Si vous vous énervez que l’Aire renaturée représente la Suisse pour le prix du paysage du Conseil de l’Europe, alors que dans le même temps, le canton de Genève déconseille fortement aux enfants d’y plonger les pieds en raison des bactéries fécales, des métaux lourds et des pesticides qu’on y trouve, cela signifie que vous vous intéressez à l’eau des rivières, et c’est une bonne nouvelle !
Si vous vous réjouissez que les pêcheurs remplissent leurs obligations envers la loi sur la protection des animaux, mais que vous vous étranglez à chaque vidange du barrage de Verbois parce que les Services Industriels de Genève, à large échelle cette fois, et sous la bienveillance du Conseil d’Etat, sont à mille lieues d’y parvenir, attention, vous n’êtes pas loin d’acheter une canne à pêche.
Si vous attendiez depuis longtemps un débat sur les pesticides et la protection des eaux, mais que vous jugez trop facile la position des citadins qui pointent exclusivement du doigt le monde paysan, alors que les eaux de ruissellement de leurs villes sont, elles aussi, largement polluées par les métaux lourds des toitures et les pesticides des revêtements de façades, vous allez bientôt passer au guichet du service de la pêche pour prendre un permis.
Enfin, si vous pensez qu’une des causes principales de la crise de la biodiversité réside dans l’absence de lien affectif et émotionnel avec la nature qui nous est proche, et que vous vous sentez mal à l’aise avec ceux qui veulent nous en éloigner encore plus en la mettant sous cloche, ou à l’abris des humain et de leurs activités, alors vous pourriez prendre ma place à la tête de la Fédération des Société de Pêche Genevoises !
Dans un cas comme dans l’autre, vous vous arrêtez certainement sur les ponts pour voir si il y a des poissons en dessous. Prolongez donc votre regard, et venez à la rencontre des pêcheurs, ce samedi 2 mars dès 11h à l’étang de Richelien, dans le canton de Genève.
Christophe Ebener