique entre les puissances occidentales. La première invasion allait intervenir l’année suivante. Digne d’un film de Werner Herzog, le représentant du Reich, Heinrich Göring, père du sinistre Reichsmarschall Hermann Göring, venait revendiquer les terres à la tête de … deux assistants. Le conquistador de Rhénanie allait passer les premières années à passer des accords avec les ethnies locales, réussissant à s’inféoder les Héréros.
En raison de guerres tribales, l’Allemagne allait dépêcher en 1889 un contingent militaire dans le Sud-Ouest Africain fort de vingt et un soldats. Dépassés par les conflits régionaux entraînant la mort de près de 200 colons allemands, l’autorité locale allait demander en 1904 l’aide de Berlin, qui ne tarda pas à envoyer Lothar Von Trotha à la tête d’un corps expéditionnaire. Doté d’un caractère violent, réputé pour sa discipline prussienne sans merci et la répression brutale qu’il avait exercé lors de la révolte des Boxers en 1900, le commandant en chef des forces armées allemandes en Afrique allait procéder à l’extermination systématique des populations locales, anéantissant près de 80% de la population herero. Prenant exemple sur les Britanniques qui avaient construit des camps de concentration en Afrique du Sud quelques années auparavant pour les Boers, Lothar Von Trotha allait faire enfermer les survivants dans des conditions effroyables. Ces exactions, qui intervenaient cinq ans après la Conférence sur la paix de La Haye, allaient scandaliser l’opinion publique allemande, obligeant Guillaume II à démettre de son commandement l’officier douteux le 19 novembre 1905.
L’Angleterre, à la sortie de la Première Guerre mondiale, allait rédiger en 1918 un rapport à charge, consignant les détails de la campagne de Von Trotha dans le « Report on the Natives of South-West Africa and their Treatment by Germany » intitulé The Blue Book. Un dossier constitué de photos et de témoignages permettant de démontrer la politique d’extermination menée sous le régime du Kaiser dans le Sud-Ouest Africain. Ce rapport qui intervenait à un moment crucial, et qui n’était pas sans rappeler les excès commis en Belgique par les armées allemandes lors de son invasion en 1914, confortait les mesures prises par les alliés dans le Traité de Versailles, et légitimait la confiscation des territoires du sud-ouest africain allemand.
À quand la reconnaissance de l’Angleterre de ses exactions coloniales, compilées dans le White Book allemand de 1926, et plus particulièrement de sa responsabilité du massacre qu’elle a commis sur les Béothuks de Terre-Neuve ? Il est vrai que faire accepter cette culpabilité sera plus difficile puisque la répression anglaise fut à ce point brutale que cette ethnie devait s’éteindre définitivement en 1829 ! Et à quand la reconnaissance du génocide arménien par la Turquie, laquelle a préféré cette année déplacer la date de commémoration de la bataille de Gallipoli (25 avril 1915 – 9 janvier 1916) au 24 avril 2015, date événement rappelant le centenaire du massacre des Arméniens ?
[1] Horst Drechsler, Le Sud-Ouest africain sous la domination coloniale allemande : la lutte des Hereros et des Namas contre l'impérialisme allemand, 1884-1915, Akademie-Verlag, Berlin RDA, 1986.
Au cours de la Deuxième Guerre mondiale, un grand nombre de ressortissants non allemands, relevant en quelque sorte d’une Internationale nazie, rejoignirent les rangs des armées du Reich. Des Anglais, prisonniers de guerre, allaient ainsi former le Corps SS des volontaires britanniques. 29 amateurs d’Hitler au total dont le leader, un certain John Amery, allait être exécuté pour trahison à la fin de la guerre ! Des Espagnols, plus nombreux, puisqu’ils allaient former la Division Azul (Spanische Freiwilligendivision), et se battre sur le front de l’Est. Des Français également, incorporés dans le 33rd SS nommé Division Charlemagne. Des Hollandais, des Norvégiens, des Danois, des Belges Wallons, des Croates, etc. recrutés à force de propagande.
Sans remonter au temps du service étranger, on pourrait également évoquer ces Suisses qui s’étaient enrôlés dans les armées des pays belligérants lors de la Première Guerre mondiale, en France et en Allemagne notamment. Ils furent au cours de ce conflit suffisamment nombreux pour que la Confédération songe en 1915 à prendre des dispositions législatives afin d’empêcher sa jeunesse résidant à l’étranger de servir dans les armées des pays d’accueil. Mais ce n’allait être qu’en 1927 que le code pénal militaire suisse devait interdire le