Leadership, agilité, bonheur au travail… Bullshit!

Le 25 avril 2023 sort aux Editions Vuibert l’ouvrage que j’ai écrit tout au long de l’année 2022. Avant que les lecteurs ne s’en emparent, il est encore temps de revenir sur sa gestation et sur son propos.

Si vous suivez ces “Chroniques managériales”, le propos du livre ne devrait pas vous surprendre. Avec un ton humoristique, caustique et parfois polémique, je dissèque une dizaine d’idées, d’approches, de figures du management contemporain, dont nombre d’entre-elles ont été discutés sur ces pages du blog du Temps.

Leadership, organisations libérées, agilité, résilience, change management, design thinking, bonheur au travail, bienveillance, mindsets, développement personnel. Voilà les dix figures du bullshit managérial qui sont passées à la moulinette d’une critique reposant autant sur une lecture attentive des références pertinentes en sociologie, en science de gestion ou en philosophie que sur une pratique personnelle du management.

Tout a commencé lorsque l’on m’a demandé de donner une journée de cours sur l’innovation publique à la Haute école de gestion de Genève dans le cadre d’une formation pour des managers publics. Cette journée s’est transformée en cinq jours, avant que l’on me confie également un module complet consacré aux théories de la décision au sein d’un master en prospective.

Après avoir quitté le secteur académique et la littérature managériale pendant une quinzaine d’années, il me fallait me mettre à la page. J’ai alors interrogé des connaissances sur ce qu’il fallait absolument lire en management. Les conseils ont afflué. Parmi les références incontournables deux sont ressorties en tête :

  • “Theory U” de O. Scharmer
  • “Reinventing Organizations” de F. Laloux

Je me suis exécuté et j’ai lu en priorité ces deux livres.

Quelles purges !

Au fur et à mesure de leur lecture je ne cessais de me dire : “c’est une plaisanterie”, “c’est affligeant de nullité”, “comment peut-on écrire autant de c…?” Et puis, j’ai poursuivi en dévorant dans un même mouvement les S. Sinek et autres S. Covey. Même vertige : c’est nul, archi-nul !

Est alors née une interrogation : comment a-t-on pu en arriver à ce que la littérature managériale soit devenue ce puit sans fond de fadaises, ce fatras conceptuel, cette collection d’affirmations gratuites sans aucun appui empirique sérieux? Comment a-t-on pu oublier, effacer ce que la discipline a pu écrire de plus interessant durant les décennies précédentes?

Je me suis alors lancé dans l’aventure de ce blog avec pour objectif de rendre compte de cette dérive, de cet appauvrissement du management. Son succès relatif a attiré l’attention de quelques lecteurs sur LinkedIn. A tel point que l’un d’entre eux, éditeur, m’a contacté pour me proposer de faire un livre sur ce bullshit managérial. Dix-huit mois plus tard, voici ce livre. Conclusion d’une réflexion ou première étape d’un ouvrage plus large ? Qui sait ?

J’espère que celui-ci saura vous convaincre, ou à défaut stimuler la discussion. Je me réjouis de vos remarques. Pour ma part, je continuerai à explorer la jungle du bullshit.


L’ouvrage est illustré par Luc Tesson.

Les premières pages de l’ouvrage sont consultables (avant-propos et introduction) ici.

Il sera en librairie en France dès le 25 avril 2023. Quelques jours plus tard en Suisse.

On peut le commander également sur Payot.ch, Fnac.ch, Fnac.com ou Amazon.fr

Christophe Genoud

Après avoir été chercheur, Christophe Genoud est aujourd’hui, manager public, administrateur, consultant en management et organisation et formateur. Avec ce blog, il propose de mener une réflexion sur l’art de conduire des équipes, de décider et d’innover.

5 réponses à “Leadership, agilité, bonheur au travail… Bullshit!

  1. Bonsoir,

    La parution de votre livre semble bienvenue. Merci !

    “soit devenue ce puit sans fond de fadaises, ce fatras conceptuel, cette collection d’affirmations gratuites sans aucun appui empirique sérieux?”….. dites-vous…

    Une autosatisfaction et un sentiment de toute puissance ( ” nous sommes de la race qui emploie et qui licencie”, pour le faire court) ne seraient-ils pas une partie de la réponse ?

    Surtout si la mode est à encenser ces profils et à leur faire croire qu’ils sont détenteurs de toutes les solutions, dans tous les compartiments ( entreprise, politique, diplomatie….)…

    Vous remerciant,
    Un futur lecteur de votre livre.

  2. En plein dans le mil ! Et le pire dans tout cela sont les RH qui non seulement arrivent avec des concepts totalement ahurissants sans même connaitre l’activité effective des salariés, mais dans le même temps traite ces derniers comme des poins que l’on jette dès qu’il arrivent vers la soixantaine tout en prônant une entreprise égalitaire, sans discrimination aucune etc… Bullshit comme vous dites…
    J’aimerai bien vous lire sur les RH et en particulier sur la manière dont des personnes ne connaissant strictement rien aux postes font le tri de CVs ! Effarant quand on voit comment les candidatures sont traitées… ou pas 😉

  3. Tout à fait d’accord. Les RH sont souvent catastrophiques et déconnectés de la réalité, se contentant de faire de l’administration, de recruter et de licencier de manière discriminatoire sans se préoccuper de fondements et de responsabilités. Accessoirement ils cherchent à escamoter ce manque d’humanité et d’attention aux vrais besoins des gens par un emplâtre de théories optimistes, d’autosatisfaction et une illusion de bienveillance de la part de l’entreprise.

    Par contre, un tel comportement doit correspondre à ce que le management attend des RH, c’est à dire essentiellement de défendre ses intérêts, sans souhaiter plus d’implication de leur part dans le fonctionnement de la société ou de remise en question du leadership et de la culture d’entreprise. Cela conduit à une médiocrité du personnel RH, qui sont asservi à ce mode de fonctionnement sous peine de perdre leur emploi – d’où les problèmes qu’ils ont à eux-mêmes à recruter des gens compétents car le changement et le progrès ne sont pas à l’ordre du jour. Un « bon » RH se devrait d’être un manipulateur exécutant sans états d’âme la volonté du management.

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